Dans le rapport In Gold We Trust 2025, Ronald Stöferle et Mark Valek expliquent pourquoi la « récente performance exceptionnelle » du secteur minier aurifère ne fait sans doute que commencer, et comment se positionner sur ce secteur.
Entre janvier et fin juillet 2025, les minières ont accumulé environ +60 % de performance sur l’indice HUI, quand le cours de l’or libellé en dollars a engrangé près de +30 % de performance « seulement » (avec tous les guillemets du monde).
Face à de tels chiffres, on pourrait penser que tout est rose sur le front des minières aurifères.
Ce n’est pas le cas…
Vers le retour des méga fusions acquisitions ?
Parmi les ombres qui nuancent la beauté de ce tableau, voici celle qui me semble être la plus importante : la gestion financière disciplinée – voire austère – des minières dans le cycle actuel a pour conséquence la diminution des dépenses d’investissement.
Comme le formulent S&V : « Si des bilans plus solides représentent une amélioration évidente, la baisse concomitante des investissements en capital pourrait potentiellement limiter la croissance future de la production, créant ainsi un compromis entre la stabilité financière actuelle et la capacité opérationnelle à long terme. »
Voilà pourquoi en dehors des méga deals du type fusion de Barrick avec Randgold ou de Newmont avec Goldcorp en 2019, d’Agnico avec Kirkland Lake Gold en 2022, ou encore de Newmont avec Newcrest en 2023, il ne s’est pas passé grand-chose ces dernières années sur le front des fusacs.
Cela dit, deux raisons font que cette situation n’est pas tenable. Du fait de l’excellente santé des minières et de leurs besoins croissants en minerai, S&V s’attendent à un retour à la croissance externe dans les années à venir :
« Les transactions récentes telles que MAG Silver/Pan American, Lundin/Filo, Gold Fields/Osisko et Equinox/Calibre montrent que, jusqu’à présent, les acquisitions se sont concentrées sur des entreprises de taille moyenne. Cependant, le véritable tournant est encore à venir : la prochaine phase verra des méga-acquisitions de grandes capitalisations, financées par des marges et des flux de trésorerie disponibles records, motivées par des besoins urgents de remplacement des réserves (42 millions d’onces par an) et une qualité déclinante des gisements. La baisse des taux d’intérêt bénéficiera au secteur de deux façons : par une réduction des coûts du capital pour cette industrie à forte intensité en capital, et par une attractivité accrue des dividendes des sociétés minières aurifères. »
Les équipes dirigeantes des sociétés d’exploitation minière devront donc se méfier de ne pas reproduire leurs erreurs du passé : « Si les prix de l’or restent élevés, il est probable qu’il ne s’agisse que d’une question de temps avant que le mantra de ‘la croissance à tout prix’ ne resurgisse. Il revient maintenant aux équipes de direction des principaux producteurs de résister aux appels des sirènes et de prioriser systématiquement les intérêts de leurs actionnaires. »
Voilà le challenge que devront relever les minières dans les années à venir.
« Après la percée du cours de l’or, le moment de l’or de performance est venu »
Pour S&V, la mauvaise réputation du secteur minier en termes de discipline financière acquise lors du cycle précédent continue de lui coller à la peau. Or, d’après eux :
« Cette réputation n’est plus justifiée. Particulièrement parmi les équipes de direction de premier plan, il y a désormais une forte focalisation sur des pratiques financières conservatrices [l’optimisation des flux de trésorerie et des marges, ce qui renforce considérablement leur résilience face à une éventuelle baisse du cours de l’or]. Le secteur a clairement tiré les leçons de ses erreurs passées. »
Par ailleurs : « L’histoire a démontré à maintes reprises que les expositions tactiques aux actions aurifères ont généré un alpha significatif pendant les cycles d’assouplissement de la Réserve fédérale ou les baisses des marchés boursiers. Etant donné que nous sommes au début d’un cycle d’assouplissement et que nous prévoyons une volatilité accrue et des vents contraires structurels sur les marchés boursiers américains en 2025, nous pensons que les actions minières aurifères sont bien positionnées pour une phase durable de surperformance relative. »
Et enfin : « La chute du cours du pétrole constitue également un avantage supplémentaire du côté des coûts. [En somme], la sous-évaluation, tant absolue que relative, est remarquable. […] Il incombe désormais au secteur de tenir les promesses faites ces dernières années et de restaurer la confiance des investisseurs. »
S&V pensent que ce pari sera gagné haut la main. « Nous nous attendons à ce que les actions minières – et leurs actionnaires – après une période de disette éprouvante, récoltent une riche moisson au cours des prochaines années », écrivent-ils.
Ainsi, « pour les investisseurs préoccupés par des valorisations boursières tendues [sur le S&P 500], une récession imminente ou des problèmes de liquidité systémique, l’opportunité d’acheter des actifs miniers de haute qualité avec un niveau de décote aussi importante par rapport à un cours de l’or, lui-même prêt à enregistrer des gains significatifs, représente une opportunité d’investissement en or ».
Très bien, mais en pratique : comment procéder ?
Stock-picking ou sociétés de royalties et de streaming ?
Ceux qui s’aventureront sur le terrain très risqué du stock picking de valeurs minières devront non seulement ne pas se tromper de titres, mais seront aussi contraints d’opérer selon une gestion très active, tant les brèves explosions haussières continuent de ponctuer les longues périodes de baisse.

Marchés haussiers et marchés baissiers sur les minières aurifères (01/1970 – 04/2025)
Même si cela fait plusieurs années que S&V considèrent que les minières aurifères sont dans un marché haussier, elles ne sont pas pour autant devenues un actif de garde.
L’impitoyable loi du secteur n’a pas été amendée : « Les matières premières et les actions minières sont considérées comme une classe d’actifs extrêmement complexe et exigeante. Des fortunes se font et se défont rapidement », rappellent les deux Autrichiens.
Mais tout le monde n’a pas l’âme d’un Warren Buffett ou d’un George Soros – moi le premier. C’est pourquoi une excellente solution pour tirer profit du secteur minier aurifère reste celle des actions de sociétés de royalties et de streaming, face auxquelles le secteur minier continue également de sous-performer.

GDX, GDXJ, Franco-Nevada, Wheaton Precious Metals et Royal Gold, $, base 100 = 01/2011 (01/2011 – 04/2025)
Les actions Franco-Nevada, Wheaton Precious Metals ou Royal Gold permettent (encore et toujours) de diversifier le risque propre au secteur minier, et ce sans faire de concession en termes de performance.
Et pour ceux qui n’auraient pas encore de position sur ce secteur ou qui voudraient augmenter leur exposition…
Quand faut-il entrer sur le marché ?
Au cours des années post-électorales, comme cela est le cas en 2025, le HUI tend à être moins haussier au cours du second semestre que durant le premier.

Saisonnalité des minières aurifères dans les années post-électorales (03/1997 – 03/2025)
« A cet égard, tout repli au cours du second semestre pourrait offrir des points d’entrée attractifs », estiment S&V.
Voilà, cette fois, vous avez toutes les clés en main pour passer de la théorie à la pratique !