Par Sylvain Mathon (*)
En 2008, c’est l’éclipse…
Retour sur terre avec la décélération des cours du baril et la récession qui menace à l’échelle mondiale. Les investisseurs commencent à faire leurs comptes : sachant que l’ensoleillement terrestre en zone tempérée ne dépasse pas les 1 000 kW/m2, et que la déperdition énergétique est inévitable — les meilleurs rendements ne dépassent pas aujourd’hui les 30% –, jusqu’où peut aller le solaire ? Est-il vraiment raisonnable d’espérer décrocher la timbale à court terme ? La faillite de Lehman Brothers, banque de prédilection pour nombre de start-up américaines, a aussi porté un rude coup au secteur.
Le marché sera de masse ou ne sera pas…
Enfin, le credit crunch global, conséquence de la crise des subprime, menace sérieusement son modèle de croissance. Car la clé du succès pour le solaire — notamment photovoltaïque — ce n’est pas seulement l’innovation technologique : ce sont aussi les économies d’échelle qui, seules, peuvent lui permettre d’abaisser ses coûts pour rivaliser avec les énergies traditionnelles.
Si l’énergie fournie gracieusement par notre étoile ne coûte rien, il n’en va pas de même pour l’équipement. Le solaire coûte cher — très cher, même. En production de masse, l’électricité photovoltaïque avoisine aujourd’hui les 35 à 50 cents le kW/h, soit sept à 10 fois plus que le coût de l’électricité au charbon ou au gaz naturel, et trois à quatre fois plus que celui du solaire thermique.
Réduire l’écart ne sera possible qu’à travers une production en masse. Cela suppose des investissements colossaux, à l’heure où les capitaux privés viennent à manquer et où les gouvernements sont surtout préoccupés par la récession économique.
La sanction tombe
Il n’y aura pas de profits faciles dans le solaire ! Les fonds lessivés retirent leurs billes en toute hâte et en l’espace de quatre mois seulement (août-novembre 2008), un indice comme le SOLEX perd plus de la moitié de sa valeur.
Vers l’éclaircie ?
Aujourd’hui, le secteur a rejoint ses bottoms de 2005. Est-ce la fin de la purge, ou bien la descente aux enfers n’en est-elle qu’à ses débuts ?
Au plan technique, pour être franc, les perspectives ne sont toujours pas rassurantes. Il reste du potentiel de correction. Mais ce n’est pas pour cela qu’il ne faut pas nous y intéresser.
Il est fort possible, en effet, que la réaction des investisseurs ait été exagérée : pour la première fois depuis plusieurs années, des opportunités réelles commencent à se dessiner pour le solaire — à condition de viser le long terme.
Le solaire : composante indispensable du mix énergétique
C’est entendu, le jackpot solaire n’est pas pour demain ; pourtant la technologie est bien là. Elle a accompli, en 30 ans, des avancées considérables ; enfin, elle demeure une composante indispensable, et prometteuse, du mix énergétique.
Il n’existe pas de panacée en matière d’énergie. Pétrole, charbon, nucléaire ou renouvelable, les gouvernements sont obligés de faire "feu de tout bois" pour préserver, autant que faire se peut, leur indépendance énergétique. Or le solaire, dans cette équation, n’est pas à négliger.
Le solaire n’en est encore qu’à ses débuts…
Et les spécialistes sont très loin de l’avoir enterré. La feuille de route japonaise pour le développement du photovoltaïque anticipe de diviser les coûts de production par 2,5 à l’horizon 2030.
Et selon les dernières projections de l’AIE (décembre 2008), la part du solaire devrait quadrupler d’ici là dans la production mondiale d’énergie…
[NDLR : Sylvain est là pour vous aider à profiter de ce potentiel spectaculaire — pour découvrir ses recommandations sur le solaire sans plus attendre, continuez votre lecture…]
Meilleures salutations,
Sylvain Mathon,
Pour la Chronique Agora
(*) Globe-trotter invétéré et analyste averti, Sylvain Mathon est un peu "notre" Jim Rogers… Après avoir travaillé durant dix ans au service de grandes salles de marché, il met depuis février 2007 toute son expertise en matière de finances et de matières premières au service des investisseurs individuels dans le cadre de Matières à Profits, une lettre consacrée exclusivement aux ressources naturelles… et à tous les moyens d’en profiter. Il intervient régulièrement dans L’Edito Matières Premières & Devises.