▪ La Chine est tranquillement en train de construire ses réserves d’or. Elles totalisaient 600 tonnes en 2004. Puis, en avril 2009, on nous a annoncé qu’elles s’élevaient à 1 054 tonnes. Et il se murmure depuis Pékin que les banquiers centraux veulent multiplier ce chiffre par dix.
Entre-temps, la Chine a légèrement réduit ses parts dans le Trésor américain pendant trois mois d’affilée. L’avoir total en janvier était de 1 150 milliards de dollars — en baisse de 1,75% depuis octobre.
Ce sont là les premières étapes vers ce qui peut être considéré comme la « remonétisation » de l’or — ce qui arrivera bientôt à l’Amérique.
L’histoire est un pendule.
« Une fois que l’or et l’argent-métal ont été inscrits dans la constitution », observe notre ami David Baker, ancien vérificateur général aux comptes américains, « personne n’aurait pensé qu’ils seraient remplacés par le papier en moins de 60 ans ». Mais le pendule a oscillé ; les Etats de l’Union ont émis leurs célèbres billets verts au cours de la guerre de Sécession.
Puis le pendule est revenu à son point de départ, les critiques du billet vert purent « avec succès mettre en avant un programme de rétablissement de l’or. Mais avant la Conférence économique mondiale de Londres en 1933, le monde aura été choqué par le rejet par Roosevelt de l’étalon-or ». Le pendule oscille à nouveau.
Aujourd’hui, « une série de crises, comme ce fut le cas à Rome, pourrait au final faire revenir le pendule vers l’or », écrit Baker.
▪ En d’autres termes, nous nous approchons de la fin du règne de l’étalon-dollar que nous avons évoquée dans Le déclin du dollar. Les moins de quarante ans n’ont jamais connu qu’un monde dans lequel toutes les monnaies de la planète flottent librement les unes par rapport aux autres, et ce monde est sur le point de mourir. Et Baker investit en conséquence.
Fin 2010, il a commencé à accumuler les actions d’une petite société minière aurifère appelée Orezone. « Notre coût initial était de 78 cents ; aujourd’hui il est de 3,61 $ », nous expliquait Baker au cours d’un après-midi d’hiver dans son bureau situé à la périphérie de Baltimore. « J’ai liquidé les deux tiers des actions que je possédais et elles représentent encore l’une de nos plus importantes positions. Je ne peux m’en empêcher ! »
C’est là un bon problème. Et il se pose à Baker parce que celui-ci souhaite aller plus loin qu’un gestionnaire de portefeuille classique… aussi loin que le Burkina Faso. Arrêtons-nous un instant pour situer ce pays sur une carte, ainsi vous pourrez vous repérer (si, enfant, vous étiez un fana de géographie, vous l’avez connu sous le nom de Haute Volta).
« Je lis les publications trimestrielles de ces gestionnaires de hedge funds« , nous raconte Baker, entouré de photos de famille, de CD de compositeurs comme Brahms et d’un tas d’études sur les entreprises. « Ils sont réellement absorbés par la vision macro-économique, mais ils ne savent pas vraiment ce qu’ils font, ils se contentent donc d’acheter des GLD [les ETF sur l’or] ».
« Ou bien ils embaucheront deux célèbres analystes canadiens. Puis, j’étudie ce qu’ils possèdent ; ils possèdent Gabriel Resources parce que John Paulson en possède. Cela ne craint rien. Ou bien ils ont acheté une quelconque grande entreprise sud-africaine parce qu’elle est bon marché par rapport aux réserves dans le sol lorsqu’ils l’analysent au travers de leur sélecteur d’actions ».
« Ils n’ont pas de politique cohérente pour ce qui est de réellement connaître le fond des choses, et pour réellement trouver ces entreprises dont personne n’a entendu parler ».
Baker si. Sa société, Gaineswood Investment Management, a pris d’importantes positions dans de minuscules sociétés minières aurifères travaillant en dehors des sentiers battus d’Amérique, d’Australie et d’Afrique du Sud.
Le Burkina Faso est en plein milieu d’une formation géologique appelée la ceinture birimienne… la plus riche source de croissance pour les minières aurifères ces dernières années.
Plusieurs minières en Afrique occidentale ont fait mieux encore en consolidant leurs avoirs fonciers. « Au Canada, 12 entreprises peuvent se partager un district. Une entreprise peut posséder un bloc ou un demi bloc. Mais en Afrique occidentale, ces types possèdent tout. Ils ont beaucoup de temps devant eux, beaucoup de terre et aujourd’hui ils ont levé beaucoup plus d’argent, ils peuvent donc continuer à avancer… et nous continuerons à recueillir ces surprises qui vont dans le bon sens ».
« Telle est notre philosophie : trouver une opportunité là où, par exemple, une seule équipe a trouvé 1,2 million d’onces d’or. Mais avec toutes les nouvelles découvertes qu’ils font, ils vont probablement bientôt annoncer qu’ils en ont trouvé deux, puis 2,5, et l’année prochaine ils annonceront trois puis 3,5 puis quatre… et ce n’est pas fini grâce à cette gigantesque région qui reste encore à explorer ».
▪ Avant d’aller plus loin, que les choses soient claires : Bill Baker n’est pas un chercheur d’or classique. Il n’est pas plus le trader classique qui joue le marché actions à la baisse.
« Le timing ou la possibilité d’une catastrophe financière est impossible à prévoir », écrit Baker dans Endless Money. « Au mieux, ce pourrait être comme une alerte ouragan : la tempête pourrait frapper ici, ou bien là, ou bien elle pourrait être déclassée en tempête tropicale ou bien elle pourrait se diriger complètement ailleurs ».
Mais cela ne signifie pas que les investisseurs ne devraient pas se préparer aux catastrophes financières… ou à la mort des devises papier. Les catastrophes financières deviennent de plus en plus probables dans ce monde trop endetté qu’est le nôtre… et la mort des devises papier devient de plus en plus une certitude. Le meilleur moment pour se préparer est de le faire à l’avance.
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