Comme prévu, la Fed renonce à sa normalisation. Reste maintenant seulement la guerre commerciale avec la Chine pour assombrir les marchés.
Nous avions fait deux prédictions hardies dans La Chronique.
La première : la Fed ne tiendra jamais sa promesse de « normaliser » les taux d’intérêt.
La deuxième : Donald J. Trump ne mettra pas à exécution ses menaces de guerre commerciale contre la Chine.
En ce qui concerne la première, on dirait que les faits pourraient nous donner raison — bien avant que ce que nous avions prévu.
Bloomberg :
« Les actions américaines ont connu leur plus fort rebond en trois mois, le dollar a chuté et les actifs des marchés émergents ont grimpé après qu’un discours apaisant la part du président de la Réserve fédérale est venu nourrir les spéculations que la banque centrale est plus proche qu’on pourrait le penser d’une pause dans ses hausses de taux.
Les valeurs qui avaient le plus chuté durant le creux de six semaines des marchés actions américains ont le plus rebondi après que Jerome Powell a dit que les taux sont ‘juste au-dessous’ du canal correspondant à une politique neutre. A part le marché des bons du Trésor, où les rendements ont baissé de quelques points de base seulement, les autres classes d’actifs ont enregistré des évolutions tout aussi grisantes »…
En 2016, la Fed commettait son Erreur n°1 depuis sept ans, suite à la crise de 2008. En d’autres termes, elle maintenait les taux d’intérêt trop bas pendant trop longtemps. Résultat, le niveau de dette des entreprises a grimpé de 50% tandis que la dette fédérale doublait.
De l’Erreur n°1 à l’Erreur n°2
Voyant les dangereuses distorsions se multiplier, la Fed est passée à l’Erreur n°2 — augmenter les taux pour tenter de calmer les dommages.
Des taux plus hauts la mettraient également en meilleure position pour l’Erreur n°3 : paniquer et fixer des taux bien plus bas lorsque la prochaine crise frapperait.
Nous pensions que la crise suivante se produirait largement avant que la Fed ne puisse remettre ses taux à « la normale ». L’économie actuelle a été nourrie aux taux anormaux ; désormais, elle en est dépendante.
Des taux normaux déclencheraient une correction normale… ce qui pousserait la Fed à paniquer et à commettre immédiatement l’Erreur n°3.
Or la réputation, la richesse et le pouvoir des élites — dont Donald J. Trump lui-même — dépendent tous de taux anormalement bas.
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Le Grand Négociateur ne prendra pas de risque
Et aujourd’hui… il n’y a toujours pas de crise… le taux directeur est encore entre 2% et 2,25% tandis que l’inflation (IPC) est à 2,5%… le Donald s’en prend à la Fed à cause des hausses de taux… et les genoux du président de la Fed, Jerome Powell, commencent à trembler.
Les investisseurs, anticipant de l’argent facile jusqu’à la fin des temps, ont fait grimper le Dow Jones de 600 points. Nous pensons qu’ils le feront grimper plus encore lorsque notre deuxième prédiction se révélera juste elle aussi — aujourd’hui même.
Le conseiller économique Larry Kudlow a planté le décor de la rencontre entre le président T. et le chef d’Etat chinois vendredi au G20.
CNBC nous en dit plus :
« ‘Il y a de bonnes chances de parvenir à un accord’, a déclaré Kudlow lors d’une conférence de presse mardi après-midi, notant que Trump avait personnellement appelé Xi pour ‘démarrer les choses’.
Certaines conditions restent toutefois à remplir pour résoudre l’impasse entre les deux plus grandes économies de la planète, a déclaré Kudlow ».
Oui, ils parviendront sans doute à un accord. M. Trump n’est peut-être pas un génie, mais il n’est pas idiot.
Une grosse tempête sur le commerce avec la Chine déclencherait une grosse vague de ventes sur les marchés… et une récession dans l’économie réelle. Le Grand Négociateur ne voudra pas prendre ce risque.
Au lieu de cela, quoi qu’il se dise à Buenos Aires, M. Trump déclarera la victoire… et les choses se poursuivront comme avant, tout comme cela s’est produit après les négociations sur l’ALENA.
Un fantasme dont se nourrit le marigot
Mais le remarquable fantasme qui se situe derrière ces deux éléments est le même : que les politiciens et les bureaucrates devraient s’immiscer de force dans les transactions privées et en fixer les termes essentiels.
Si vous empruntez de l’argent, par exemple, vous pourriez parfaitement tomber d’accord sur un taux d’intérêt avec un prêteur en vous basant sur l’offre et la demande d’épargne réelle. Mais non. Pas possible.
D’abord parce que la Fed crée de la pseudo-épargne — du crédit — et la prête aux taux qu’elle veut. Elle fausse ainsi toute la courbe des rendements… et affaiblit l’économie entière avec de mauvaises informations et de mauvais calculs.
Ensuite, le président T. en rajoute une couche. Il pense savoir quels devraient être les taux. Il affirme n’être « même pas un tout petit peu content » de Jerome Powell et de sa hausse des taux. Il veut que les taux baissent même s’ils sont encore négatifs en termes réels.
Quant à la question de la Chine, les entreprises privées pourraient fort bien faire affaire avec qui elles veulent selon les termes qu’elles agréent.
Mais là encore, c’est non. Parce qu’arrive alors le promoteur immobilier et star de la téléréalité Donald J. Trump. Il pense qu’il sait mieux que les autres ce que les termes du contrat devraient être.
Ainsi, la comédie continue… et le marigot s’étend.