Les sottises n’ont fait que croître et embellir, ces 20 dernières années – et aujourd’hui, elles menacent de nous engloutir.
Oui, il est temps de tourner casaque et de s’enfuir. Nous sommes en infériorité numérique. Nos munitions s’épuisent. Nos ennemis sont plus futés.
Nous écrivons ces chroniques depuis le début du XXIème siècle… et même un peu plus.
Nous ne livrons pas bataille contre les conservateurs ou les progressistes… les démocrates ou les républicains… les keynésiens ou les monétaristes… les partisans de l’école de Chicago ou autrichienne.
Non, nous luttons contre les sottises, qu’elles soient revêtues d’un élégant costume italien ou d’une salopette crasseuse… qu’elles viennent d’un Prix Nobel d’économie ou du braillard du coin…
… D’un clown dans la rue ou d’un clown à la Maison Blanche…
… Et nous sommes en train de perdre.
Depuis que nous avons commencé à écrire, les sottises ont constamment augmenté, grandissant en puissance et en popularité chaque année. Nous les voyons partout, mais nous limitons nos analyses à l’économie et à la finance, où il y a bien assez d’idioties pour nous occuper.
Non que nous connaissions la vérité ou que nous ayons une meilleure idée que le premier venu de ce qui va arriver.
Pas plus que nous n’avons de plan… ou de -isme… (ou d’espoir) pour rendre le monde meilleur. Le mieux que nous puissions faire, c’est de rechercher les fraudes, les escroqueries et les bêtises – et d’en rire.
Il semble à présent que nous ayons atteint une sorte de summum… un nec plus ultra… de la sottise.
La fin du « au cas où »
Pendant des milliers d’années, les êtres humains ont survécu en suivant des règles… des principes… et des coutumes. Ils ne pouvaient pas savoir avec certitude ce qui allait se produire (ils ne pouvaient pas plus prédire l’avenir que nous).
Il était possible que l’hiver soit si doux qu’il apporterait une glorieuse récolte de fruits et de légumes. Mais nos ancêtres s’en tenaient au programme initial, faisant sécher de la viande et stockant des noix – au cas où.
Aujourd’hui, c’est la nouvelle mode : on a jeté « au cas où » par la fenêtre. Pas besoin de principes éprouvés et démodés ; pas besoin de suivre les règles d’antan ; pas besoin de prudence ou de modération. Et pas besoin de stocker de noix !
Aujourd’hui, on peut faire tout ce qu’on veut… et voir ce qu’il se passe ensuite.
Des générations de politiciens pensaient qu’il était impossible de dépenser plus que ce qu’ils pouvaient lever par les impôts ou par d’honnêtes emprunts. Les pauvres idiots. Désormais, nous savons : on peut simplement dépenser, dépenser, dépenser… jusqu’à ce qu’il arrive une catastrophe.
Récapitulons un peu…
Nous avons commencé à écrire à la fin des années 1990. A l’époque, nous nous moquions de la bulle des dot.com. Les gens pensaient pouvoir s’enrichir parce qu’ils avaient soudain d’énormes quantités d’information à leur disposition.
Mais imaginez si Jules César avait eu un iPhone, ou si le général Custer avait eu la série complète de l’Encyclopaedia Britannica ? La bonne information au bon moment est essentielle. Plus que cela n’est qu’une distraction et un fardeau.
Nous étions d’avis qu’internet se révélerait être un simple moyen de gâcher du temps, comme la télévision. Pour l’instant, il semble que nous avions raison. Le taux de croissance du PIB US est inférieur aujourd’hui à ce qu’il était lorsque les gens utilisaient encore les services postaux.
Passons à la sottise suivante
Celle-ci était belliqueuse : la Guerre contre la terreur et l’invasion de l’Irak. Attaquer des pays étrangers est rarement une bonne idée ; celle-ci ne fit pas exception.
Tout ce qu’elle a engendré, c’est 5 000 Mds$ de dette supplémentaires… 35 000 victimes américaines… 600 000 morts environ parmi les Irakiens… et plus de terroristes que jamais.
Puis est venue la bulle des prêts hypothécaires… qui nous a offert quelques bons éclats de rire (les gens pensaient pouvoir « retirer de la valeur » de leur maison, dépenser l’argent… et avoir toujours la même maison)… suivie, inévitablement, de la crise de 2008-2009.
Le problème, en 2008, était que les gens avaient emprunté trop d’argent. Qu’ont fait alors les génies de la Fed ? Ils ont paniqué et leur en ont prêté plus encore !
Dès le départ, la « relance » n’était que sottises. Si l’on pouvait enrichir les gens en imprimant de l’argent, le Zimbabwe et le Venezuela seraient les pays les plus riches au monde. En réalité, ce sont plutôt des trous à rats.
A présent, nous voyons ce que la relance a fait pour les Etats-Unis : 3 600 Mds$ d’assouplissement quantitatif (QE) de la part de la Fed… des taux d’intérêt réels à zéro pendant 10 ans… et 11 000 Mds$ de relance budgétaire… ont produit la reprise américaine la plus faible jamais enregistrée.
L’économie est si fragile que lorsque la Fed a timidement commencé à mettre en place une politique plus normale… mettant les taux directeurs au-dessus du taux d’inflation pour la première fois en 10 ans… les marchés boursiers se sont mis à s’effondrer…
… Ce qui, naturellement, a poussé la Fed à paniquer de nouveau et à renoncer à toute normalisation de quoi que ce soit.
Aujourd’hui… aucune de ces imbécilités n’a été remise en question. Les technos et les « licornes » refont la fête… exactement comme en 1999.
Les va-t-en guerre sont à nouveau à l’oeuvre – ciblant l’Iran pour la prochaine attaque injustifiée… exactement comme en 2003.
La Fed est prête à baisser les taux à nouveau… exactement comme en 2008 (si seulement elle avait des taux à baisser !).
Les républicains et les démocrates sont prêts à dépenser, dépenser, dépenser… exactement comme s’ils n’avaient pas déjà un déficit de 1 000 Mds$…
… Et maintenant – comme si tout cela ne suffisait pas –, tous ces crétins ont trouvé une idée, la Théorie monétaire moderne (TMM), si boiteuse et irresponsable qu’elle efface 5 000 années de douloureuses leçons.
Les autorités contrôlent la monnaie, disent les TMMistes. Par conséquent, tant que rien de fâcheux ne se produit, elles peuvent imprimer et dépenser autant qu’elles le souhaitent. Et dans la mesure où l’inflation est actuellement « tempérée », de nombreux TMMistes affirment que les autorités ne dépensent pas assez !
Il est facile de voir pourquoi ces sottises sont aussi populaires dans le monde politique – quel que soit le parti. Certes, on peut imprimer, imprimer, imprimer… et dépenser, dépenser, dépenser… jusqu’à ce que les choses tournent mal.
Mais tôt ou tard, on en vient à souhaiter ne pas l’avoir fait.
1 commentaire
Actuellement les trous à rats me semblent bien plus proches de Washington que du Zimbabwe ou du Venezuela. Beaucoup de trous financiers et une masse de rats.