Depuis son plus haut à 20 089 $ (environ 16 000 €) le 17 décembre 2017, le bitcoin a perdu jusqu’à 84% de sa valeur. Combien de temps ce marché baissier pourrait-il encore durer ?
Pour tenter de répondre à cette question, un rapide retour en arrière s’impose.
Des corrections, ou plutôt des effondrements du genre de celui qu’il connaît actuellement, Bitcoin en a déjà connu quatre depuis qu’il est sorti de l’ombre.
Lors du bitcrash d’avril 2013, il n’avait fallu qu’une nuit pour que le cours passe de 233 $ à 67 $, soit une correction de -71%. Bitcoin, dont c’était la première médiatisation grand public, avait alors eu besoin de sept mois pour s’en remettre.
L’année 2013 fut forte en rebondissements puisqu’un deuxième mouvement haussier se forma sur la mère des cryptomonnaies, portant son cours à plus de 1 150 $ fin novembre, avant une nouvelle chute brutale qui divisa son cours par deux début décembre. Ce mouvement fit suite à la démocratisation croissante des modalités d’achat de bitcoins sur les plateformes d’échanges qui avait suivi la popularisation de la crypto-devise en début d’année.
Pour ne rien arranger, Mt. Gox, la plateforme d’échange phare de l’époque, fut piratée en février 2014. Après s’être fait dérober 850 000 bitcoins, l’exchange stoppa net les retraits et le cours s’effondra à nouveau de 50%, alors qu’il avait regagné beaucoup de terrain depuis sa chute de fin 2013.
S’ensuivit un (très) long hiver baissier pendant lequel il était de (très) bon ton de déclarer Bitcoin mort et enterré.
Puis, après un an et demi de marché baissier, les cours reprirent finalement leur tendance haussière de long terme en août 2015 à partir des 220 $. Plusieurs soubresauts vinrent ponctuellement calmer les ardeurs des intervenants, dont en particulier celui de l’été 2017. Durant cette période, on vit passer le cours du bitcoin de 3 000 $ à un peu plus de 1 850 $ (-36%).
Cette fois-ci, le marché vivait dans la crainte de l’avenir du code informatique sur lequel repose la crypto-devise mère, avec le hardfork de Bitcoin Cash annoncé pour le 1er août. Cette appréhension s’étendit à tout l’écosystème, entraînant dans son sillage la quasi-totalité des altcoins.
Comme vous le savez, ce mouvement a pris fin le 17 décembre 2017 autour des 20 000 $, ce qui en a fait l’un des mouvements haussiers les plus explosifs de l’histoire de la finance. Quelle a été la cause majeure de cette explosion exponentielle ?
Voici ce qu’expliquait sur bitcoin.fr en décembre dernier le trader Beetcoin (qui a tout de même réussi à accumuler plus de 10 000 BTC et qui recommandait de se retirer du marché en décembre 2017 alors que le bitcoin venait de dépasser les 10 000 $), dans l’interview la plus intéressante que j’ai lue en 2018 au sujet des crypto-actifs:
« Cette hausse était déjà anticipée et gentiment en cours depuis deux ans avec une [première] ‘institutionnalisation’ du marché aidée par le régulateur US. […] L’idée derrière la folle hausse de 2017 était que l’on franchissait un plus haut de quatre ans (~1 300 $), ce qui ouvrait une phase de découverte de prix. L’idée était très simple et technique, nul besoin de chercher des explications alambiquées. »
Je précise « l’un des mouvements haussiers les plus explosifs » car on oublie souvent (comme c’est le cas sur ce graphique) que l’ampleur du mouvement de hausse qui s’est développé entre novembre 2011 et avril 2013 a été près de deux fois plus importante que celui qui s’est refermé en décembre 2017, comme le rappelle ce récapitulatif, que j’emprunte à bitcoin.fr.
Concernant la durée des marchés baissiers, Damien Theillier rappelait dernièrement que le record à battre se monte à 411 jours – il s’était étendu sur la période du 30 novembre 2013 au 14 janvier 2015.
Le « cryptobottom » a-t-il été touché le 15 décembre 2018 ?
Depuis le plus haut historique du 17 décembre 2017, le bitcoin a enregistré jusqu’à 84% de baisse, avec un plus bas le 15 décembre 2018 à 3 200 $. Le même jour, l’ethereum marquait lui aussi un point bas à 82 $.
Cinq jours plus tard, Joseph Lubin, le co-fondateur d’Ethereum, annonçait qu’un an après le paroxysme de l’euphorie qui avait mené le marché à des niveaux de valorisation record, on venait de passer le « cryptobottom », c’est-à-dire que l’on avait touché le fond de l’actuel marché baissier.
Il attribuait le niveau des cours à « une quantité épique de peur, d’incertitude et de doute », en particulier en provenance des médias et des réseaux sociaux (« nos amis des quatrième et cinquième pouvoirs »).
Pourquoi pas, mais il faut tout de même garder à l’esprit qu’après la formation d’une énième bulle dans laquelle l’ensemble des intervenants se sont jetés à corps perdu en connaissance de cause, il était inéluctable que les prix reviennent à un niveau plus proche de la moyenne historique.
Depuis le 15 décembre dernier, l’ethereum a certes repris 51 $ (+58%) mais, sur la courbe de prix du bitcoin, qui donne le ton du marché, la situation est beaucoup plus calme (+22% à 3 917 $ le 12 mars au soir).
Reste à savoir quand les prix pourraient reprendre le chemin de la hausse, ce à quoi nous nous intéresserons dès demain.
[NDLR : Les bonnes affaires se font lorsque les prix sont bas… c’est-à-dire maintenant. Pour investir judicieusement dans les cryptomonnaies les plus solides, c’est ici.]