La percée de Mamdani cristallise la fracture d’un pays où le compromis n’a plus sa place.
« J’ai eu affaire à de nombreux présidents américains. Ils arrivent au pouvoir avec des idées… mais rapidement, des hommes en costume sombre et cravate bleue, mallette à la main, se présentent et leur expliquent comment doit fonctionner le monde. Et alors, on n’entend plus jamais parler de ces idées. » – Vladimir Poutine
La ville de New York a été secouée cette semaine : l’avenir a frappé à la porte des Etats-Unis. Un homme que Donald Trump a qualifié de « fou communiste » a remporté les primaires démocrates ; il est fort probable qu’il s’installe bientôt dans le fauteuil qu’occupait autrefois Rudolph Giuliani, à la mairie.
Les médias ne savaient qu’en penser. Pour le New York Times, c’est une victoire pour les musulmans :
« L’impressionnante percée de Zohran Mamdani aux primaires démocrates mardi marque un tournant pour les musulmans de New York. Pour la première fois, l’un des leurs pourrait diriger l’Hôtel de Ville s’il remporte l’élection générale en novembre.
La ville compte près d’un million de musulmans, soit environ 12 % de l’électorat lors des municipales de 2021. Mamdani a mis sa foi au cœur de sa campagne : dès les premiers jours, il sillonnait les rues en jeûnant pour le ramadan, prêchait l’accessibilité financière dans les mosquées et les centres communautaires musulmans. »
« Les dirigeants démocrates ont interprété cette victoire en termes ‘d’énergie, de style et d’ambiance’. » Tommy Victor, dans Pod Save America, a déclaré qu’elle avait un petit air d’Obama en 2007, « vive et enthousiasmante ». D’autres y voient plutôt la faillite du parti lui-même.
Solis Doyle, ex-directrice de campagne d’Hillary Clinton en 2008, a déclaré ceci :
« En ce moment, nous n’avons ni leader, ni message, ni programme. Nous n’avons aucune idée forte à opposer au président et aux républicains. Donc oui, je suis inquiète, c’est le moins qu’on puisse dire. »
Et c’est là que tout devient intéressant. Comme l’écrit Sasha Stone :
« Le plus gros problème des démocrates, c’est qu’ils n’ont eu qu’un seul produit à vendre depuis dix ans : leur guerre contre Trump. Avec Zohran, les jeunes ont trouvé quelqu’un en qui croire. Il leur vendra exactement ce qu’ils ignoraient vouloir, mais qu’ils désirent profondément. »
Pendant ce temps, les milliardaires pariaient sur Andrew Cuomo, le choix de la continuité, la promesse du « plus de la même chose ». Le New York Times relève :
« Avec 25 millions de dollars, le Super PAC pro-Cuomo bat tous les records de dépenses extérieures. »
Mais que voulaient vraiment les électeurs ? Des choses gratuites.
Les « libéraux » reviennent aux fondamentaux. Fini le baratin qui divise – les pronoms, le DEI, les transsexuels… même les « Black Lives » n’ont plus d’importance.
La formule gagnante a été clairement exposée à New York. Les démocrates promettent désormais la gratuité des transports, le contrôle des loyers, la gratuité de l’université, des services de garde d’enfants gratuits, et bien d’autres choses encore.
Naked Capitalism rapporte :
« Tout l’argent de la Terre ne pourrait sauver les néolibéraux nihilistes des gens comme Mamdani… »
D’un point de vue global, ce n’est pas une surprise. Lorsqu’un empire meurt, les deux factions – gauche et droite – se battent de plus en plus férocement pour le cadavre en décomposition.
Les gens continuent de voter. Mais le centre cède.
La « démocratie consensuelle » et la civilité de l’ère Eisenhower ont disparu. Trump ne sera pas éternel. Il sera remplacé par d’autres républicains pirates – peut-être Trump Jr. –, obligés de défendre bec et ongles des politiques qui ont échoué. Et face à eux, surgiront d’autres Mamdani, porteurs de vraies idées, de vrais programmes, même si ces idées sont catastrophiques.
Comme dans les rues de Berlin dans les années 1930, il s’agira d’une bagarre entre les chemises brunes et les chemises noires – deux souches de la même maladie.
Autrefois, les démocrates étaient le parti du « Big Ambitious Government » (le grand gouvernement ambitieux). Ils faisaient face aux vieux républicains, partisans d’un Etat réduit, plus conservateur. Reagan et O’Neill n’étaient d’accord sur rien, mais ils finissaient par trouver un compromis avant d’aller taper quelques balles ensemble sur le green.
Aujourd’hui, les républicains sont devenus les courtisans du Grand Chef… et les vieux démocrates centristes se muent en utopistes radicaux. Plus ils s’éloignent l’un de l’autre, plus ils se ressemblent : implacables, sans esprit.
On murmure que les riches new-yorkais lorgnent vers la Floride pour investir. Ils feraient peut-être bien de viser plus loin. Car, qu’ils le veuillent ou non, les deux camps continuent de danser au rythme des « hommes en costume bleu » de l’Etat profond.
Toujours plus de dépenses, plus de dettes, plus de guerres, plus de chaos, plus de police… la musique de l’Empire continue de jouer.
1 commentaire
Décidement ….les Etats Unis sont sur une pente bien savonnée …