▪ Nous le disons souvent : toutes les opinions sont disponibles. Tous les faits aussi. Cette semaine, notre ami l’économiste Pierre Lemieux a remis nos chiffres en question :
"Vous écrivez qu’en termes réels, l’homme moyen en âge de travailler aux Etats-Unis gagne moins aujourd’hui qu’en 1975. Où avez-vous eu ces chiffres ?
Même les données remarquablement peu fiables du Census Bureau sur le revenu familial médian ne sont pas aussi sombres. […]
Toutes les données que je connais montrent qu’aux Etats-Unis, les revenus réels ont augmenté au cours des 40 dernières années. Je suis certain qu’il en est de même en Europe. Certains prix ont augmenté — comme l’immobilier — par rapport à d’autres, et il est certainement plus difficile d’acheter une maison maintenant qu’à l’époque. La plupart des autres choses sont plus abordables, y compris pour le travailleur moyen. Il suffit d’observer autour de soi : regardez les voitures, les télévisions, les bateaux, les voyages, les appareils ménagers, les restaurants (sans parler des ordinateurs)… Regardez les voitures de leurs enfants, leurs iPhones, leurs chaussures, etc. En fait, regardez leurs chaussures de marches avec Thinsulate et Gore-Tex" !"
Nous ne faisons guère confiance aux chiffres ou aux statistiques. Sauf dans le monde des sciences, où ils signifient des choses précises, ce sont en majeure partie des mensonges et des malentendus. Nombre d’entre eux sont faux. D’autres sont de pures inventions. Nous ne leur faisons pas confiance — surtout quand il s’agit de l’un de nos propres chiffres.
On pourrait penser qu’il serait relativement simple de décider si les revenus ont grimpé — mais ce n’est pas le cas. On peut commencer avec les données brutes. Ensuite, il faut faire le calcul de l’inflation… et c’est là que les ennuis commencent. Combien vaut aujourd’hui un dollar de 1975 ?
"Le revenu réel [pour les hommes] était plus élevé en 1967" |
Nous ne voulons pas induire nos lecteurs avec des statistiques erronées, si bien que nous avons mis notre équipe de recherches au travail.
"Les données sont de notre côté", dit Nick Rokke. "Le revenu réel [pour les hommes] était plus élevé en 1967".
Les données du Census Bureau mettent en effet les revenus d’un Américain, en dollars de 2012, à 37 000 $ en 1967. Aujourd’hui, ils approchent des 34 000 $.
Nous avons également vu qu’une baisse des revenus avait été rapportée comme un "fait" dans le New York Times le 22 octobre 2012 :
"[…] le revenu réel de l’homme [américain] médian a en fait décliné de 19% depuis 1970. Cela signifie que l’homme médian gagnait autant en 2010 que l’homme médian en 1964 — il y a près d’un demi-siècle. Les hommes ayant fait moins d’études sont confrontés à un tableau encore plus morose ; les revenus de l’homme médian ayant [l’équivalent du baccalauréat] et aucun autre diplôme ont chuté de 41% entre 1970 et 2010".
▪ Attendez. Ce n’est pas si simple…
Pierre nous est revenu avec ceci :
"Ces données semblent (un peu) plus censées pour les hommes. Mais, comme je le pensais, les chiffres viennent de données peu fiables du Census Bureau.
Le Census Bureau les obtient de son recensement de population, qui revient en gros à demander aux gens combien ils gagnent. […] Notez aussi que les données du recensement n’incluent pas les avantages en nature (comme les bons alimentaires, avantages aux salariés etc.)".
C’est vrai. Ajoutez les t-shirts gratuits offerts par le CE et les allocations de l’Etat-Providence, et on semble avoir un homme qui s’en tire mieux. Mais sans doute pas beaucoup mieux.
Si l’on prend les chiffres bruts, le travailleur moyen gagnait 8 853 $ (en dollars 2014) en 1975. A présent, il gagne 36 302 $. Ford a mis son F-150 sur le marché en 1975. Nous n’avons pas trouvé de chiffre exact, mais il semblait être vendu 5 000 $ environ. Aujourd’hui, un F-150 SuperCab se vend environ 28 000 $. Une maison moyenne valait environ 39 000 $ en 1975. Aujourd’hui, elle est à 364 100 $. En termes très bruts, si un homme voulait acheter une maison et une voiture en 1975, il devait travailler cinq ans et un jour pour se les payer. S’il veut une maison et une voiture aujourd’hui, il doit travailler plus de 10 ans.
Oh là… On dirait que son revenu réel a été divisé par deux.
Nous ne devrions même pas nous poser la question. Il devrait être évident que nous nous en sortons tous bien mieux aujourd’hui qu’il y a un demi-siècle |
Bien entendu, ce n’est jamais aussi simple. De nos jours, on obtient plus de qualité, de surface etc. pour son argent. Ce qu’il y a de remarquable, toutefois, c’est que nous devions faire le calcul. Nous ne devrions même pas nous poser la question. Il devrait être évident que nous nous en sortons tous bien mieux aujourd’hui qu’il y a un demi-siècle.
Ce devrait être la période de l’histoire la plus propice aux progrès financiers. Jamais encore il n’y a eu tant d’inventeurs et d’entrepreneurs. Jamais encore il n’y a eu tant de gens fabriquant des choses… et tant de consommateurs avec de l’argent en poche pour les acheter. Et jamais encore il n’y a eu tant de législateurs de bonnes volonté, d’économistes diplômés, de chercheurs curieux, de politiciens diligents et de bonnes âmes désintéressées… des millions de gens faisant tous de leur mieux pour nous rendre plus heureux, plus riches et en meilleure santé !
On dirait que quelque chose a mal tourné.
