▪ Appelez-nous un traître. Accusez-nous de trahison. Dites que nous sommes des collabos et des agents de la cinquième colonne…
… mais n’oubliez pas de mentionner que nous sommes aussi dans le vrai !
Aujourd’hui, nous défendons l’ennemi juré d’Obama, Vladimir Poutine.
Oui, cher lecteur, alors que nous pensions avoir tout vu, voici qu’arrive un éditorial signé de nul autre que le président de la Russie, Vladimir Poutine.
M. Poutine a pris l’extraordinaire décision d’écrire directement au peuple américain par le biais du New York Times, avertissant les Etats-Unis de ne pas faire d’idioties. Voici l’idée principale des commentaires de M. Poutine :
|
« Il est alarmant de constater que l’intervention militaire dans les conflits internes dans les pays étrangers est devenue monnaie courante aux Etats-Unis. Est-ce dans l’intérêt à long terme de l’Amérique ? J’en doute. Des millions de personnes dans le monde voient de plus en plus l’Amérique non pas comme un modèle de démocratie, mais comme s’appuyant uniquement sur la force brute, bricolant des coalitions réunies sous le slogan ‘vous êtes avec nous ou contre nous’. Mais la force c’est révélée inefficace et inutile ».
▪ Inefficace et inutile ?
Là, cher lecteur, nous allons vous révéler l’idée la plus profonde que nous ayons jamais eue. Elle est si profonde que nous avons besoin d’une lampe de poche pour la trouver dans les espaces les plus sombres des entrailles de la terre… et là, nous nous arrêtons net… la bouche grande ouverte sous l’admiration et le respect silencieux.
Nous avons commencé à y réfléchir il y a des années… tandis que nous méditions sur le pourquoi de notre système financier et comment il était devenu si pourri et si corrompu.
Le système financier actuel… et la politique étrangère américaine actuelle… réagissent tous deux à la même perversion amère.
Vous êtes probablement assommé par le choc. Nous, en tout cas, nous le sommes. C’est ce qui se passe quand on trouve un morceau du puzzle et qu’on peut enfin le mettre en place.
Il y a environ 5 000 ans, l’humanité a fait un gigantesque bond en avant, de la barbarie à la civilisation. C’était un grand changement. Il permettait aux gens de 1) vivre ensemble même s’ils ne se faisaient pas spécialement confiance ou ne s’appréciaient pas… et de 2) faire du troc avec d’autres gens qu’ils ne connaissaient pas.
Les humains pré-civilisés ne voyaient aucun problème dans le fait de s’entretuer. Parfois, ils s’entre-mangeaient aussi. Et ils avaient du mal à faire des affaires : d’abord parce qu’ils essayaient quasiment toujours de s’entretuer… ensuite parce qu’ils n’avaient aucun moyen simple d’échanger.
▪ La Loi de la Réciprocité
Ensuite, avec l’agriculture sédentaire et le commerce sont arrivées de nouvelles règles : faites aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fassent. Connue aussi comme Loi de la Réciprocité, c’est la règle sous-jacente qui gouverne les affaires humaines.
« Tu ne me tues pas… je ne te tue pas ».
« Tu ne voles pas mes affaires et je ne vole pas les tiennes ».
C’est assez simple. C’est aussi pour ça que Vladimir Poutine a raison. La force brute ne fonctionne pas. Parce qu’elle enfreint la règle fondamentale de la politique étrangère civilisée.
« Tu n’envahis pas mon pays et je n’envahis pas le tien ».
Cette règle est souvent enfreinte — mais rarement avec des conséquences positives. Qui vit par l’épée périra par l’épée, dit la Bible.
Plus important, la force brute ne vous mène pas là où vous voulez allez. En dehors de l’auto-protection, la force brute ne fonctionne pour aucun aspect de l’existence.
