Le bitcoin agit comme un révélateur des vices cachés de nos actuelles monnaies fiduciaires.
Je ne pensais jamais pouvoir lire un jour un tel éditorial dans Les Echos.
Il est signé du rédacteur en chef « Finance et Marchés », Guillaume Maujean.
Le quotidien économique français est dans une ligne éditoriale très « grand public », ses pages sont remplies d’annonceurs du monde de la banque, de la finance, des grandes entreprises publiques ou privées. Il appartient au groupe LVMH.
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Si sa fiche Wikipedia indique que « sa ligne éditoriale est indépendante, non partisane, favorable à l’économie de marché, ouverte sur le monde et notamment le monde européen », Les Echos penche plutôt du côté de la Parasitocratie. On y aime bien l’Etat pourvoyeur d’aide, les industries subventionnées, on ne dédaigne pas un impôt qui touche « les autres », je n’y ai jamais trouvé de vibrants plaidoyers pour le libre-échange.
Par conséquent, l’article de Guillaume Maujean brille comme un diamant dans cette tiédeur consensuelle.
Cher lecteur, je vous enjoins évidemment à lire cet article dans son intégralité.
En voici quelques points forts :
« Au-delà de ses acrobaties boursières, le bitcoin nous raconte une histoire. Il est né en 2009, juste après le déclenchement de la crise financière du siècle, et ce n’est évidemment pas une coïncidence. Il a pris son essor peu après qu’Edward Snowden a révélé comment la NSA organisait une surveillance de masse des citoyens, et ce n’est pas un hasard non plus. »
Mon commentaire ému : c’est exactement cela, Edward Snowden est un saint laïc. Surveillance des individus et contrôle de leurs transactions sont les deux mamelles de notre servitude.
« Car le bitcoin rassemble une communauté porteuse d’un projet politique : libérer la monnaie de l’Etat et des banques. Il porte des valeurs et une idéologie : la revendication d’une devise pure et apatride, la promotion des libertés individuelles, la défense du marché libre… »
C’est exact et c’est cela que craignent justement les banques centrales.
« L’explosion des subprimes et la faillite de Lehman Brothers ont jeté le discrédit sur l’industrie bancaire. Les Etats sont condamnés à venir à la rescousse des établissements en perdition. Les banques centrales font alors tourner la planche à billets. Elles injectent des milliers de milliards de dollars dans l’économie pour éviter un remake de la Grande Dépression. »
Mon commentaire très légèrement grincheux (on ne se refait pas) : le spectre de la Grande Dépression est toujours agité pour sauver les zombies. Mais oui, M. Maujean, le bitcoin est bien une réaction à cette création monétaire.
« Le bitcoin, lui, ne dépend d’aucun Etat, d’aucune banque, ni d’aucune autorité centrale. Il n’y a aucune possibilité d’éroder sa valeur en menant une politique inflationniste ou en faisant tourner la ‘planche à billets’, puisque les règles du jeu ont été fixées dès le départ et sont immuables. »
Exactement. Nous ne serions plus les cobayes des expériences monétaires, des « dévaluations compétitives » et autres billevesées qui nous sont infligées par de doctes et pompeux monétaristes, économistes, banquiers centraux et politiciens en mal d’argent facile.
« C’est la pierre de touche d’un système où les individus sont enfin affranchis de tout arbitraire politique. Le moyen de se libérer de l’emprise de l’Etat et du contrôle que celui-ci exerce sur les informations relevant de la sphère privée. Le rêve de la philosophe Ayn Rand et des libertariens qui devient réalité .
Bravo ! Oui. Dans la vallée merveilleuse des héros de La Grève, le roman clé d’Ayn Rand, on échangeait de l’or ; mais si John Galt avait eu un ami créateur du bitcoin, celui-ci aurait certainement eu cours en même temps que l’or (au passage, si vous n’avez rien à lire dans les trains qui fonctionnent de plus en plus mal, je vous conseille La Grève à commander sur Amazon ou directement aux Belles Lettres).
Mais retour à la réalité. Le bitcoin est extrêmement dangereux pour la Parasitocratie et il sera combattu comme un ennemi mortel s’il devient trop populaire.
Ceci est l’évolution du nombre de transactions…
En premier lieu, bitcoin supprime la rente de Visa, Mastercard, et de tous les réseaux vivant de commissions de transfert.
Mais ce n’est pas tout.
Une monnaie a deux usages : les transactions et l’épargne, comme le rappelle Peter St.Onge du Mises Institute (*). L’épargne représente 90% de la demande de monnaie.
Personne – à moins d’être assez expert en finances- ne sait encore trop ce que c’est que le quantitative easing, le « bilan des banques centrales », les politiques non conventionnelles, la répression financière et les taux directeurs à zéro. Mais après 10 ans de taux artificiellement bas, tout le monde a compris que c’était au détriment des gens qui avaient ou mettaient de l’argent de côté et au profit des nécessiteux (les entreprises et banques zombies). Avec les taux négatifs, les parasitocrates ont poussé le bouchon un peu loin.
La lutte officielle contre le bitcoin va s’organiser. Elle passera par la taxation, évidemment. Mais cette lutte ne fera que mieux révéler que la monnaie des banquiers centraux est frelatée.
[NDLR : n’oublions pas aussi que derrière le bitcoin se niche la fabuleuse technologie blockchain. Découvrez avec notre spécialiste comment investir profitablement dans ce domaine sans avoir à choisir une seule cryptomonnaie.]
(*) https://mises.org/wire/what-gives-cryptocurrencies-their-value
1 commentaire
Un risque de solvabilité du BTC se présente. Selon la théorie des carnets d’ordre, la valorisation du BTC se fait sur les dernières transactions. Ainsi, ce matin par exemple, des acheteurs ont négocié seulement 100 BTC à 17.000$, soit un volume de 1,7M$. Mais imaginons que les acheteurs de la première heure, qui les ont eu pour 1$, et flairent le loup, souhaitent arrêter la partie et revendre leurs 17 millions de BTC, en même temps ! Les plates-formes vont devoir mobiliser… 289 Mds$ ! Qu’ils n’ont pas puisque la somme des dollars jamais injectés n’est que d’un peu plus de 17 millions de BTC*1$/BTC=17 M$. Donc les premiers sortants pourront éventuellement récupérer leur mise (17 K$/BTC), alors que les suivants verront porte close.
Bien sûr, cela suppose que les dollars injectées dans ces plates-formes (étrangères ?) ne sont pas immédiatement transférés dans des paradis fiscaux par la mafia qui les opère. Elles sont totalement opaques.