8 commentaires
Les pays Européens et les Etats unis ont pris la facheuse habitude de dépenser plus que ce qu’ils ne gagnent, et à terme celà finit mal. L’Europe ne fait plus confiance à la France quand à sa capacité à mener des reformes pour réduire le déficit. Depuis des décennies pas un président n’a eu le courage de réformer l’état. Le problème c’est que c’est les cytoyens qui vont payer l’incompétence et la passivité des gouvernements passés et actuel.
Voiture et maison sont 2 paramètres mais quand on ajoute les frais de santé et les frais scolaire aux USA…..ll est évident que la situation est pire aujourd’hui.
@ Vales
Le sujet c’est la baisse des revenus des citoyens et vous parlez des supposées dépenses excessives des états… Mais sont-ce les états qui dépensent trop ou leur rentrée d’argent qui ne progresse plus ? Est-ce qu’il faut moins d’écoles, d’hôpitaux, de police, de juges, de gardiens de prison, d’éducateurs, de douane, de militaires, de contrôleurs sanitaires ou d’impôts… sous le prétexte qu’il y a moins de rentrée d’argent – en proportion… Est-ce que les citoyens des pays qui privatisent tout s’en sortent mieux ? Ces fonctionnaires qui, de fait, perdraient leurs emplois, vous pensez qu’ils deviendraient tous ingénieurs dans une startup ou manœuvres dans une usine imaginaire ? Justement ce n’est pas du tout ce qui ressort : ce n’est bénéfique que pour ceux la minorité qui a les moyens, qui investit. Tous les autres s’appauvrissent, ce qui diminue la consommation donc le nombre des clients potentiels ! Cette minorité argentée a aussi de plus en plus de possibilités pour défiscaliser : vaut-il mieux couper les budgets publics ou les flux de capitaux vers les paradis fiscaux ?
Les prétendues réformes que vous prônez ne sont que de vieilles recettes qui ne peuvent pas fonctionner en récession, de même que diminuer les salaires ne remplit pas les carnets de commande mais assurément réduit la motivation et la productivité – tiens, si on parlait aussi de celle de la France, hein ? Le déclin relatif de l’industrie française est liée à son absence de R&D depuis plus de 10 ans, au contraire des progrès des industries dans les pays émergents : maintenant ils ont non seulement les matières premières mais aussi la matière grise et les bas salaires, ce ne sont pas « vos réformes » qui changeront cela, ce qui n’empêche pas de copier ce qui est clairement positif ailleurs, évidemment.
Il faudrait faire une étude de comparaison de l’énumération distribuer salaire retraite des hauts fonctionnaires BENEFICE moins l4énumération de ces Messieurs des 27 pays ne pas oublier la BCE chez nous certaine personne faisait jusque 5 à 6 mandats Tout en une journée. On pourrait voir ou passe l’argent du QE
Etonnamment, «super Mario» gagne 374124 euros La présidente de la réserve fédérale américaine, Janet Yellen, qui fait pâle figure avec un salaire annuel de 133200 €
Bonsoir Bill,
Je ne sais pas pour les Etats-Unis, mais vos chiffres semblent tenir la route. Il semble bien que c’est la réalité.
En tous cas, je peux vous dire qu’en Europe c’est le même tabac ! ainsi, au tout début des années 1980, j’aurais pu, par exemple, acheter une propriété à Saint-Tropez ou même un bien à Monaco, en me serrant la ceinture…
Maintenant, je suis incomparablement plus à l’aise, financièrement, et pourtant les acquisitions ci-dessus seraient impensables !!!
Cordialement.
Il suffit de voir que dans les années 70 beaucoup de familles pouvait encore vivre avec un seul salaire. Maintenant ce n’est plus le cas.
Et si le prix de certaines choses ont baissé, la qualité aussi. Avant une machine a laver durait 20 ans, maintenant la durée de vie c’est 5 ans. En plus l’inflation est beaucoup plus forte que ne le dise les statistiques officiels et les gens on été anestésié avec l’euro. Par exemple, persone n’est choqué par une boule de glace a 2 euros, soit 13 FF ou 80 FB ???? il y a 30 ans ca coutait meme pas 0.5 euros et a 2 % d’inflation ca devrait en couté 0.9 euros et pas 2
La boule de glace n’est pas égale pour tous les européens, c’est un indice de pouvoir d’achat comme le Big Mac que l’on peut trouver des prix tres divers suivant le niveau de vie local. Cet été en Baviere, région pas vraiment défavorisé du pays leader économique de l’Europe, la boule de glace se vendait environ à 1€ (80 centimes même dans une luxueuse pâtisserie de centre ville). En France visiblement les vendeurs de glace ne sont pas compétitif pour devoir vendre le même produit facilement 2 fois plus cher et se plaindre peut être de la baisse du pouvoir d’achat. On rêverait que l’été prochain, le glacier polonais vienne au secours du chef de famille nombreuse resté en France …
@antigua
Je ne sais pas comment on peut être si candide. Bien sur les déficits creusés depuis des années par des gouvernements incompétents ont créés des situations incontrôlables. Nous avons plus d’élus dans nos chambres (députés et sénateurs) que le congrès américains. Et oui les impôts et les charges sociales excessives liées à de la mauvaise gestion pénalisent les entreprises et la consommation. Si les états avaient mieux gérés les fonds publics ils auraient pu consacrer plus de moyens à la R&D. Tout est lié, et sans aucune réforme la France va à la faillite. Il ne faut pas parler que d’une minorité de grosses fortunes, il faut mettre dans le lot nos élus qui vivent très bien payent très peu d’impôts et ont des avantages énormes par rapport à beaucoup de français et qu’on ne voit pas souvent en plus sur les bancs de l’assemblée Nationale ou du Sénat.