▪ Ce qui nous amène à la Fed et au dollar…
Une autre avancée majeure a été faite il y a 5 000 ans : l’introduction d’un nouveau genre de devise. C’était de l’argent dans lequel on pouvait avoir confiance. Ce n’était pas quelqu’un qui promettait de vous donner la soeur de sa femme. Ce n’était pas une menace contre vous et votre famille. Ni un crédit sur la chasse de l’année suivante… ou l’espoir que sa tribu viendrait à votre aide si vous étiez attaqué par une autre tribu encore.
Non, cette nouvelle « monnaie » était différente. C’était une chose sur laquelle on pouvait compter. Elle facilitait le fait de régler une transaction directement, sur les lieux. Inutile de se rappeler qui devait quoi à qui. Inutile de parler la même langue ou d’adorer les mêmes dieux. Cette nouvelle « monnaie » valait quelque chose en elle-même.
Cette nouvelle monnaie, c’était l’or.
L’or a aidé la coopération à triompher sur la force brute. Avec lui, on pouvait négocier les biens et les services, au lieu d’insister jusqu’à les obtenir. Inutile de prendre le champ de blé de votre voisin par la force pour nourrir votre famille… vous pouviez acheter son blé. Inutile d’empoigner sa fille par les cheveux — vous pouviez payer pour elle aussi.
La force ne fonctionne pas pour les affaires humaines parce qu’elle n’apporte pas aux gens ce qu’ils veulent vraiment. La force ne permet pas de transactions « gagnant-gagnant ». Elle favorise plutôt les transactions gagnant-perdant. Un homme braque un magasin de vins et spiritueux. Il a de l’alcool… mais la vitrine de la boutique est brisée et le tarif d’assurance grimpe. Résultat, le monde est plus pauvre.
Il est également rare que la force fonctionne dans le domaine domestique. Une femme contrainte est rarement une femme heureuse. Et une femme malheureuse rend rarement son conjoint heureux très longtemps.
Pas plus que la force ne fonctionne dans une économie. Quand la Fed force les taux d’intérêt à baisser, elle pousse les acheteurs et les vendeurs à faire une chose qu’ils ne feraient pas autrement. Elle exerce une force brute sur les marchés.
▪ Est-ce que ça fonctionne ?
Posez la question au premier crétin venu ayant déjà essayé les contrôles de prix ou la planification centralisée. La réponse est non.
Pourquoi est-ce que ça ne fonctionne pas ? Pour la même raison qu’attaquer la Syrie ne fonctionnera pas. La force brute est primitive et barbare. Elle apporte à l’attaquant, au contrôleur de prix et au banquier central une satisfaction et une célébrité momentanées. Mais c’est une proposition perdante. Les gens n’obtiennent pas ce qu’ils veulent vraiment ; ils obtiennent ce que quelqu’un d’autre veut qu’ils aient. Dans la mesure où toute valeur se mesure à l’aune de ce que les gens veulent vraiment et choisissent librement, cela rend le monde plus pauvre.
Pourquoi les Etats-Unis feraient-ils des choses qui rendent le monde plus pauvre ?
Mais cher lecteur, sur quelle planète vivez-vous ? Cela n’a rien à voir avec les progressistes ou les conservateurs, les faucons ou les colombes, les démocrates ou les républicains, Bush ou Obama. Ce n’est pas non plus parce que nous sommes plus bêtes que nous étions autrefois.
Au lieu de ça, les gens qui réfléchissent — même s’ils ne sont que deux — commencent à réaliser que nous avons raison sur ce point aussi. Les Etats-Unis sont victimes d’un zombie-isme rampant. Les économistes de la Fed contraignent les taux d’intérêt à baisser pour soutenir les zombies partout dans le monde — de Wall Street aux ruelles les plus sordides.
1 commentaire
« Et une femme heureuse rend rarement son conjoint heureux très longtemps »
Est-ce un lapsus ? Ou le point de vue du chroniqueur ? Ou le fruit d’expériences conjugales pas totalement satisfaisantes ?
Amicalement.
BP