A la très violente correction enregistrée par les marchés actions en mai a succédé une période de très forte volatilité, comme si les investisseurs ne s’étaient pas réellement remis de la claque subie.
Là où, il y a quelques mois encore, ils faisaient preuve d’un optimisme béat, ces derniers sont passés à un pessimisme forcené. Les publications récentes plutôt encourageantes ou conformes aux attentes n’ont pas été en mesure de les rassurer et il apparaît désormais très probable que la baisse et l’incertitude puissent perdurer encore pendant plusieurs mois. Après les craintes sur l’inflation, le contexte géopolitique marqué par une nouvelle guerre ouverte entre Israël et le Liban n’a évidemment pas été de nature à ramener un peu de sérénité sur le marché.
Comme je vous l’ai souvent expliqué, le fonctionnement des marchés est justement fondé sur une grande part d’irrationnel car lié à la perception qu’ont les agents économiques de leur environnement. Et aujourd’hui, il m’apparaît que cette perception est teintée négativement. Cela étant, il est dans la nature des marchés de connaître des cycles de hausses et de baisses ; mais apprécier un changement réel dans le sens d’un cycle demeure très difficile. Car la fonction des corrections est justement de corriger les excès, mais elles peuvent également se confondre avec un point d’inflexion.
Et lorsque les résultats des sociétés sont en haut de cycle, comme en ce moment, il est difficile de dire que le marché est sous-évalué. Les valorisations sont correctes, mais certainement pas bon marché. Néanmoins, dans un contexte de rendements obligataires faibles et de taux d’intérêt à 2,5%, quand vous pouvez trouver des actions qui rapportent 4,5% et présentent un potentiel d’appréciation du capital, il est clair que les actions sont plus attractives que les obligations. Nous avons assisté à une forte correction ces dernières semaines et les valorisations pourraient encore baisser, mais dans l’ensemble il convient de rester serein.
Le secteur des entreprises est très résistant, les bilans sont solides après les restructurations et les réductions de coûts qui ont marqué le début de la décennie. Les sociétés génèrent également beaucoup de cash, les rendements du cash flow disponible restent élevés. Il est possible de trouver de nombreuses sociétés avec une croissance forte et des caractéristiques attractives : il y a une grande variété de valeurs qui affichent un PER peu élevé, de l’ordre de 11x, ce qui pour moi demeure attractif, à condition bien entendu qu’il n’y ait pas de trou d’air sensible et durable dans la croissance mondiale.
Quant à la situation des valeurs moyennes, il me semble que c’est une question d’aversion au risque. Comme vous le savez, les petites capitalisations ont surperformé durant plusieurs années. La tendance est aujourd’hui à des positions longues sur les petites et moyennes capitalisations et à des positions courtes sur les grandes capitalisations. Mais si vous regardez les valorisations sur 10, 20 ou même 30 ans, les investisseurs paient pour les petites capitalisations une prime plus importante qu’auparavant. Cela pourrait ne pas durer : il semblerait en effet plus normal que les petites capitalisations s’échangent avec une décote du fait de leur profil plus risqué.
Cette vision globale ne veut pas dire que les opportunités ne manquent pas sur le segment des petites capitalisations mais, encore une fois, il est fondamental de rechercher une croissance sous-jacente réelle et stable, plutôt qu’une croissance limitée dans le temps et cyclique. Pour rester performant sur les marchés actions dans la période à venir, il faut rechercher des sociétés qui présentent des perspectives de croissance prometteuses à long terme. Dans un contexte de rentabilité extrêmement élevée, les investisseurs doivent faire attention à ne pas se laisser séduire par des résultats artificiellement gonflés, haut de cycle oblige.
Surtout, il est désormais essentiel pour nous, investisseurs, de s’interroger sur la pérennité de la croissance bénéficiaire à long terme.