Depuis 45 ans, nos politiciens n’ont de cesse de recourir au « créditisme » pour nous promettre « des lendemains merveilleux ». Libre à chacun d’entre nous de se laisser séduire par les mirages de cette solution de facilité… ou au contraire de rejeter ces tentatives de corruption à répétition, comme l’a conclu Simone Wapler.
En plus d’élaborer d’innombrables subventions des intérêts privés au détriment de l’intérêt général, les politiciens français utilisent souvent leur « jus de crâne » pour se faire passer pour des génies. Le problème, c’est que leurs prédictions ont souvent lieu a posteriori…
Ceux qui avaient prévu l’épisode des gilets jaunes
A tout seigneur, tout honneur. Commençons avec celui qui aurait pu battre Emmanuel Macron aux dernières présidentielles s’il l’avait voulu, j’ai nommé François Hollande. Voici ce qu’il déclarait au mois de février, au travers d’un jeu de mots dont lui seul a le secret…
« Il fallait faire attention, tout simplement reconnaître que ce sujet existait, et ne pas faire la leçon », expliquait-il dans ce qui ressemble à une pique lancée à celui qui a pu devenir président parce que l’ancien maire de Tulles a renoncé à se présenter.
Après le burlesque des prévisions à rebours de François Hollande, je vous propose la vision cocasse du groupe de travail sur le SNU (le Service national universel, dont j’ai déjà eu l’occasion de vous parler).
Le 26 avril 2018, ce groupe composé de membres hautement qualifiés a remis au gouvernement son « Rapport relatif à la création du SNU ».
Au sein des 82 pages que compte cet exposé, une pépite (relevée par l’inénarrable député Joachim Son-Forget) se distingue. En effet, voici ce que nos généraux, préfets et autres secrétaires d‘Etat proposaient pour le SRU, à l’issue d’une « phase initiale de cohésion » qui devrait se dérouler « à partir de 15 ans et au plus tard à 18 ans » :
Lequel gilet jaune fluorescent aurait d’ailleurs été « siglé service national », s’il vous plaît.
Comme vous pouvez l’imaginer, l’idée a finalement été écartée…
Reste cependant la « tenue commune », pour reprendre les termes du rapport. S’il est vrai qu’elle ne ressemble pas à un uniforme militaire (ce que le groupe de travail voulait justement éviter, afin de « bien marquer que le service national universel n’est pas un service militaire rétabli »), force est de constater qu’elle n’est pas sans rappeler les uniformes ASVP…
Comme le rapporte Europe 1 :
« L’uniforme désigné a été dessiné par des élèves du lycée Le-Corbusier à Tourcoing, dans le Nord. Ils ‘ont transposé de façon artistique et graphique les valeurs de la République‘, a déclaré le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education [Gabriel Attal] ».
Voilà effectivement de quoi inculquer de sacrées valeurs à la jeunesse…
Ceux qui ont prévu que les libertés individuelles allaient en (re)prendre un coup
Poursuivons avec le président en exercice. Il ne vous a sans doute pas échappé que côté libertés, la situation a continué de régresser sous Emmanuel Macron.
Comme le résumait Nathalie MP le 8 avril dernier :
« Emmanuel Macron entretient manifestement un lien complexe avec la liberté. Convaincu que ce qu’il tient pour ‘bien’ doit absolument triompher de tout, y compris au mépris des libertés individuelles, on l’a vu successivement intégrer la plupart des dispositions administratives de l’état d’urgence dans le droit commun (2017), suggérer et obtenir une loi contre les fake news en période électorale (2018) et tenter d’imposer une interdiction de manifester sur la base de soupçons des plus vagues dans la récente loi anti-casseurs – disposition heureusement retoquée la semaine dernière par le Conseil constitutionnel. »
On nage effectivement dans un illibéralisme assez sauvage, comme le récapitule Daniel Tourre.
Sans parler du fait que le président se verrait bien supprimer l’anonymat sur les réseaux sociaux ou encore rémunérer directement des journalistes au sein de chaque rédaction, afin de préserver la vérité de l’information.
Vous êtes surpris de la tournure que prend ce quinquennat en matière de libertés individuelles ? Les esprits chagrins ne manqueront alors pas de vous rappeler que le président avait involontairement annoncé la couleur dès le 20 septembre 2017, alors que la France en était à presque deux ans d’état d’urgence…
Heureusement, le salut pourrait venir du futur, comme l’envisageait Le Gorafi en mars 2017.
Avec un peu de chance, le site d’informations parodiques se sera simplement trompé sur la date de leur rencontre…
Ceux qui prévoient un sombre destin pour l’Union européenne (mais qui n’ont pas de solution pour la sauver)
Il y a encore plus prescient que le président. Vous savez que notre ministre de l’Economie et des Finances est doté d’une intelligence extraordinaire et d’une puissance de travail hors du commun. Il a en effet réussi l’exploit de publier son deuxième ouvrage depuis le début de l’année.
Or, comme le rapporte L’Opinion :
« Dans Le nouvel empire, l’Europe du vingt et unième siècle (Gallimard), le ministre des Finances alerte sur le risque de ‘vassalisation’ du Vieux continent face aux puissances américaine et chinoise [jusque-là, tout va bien], et plaide pour un sursaut politique et économique qui doit mener à la construction d’un ’empire paisible’ [c’est là que ça se corse]. »
J’ai lu une bonne dizaine de recensions de cet ouvrage et je tiens à rendre hommage aux journalistes qui ont ingurgité ces 112 pages « de volontarisme politique et d’ambition » (présidentielle ?), pour reprendre les mots de Bruno Le Maire.
On sent en effet combien ces gazetiers ont ramé pour recenser ce bouquin manifestement composé d’une succession de considérations d’une banalité confondante et au sujet desquelles il n’y a manifestement rien d’intéressant à dire.
Voyez donc :
« Il faut une Europe puissante forte face à ‘l’America first’ de Donald Trump », « soit l’unité l’emporte, soit ce sera la féodalisation, avec le regroupement d’Etats… repliés sur eux-mêmes et défendant leur intérêt national », « on obtiendra l’adhésion par la réalisation des projets et une ambition politique puissante »…
… J’en passe et des pires.
Rien de particulier à dire, donc, si ce n’est qu’après la publication de son dixième ouvrage, on peut assurément conclure au sujet de Bruno Le Maire qu’il est un écrivain plein d’avenir.
Ceux qui ont vu qu’ils allaient être élus (et les instituts de sondage non plus)
En parlant d’avenir, d’autres, à l’extrême gauche de l’échiquier politique, sont à ce point convaincus d’avoir lu leur accession au pouvoir dans un marc de café équitable qu’ils ont beaucoup de mal avec les résultats publiés par les instituts de sondages.
En annonçant des résultats « à deux chiffres » pour les élections européennes alors que les estimations ne leur donnent que 7% à 8%, « cela nous permet de savoir où nous en sommes vraiment », indiquent des cadres de LFI.
Au moins ces derniers auront-ils la chance de se voir ramenés à la réalité d’ici trois semaines !