▪ Il faudrait prendre le taxi plus souvent.
Jeudi soir, le temps de passer de Bastille à l’Opéra, j’ai appris :
– que toute cette crise finirait par profiter aux Russes ;
– que l’industrie financière dans son ensemble était aux mains des dits Russes — qui en profitent donc pour « mettre une belle pagaille là-dedans, vous voyez, pour qu’on finisse par se retrouver à leur botte ! »
– et que la prochaine bulle concernerait non pas l’or ni les obligations d’Etat américaines — mais bel et bien les timbres chinois, qui, apparemment, s’arrachent à prix d’or lors des ventes aux enchères, l’empire du Milieu rachetant à tout-va son patrimoine épistolaire disséminé un peu partout dans le monde.
Vous voilà prévenu, cher lecteur. Désormais, à vous de mettre en place la nouvelle Transaction de la Décennie : apprendre Guerre et Paix dans le texte et vous trouver un correspondant pékinois avec qui échanger force courriers et colis joliment timbrés.
▪ Etant donné les incertitudes, retournements de situation et tensions qui règnent en ce moment sur l’économie mondiale, force est de constater qu’après tout, cette analyse en vaut une autre…
… Sauf que la Chine commence à connaître des difficultés relativement conséquentes, maintenant que ses principaux clients, sur la paille, ralentissent leur consommation.
Philippe Béchade nous donnait plus de détails sur le sujet mercredi : « est-il encore temps d’appeler la Chine à la rescousse ? se demandait-il.
« Les 3 000 milliards de dollars de réserves de change qu’elle possède font fantasmer beaucoup de monde. Mais une récente étude du FMI (de mémoire) évoque un montant pratiquement équivalent de créances douteuses dans le système bancaire chinois ».
« Tant que la croissance est au rendez-vous, le vélo économique parvient encore à rouler droit. Mais s’il continue de ralentir au rythme actuel quelques mois de plus, Pékin devra faire face à un nombre de faillites bancaires potentielles équivalent à ce qui survint au Japon 20 ans auparavant et dans des circonstances qui présentent de nombreuses similitudes ».
▪ De la Chine à l’Allemagne, il n’y a qu’un pas. Tout comme les espoirs pour la croissance mondiale portaient sur l’empire du Milieu, nos voisins d’outre-Rhin représentaient le dernier bastion de vigueur dans la Zone euro.
Sauf que si l’un se porte mal… les autres ne vont pas mieux :
« Les Allemands persistent (pour le moment) à refuser toute intervention massive de la BCE », expliquait Frédéric Laurent il y a quelques jours dans Vos Finances. « Toutefois, certains signes nous laissent croire qu’ils pourraient bien revoir leur position ».
« Il y a quelques jours, l’Allemagne a presque raté une émission obligataire — sur six milliards d’euros, seuls 3,5 ont été placés. Certes les taux étaient au plus bas, mais c’est le cas depuis longtemps. A 1,97%, les investisseurs ont passé la main et c’est la Bundesbank qui a repris les titres ».
« Cela veut peut-être dire tout simplement que les investisseurs internationaux semblent intégrer que l’Allemagne devra se plier à des contraintes qu’elle avait jusque-là repoussées. Comme accepter plus de fédéralisme ou élargir le pouvoir d’intervention de la BCE. Oh pas demain, ce serait trop simple et pas très amusant, il faut encore quelques coups de semonces, mais bientôt. Une conséquence que l’on doit en partie aux doutes relatifs à l’ingénieux calcul de leurs comptes ».
« Dans une autre mesure, on sait que leur force actuelle était jusqu’à présent leurs exportations. Mais demain ? A qui enverront-ils leurs machines-outils et autres berlines de luxe, si toute l’Europe est en récession ? Cela sans compter que la Chine, qui les faisait énormément travailler, commence à sentir des effets de ralentissement forcé. Ces éléments bien contrariants pourraient également faire plonger les balaises teutons dans une prochaine récession. Comme les autres »…
En revanche, je ne sais pas où en sont les Russes, dans tout ça… mais à votre place, cher lecteur, je ne me fierais à personne — si ce n’est au métal jaune, le seul qui me paraisse susceptible de garder la tête froide (puisqu’il n’en a pas) au milieu du chaos ambiant.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora