La Chronique Agora

Mes prévisions pour 2020 : fuite en avant des banques centrales

Des banques centrales aux abois, un contexte ultra-tendu entre la Chine et les Etats-Unis, le retour de l’or sur la scène internationale… l’année 2020 sera intéressante.

Le scénario d’une fuite en avant des banque centrales n’est pas nouveau non plus, mais comme pour celui du Brexit, que nous avons abordé hier, il s’affirme un peu plus chaque année et franchit de nouveaux caps. Il me semble donc nécessaire de faire une mise au point.

Début 2019, nous assistions à un revirement complet des banques centrales européennes et américaines. D’un objectif de neutralité et de régularisation de leur bilan, elles passaient à la baisse des taux, au retour des QE, à l’impression illimitée de billets et au soutien inconditionnel des marchés.

Source : Lazare Frères Gestion, Bloomberg

Les marchés l’ont bien compris et on assiste à une fête permanente : un torrent d’argent se déverse pour des opérations spéculatives chez les banquiers et les gestionnaires de fonds pendant que l’économie réelle s’enfonce peu à peu.

Pour rappel, le chiffre de croissance du PIB agité fièrement par nos élites n’est en rien représentatif de la croissance. Ce chiffre est le résultat d’un calcul qui contient des données comptabilisées comme des investissements (mais qui n’en sont pas), des variations de stocks qui s’annulent dans le temps (mais qui sont ponctuellement bien pratiques pour gonfler un trimestre), des éléments qui sont comptabilisés deux fois, la prostitution et la drogue qui sont évaluées au doigt mouillé, des éléments non récurrents obtenus à coups de chèques sans provision.

Cette croissance est totalement bidon, la seule croissance qui ne l’est pas est la croissance de la dette qui sera supportée un jour ou l’autre par les générations futures… mais elles ne sont peut-être pas si futures que cela.

Beaucoup d’économistes viennent de comprendre ce que je dis depuis dix ans, et de le reprendre à leur compte. La fuite en avant des banques centrales et des Etats est irréversible et se finira par la confiscation de votre épargne d’une manière ou d’une autre. Aucune autre alternative n’existe.

Autre scénario possible : une guerre cette année ?

Le risque est important et n’est pas forcément là où on l’attend. Les projecteurs sont braqués sur l’Iran aujourd’hui, mais le risque est faible car les Iraniens savent qu’ils n’ont aucun intérêt à une confrontation directe avec les Etats-Unis.

En revanche, la Chine est une autre histoire autrement plus dangereuse. Ce qui a commencé par une guerre commerciale n’est en fait qu’un épisode dans la contestation par la Chine de la suprématie étasunienne. Le ras-le-bol est général depuis que les Etats-Unis se servent de l’extraterritorialité du dollar pour infliger de lourdes amendes à la Terre entière.

Mais il y a deux catégories de dirigeants : ceux qui se couchent et ceux qui répondent coup pour coup… La France, l’Allemagne et l’UE sont dans la première catégorie, la Chine dans la deuxième.

N’oubliez pas que les guerres sont d’abord faites pour des raisons de politique intérieure. La Chine, les Etats-Unis, le Japon et l’Europe sont dans une telle impasse sociale, démographique, économique et financière que se lancer dans une guerre pourrait être une option de diversion.

Quel pourrait en être le prétexte ?

– La situation dérape à Hong Kong, la Chine envoie l’armée rétablir l’ordre, les Américains qui se posent en gendarme du monde interviennent.

– Un vieux conflit en mer de Chine porte sur la revendication par la Chine, le Japon, les Philippines, la Malaisie, le Vietnam et Brunei de différentes îles et archipels. Il s’agit des îles Spratleys pour leurs gisements de pétrole et de gaz naturel et leur position stratégique, des îles Paracels, Pratas, du récif de Scarborough et du banc de Macclesfield comme domaine de pêche ou pour une occupation militaire.

Trois marines importantes, la chinoise, la japonaise et l’américaine se croisent dans un mouchoir de poche. Les incidents se sont multipliés en 2016 et 2017. La situation peut déraper à tout moment. En cas d’extension du conflit, je crois nos dirigeants européens assez idiots pour se ranger du côté des Américains.

Gardez à l’esprit que la probabilité d’un conflit augmente considérablement lorsque les protagonistes y ont tous intérêt…

– Kim Jong-un recommence ses provocations en lançant des missiles, les Etats-Unis interviennent, la Chine réplique pour le principe. En fait, il existe une multitude de détonateurs et lorsqu’on veut se battre, on trouve toujours une bonne raison de le faire…

– Un problème interne chinois : imaginons que la bulle de la dette explose en Chine, que des banques locales déposent le bilan, que la banque centrale vende à un rythme accéléré ses bons du Trésor US… Si la Fed ne réagit pas tout de suite, le marché obligataire plongera, le marché actions suivra. Trump n’aura d’autre choix que d’entrer en conflit armé avec la Chine.

Cela fait longtemps que j’annonce la création d’une monnaie chinoise basée et convertible en or qui entrerait en concurrence avec le dollar. Chine et Russie ont continué en 2019 de produire et d’acheter des quantités considérables d’or.

Je pense qu’il y a une finalité à cela et qu’elles sont parfaitement conscientes que la planche à billets que l’on connaît depuis une vingtaine d’années se terminera mal. Mais contester l’hégémonie du dollar fera réagir les Etats-Unis et peut amener à la guerre.

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