▪ Bloomberg rapportait il y a quelques jours que grâce au boom minier, des Australiens anonymes et sans éducation gagnent plus que Ben Bernanke.
« Travis Marks, âgé de 24 ans et sans diplôme universitaire, a touché le gros lot lors de l’aubaine minière australienne qui nourrit la demande de travailleurs. Gagnant déjà trois fois le salaire moyen australien, il s’attend à devenir plus riche encore ».
« ‘Avec ce qui se passe dans le secteur, beaucoup de postes s’ouvrent’, a déclaré Marks, qui gagne 220 000 dollars australiens par an [environ 160 250 euros, NDLR.] — plus que le président de la Réserve fédérale, Ben S. Bernanke, à 199 700 $. Son poste de monteur dans une entreprise fournissant des services de construction et de maintenance au secteur des matières premières est ‘un moyen vraiment efficace d’avancer quand on est jeune’, a-t-il dit ».
Evidemment que M. Marks devrait gagner plus que Bernanke. Il ne détruit pas le système financier mondial. Il fait quelque chose d’utile.
Comme nous l’avons dit de nombreuses fois, l’économie moderne telle qu’elle est enseignée dans les universités est une discipline qui sape la connaissance. Elle est pleine de mauvaises idées et de théories trompeuses. Plus on l’étudie, plus on sait de choses qui ne sont pas vraies. M. Bernanke le prouve. C’est un homme intelligent. Mais avec tant de connaissance en économies, il vaut moins qu’un camionneur de l’Outback australien.
Mais l’histoire a aussi un bon côté. Il s’avère qu’il y a des opportunités aux antipodes. Bloomberg continue :
« Deux projets d’extraction de gaz dans des couches de charbon, qui devraient coûter plus de 30 milliards de dollars australiens, continuent près de Gladstone, un port dans le Queensland. Santos Ltd. (STO), le troisième plus grand producteur pétrolier d’Australie, et BG Group Plc (BG), le troisième plus grand producteur de gaz britannique, commenceront plus tard dans l’année à embaucher plus de 10 000 ouvriers nécessaires pour ces projets ».
« Julia Gillard, Premier ministre australien, a déclaré en février que le secteur des matières premières pourrait se trouver à court de 36 000 travailleurs dans les quatre prochaines années ; le gouvernement devra mettre en place des mesures incitant les seniors et les parents au foyer à reprendre le travail. Elle prévoit également d’assouplir les restrictions en matière de migration de main-d’oeuvre qualifiée ».
Vous avez vu cette dernière phrase, cher lecteur ? Peut-être est-ce là une réponse partielle à la pénurie d’emplois actuelle : exporter les travailleurs dans un pays brûlé par le soleil de l’autre côté de la planète. Il leur suffirait d’apprendre à combattre les crocodiles et à parler avec l’accent !
▪ Mais revenons-en à nos moutons :
Il y a désormais deux économies aux Etats-Unis.
Il y a l’économie « riche », en voie de guérison, flottant sur 2 000 milliards de dollars de liquidités injectées par les autorités.
Et il y a l’économie « pauvre », avec des millions de gens qui se noient dans toute cette inflation.
Attendez… que voyons-nous ? Le chômage américain est en baisse, à 8,8%. Voici les chiffres :
« Le taux de chômage [américain] a atteint un plancher de deux ans en mars, à 8,8%, clôturant les deux mois d’embauche les plus vigoureux depuis que la récession a commencé ».
« L’économie a créé 216 000 emplois le mois dernier. Un nouveau mois riche en embauches a fourni le dernier signe en date que l’économie se reprend, près de deux ans après la fin de la récession. Tout de même, un nombre surprenant de gens ayant cessé de chercher du travail durant le ralentissement doivent encore s’y remettre. Les employeurs privés, l’épine dorsale de l’économie, nourrissent ces avancées. Ils ont créé plus de 200 000 emplois pour le deuxième mois consécutif. C’est la première fois que cela se produit depuis 2006 — plus d’un an avant le début de la récession ».
« Les économistes prévoient que les employeurs ajouteront des emplois à peu près au même rythme pendant le reste de cette année. Cela générerait environ 2,5 millions de nouveaux postes. Cela ne représenterait malgré tout qu’une petite part des 7,5 millions d’emplois supprimés durant la récession ».
Eh bien, au moins, on progresse… mais lisez attentivement les deux paragraphes suivants :
« Facteur essentiel dans cette baisse du chômage, la proportion de gens qui ont un emploi ou en cherchent un est étonnamment basse compte tenu de l’avancement de la reprise ».
« Les personnes qui ont cessé de chercher du travail pendant le ralentissement ne sont pas comptées comme chômeurs. Si elles recommencent à chercher un emploi en grand nombre, elles seront à nouveau comptées et le taux de chômage pourrait grimper. Cela pourrait se produire même si l’économie crée des emplois ».
Voyons voir, l’économie doit créer 125 000 emplois par mois simplement pour suivre la croissance démographique. Même ainsi, ce n’est pas si épouvantable. Net, ça nous donne près de 100 000 emplois dans le vert. Hmm… avec sept millions de personnes au chômage… et peut-être cinq millions qui ont cessé de chercher un travail… on a environ 12 millions d’Américains sans emploi. Si l’on tient ce rythme — en récupérant environ 100 000 emplois par mois — combien de temps faudra-t-il à votre neveu récemment licencié pour trouver un nouvel emploi ? Seulement 10 ans, à vue de nez !
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