Les chiffres de l’emploi publiés vendredi 8 juillet révèlent que 287 000 Américains ont trouvé un emploi en juin, en hausse par rapport aux 11 000 du mois de mai.
Les investisseurs ont considéré que c’était une nouvelle si remarquable qu’ils se sont rués sur les actions. C’est du moins ce que racontent les grands organes de la presse financière.
Mais des chiffres portant sur un seul mois ne sont pas significatifs. D’ailleurs, on ne devrait même pas prendre en considération les chiffres honnêtes, non plus : c’est simple, ils ne contiennent aucune information utile.
Les chiffres émanant de l’Etat sont pires. Ce sont des mensonges, des fabrications statistiques qui édulcorent tellement les données qu’elles pourraient vous déclencher une crise de diabète.
Dans le contexte de crise économique prolongée que nous vivons depuis 2007, les gens renoncent. Ensuite, s’ils demeurent hors du marché de l’emploi pendant quelques années, ils peuvent avoir énormément de mal à le réintégrer.
Or les statisticiens ne font pas qu’ignorer ces gens, ils les font disparaître.
Actuellement, le taux de chômage officiel est au-dessous des 5%, tout comme en 2001. Cela voudrait dire qu’il y a 19 fois plus de salariés que de chômeurs. Mais si vous prenez le nombre de chômeurs actuels et que vous le multipliez par 19, vous arrivez bien au-dessous du nombre de personnes en âge de travailler.
Si l’on conserve le même ratio de conjoints au foyer et de tire-au-flanc qu’il y a 15 ans, alors il nous manque environ 15 millions de personnes.
Que leur est-il arrivé ?
Elles sont invisibles. Elles vivent dans des coins reculés et ne font aucune contribution aux campagnes électorales. Elles ne répondent pas aux appels d’offres publics, n’écrivent aucune lettre courroucée à la rédaction. C’est comme si elles n’existaient pas.
Mais attention : ce ne sont peut-être pas que des perdants au bout du rouleau, vestiges de l’économie « d’antan ». Ils nous montrent peut-être ce qui nous attend tous.
L’avènement des robots
« Les robots sont en train de prendre le pouvoir », nous affirme un ami.
« D’abord, ils ont réalisé les tâches les plus simples, les plus mal payées. Comme ils étaient en concurrence avec les bas salaires, les employeurs ne voulaient pas les acheter très cher. Mais à présent, ils deviennent de plus en plus sophistiqués. C’est là que cela devient intéressant.
Lorsque vous achetez un robot pour remplacer un salarié humain, en réalité vous capitalisez le coût dudit salarié. Disons qu’un salarié gagne 50 000 $ par an. Vous devez prendre en compte les 25 000 $ supplémentaires que vous dépensez en charges sociales, gestion du personnel, litiges, conseils, problèmes de gestion, santé, vacances, bureau, téléphone. Donc, son coût total est de 75 000 $. Et il ne travaille que huit heures par jour… cinq jours par semaine.
En temps normal, le coût du capital étant de 5% et la période d’amortissement d’un robot étant de 10 ans, vous pouvez vous permettre d’affecter un demi-million de dollars environ, à cette dépense. [Je n’ai pas fait le calcul. C’est juste une estimation.]
Mais voici où je veux en venir : à mesure que les salaires augmentent, vous pouvez affecter beaucoup plus. Si vous pouvez remplacer un gars qui gagne 100 000 $ par an, vous pouvez affecter un million… et ainsi de suite. »
On se débarrasse des salariés
Les robots devenant de plus en plus sophistiqués, ce n’est qu’une question de temps avant que la plupart des gens réalisant des tâches routinières, et pas si routinières que ça, se fassent remplacer.
Les robots ne se plaignent pas lorsqu’un contremaître frétillant leur pince les fesses. Ils travaillent de nuit ou font des heures supplémentaires sans broncher. Ils n’ont pas d’arrêt-maladie. Ils se fichent qu’il y ait un match de foot. Ils ne se cherchent pas d’excuses lorsqu’ils écrasent une vieille dame aveugle avec le fourgon de l’entreprise.
« Et devinez quoi ? » poursuit notre ami.
« L’Etat dit qu’il stimule l’économie et qu’il favorise l’emploi avec des taux d’intérêt ultra bas. Mais en réalité, il aide les robots à se trouver des jobs ».
Le coût du capital diminuant, le coût relatif du capital (par opposition au coût du travail) diminue également. Or un salarié ne peut être capitalisé. Plus depuis l’abolition de l’esclavage, du moins.
Mais le coût réel d’une machine diminue lorsque le coût de financement diminue. Il s’agit d’un investissement matériel. Donc, lorsque le coût du capital tombe à zéro, une société ayant accès à cet argent pas cher — voire gratuit – peut se permettre de payer une somme quasiment illimitée afin de se débarrasser de ses employés.
La politique des taux à zéro revient, en réalité, à programmer le plein-emploi des robots. »
5 commentaires
Je balance toujours entre deux perceptions qui me taraudent. Celle de Bill Bonner qui, par sa forte expérience (du dessus… et des dessous…) du marché des valeurs et du système financier qui s’y rapporte et sur lequel il porte, au final, un regard sans appel tout à fait lucide et que j’approuve, et celle des paradigmes qui sous-tendent les principes et mêmes les pensées qui tout au long de l’histoire économique ont formaté nos cervelles, en particulier celles du monde anglo-américain qui en est arrivé, sans le déclarer, à ‘dominer'(?) le monde par, d’abord, la révolution industrielle partie d’Angleterre aux XVIIème et XVIIIème siècles, et le — système financier — qui en est sorti (Banque d’Angleterre 1694, Law et la suite…) ce système financier est devenu en 3 siècles le modèle monétaire mondial, abattant les empires, fomentant les révolutions, induisant des guerres mondiales, contrôlant la démocratie et se servant d’elle comme d’un cosmétique séducteur qui sert à neutraliser les pouvoirs politiques devenus ses serviteurs comme le sont des gardiens d’immeubles au service de syndics quasi anonymes qui n’ont cure des locataires pourvus qu’ils paient et ne protestent jamais sinon ils sont expulsés, quelques soient les tribulations induites par le faux système financier régnant sur le monde (encore) contemporain…
Je suis sûrement arriéré, mais (et je l’ai toujours dit ici et là) je n’ai jamais compris pourquoi, dans cette problématique de — l’automatisation — galopante, l’on ne se soucie pas (sauf erreur grossière de ma ma part) que plus la robotisation se développe avec tous les « avantages » au premier degré que la robotisation procure aux investisseurs, plus les revenus par le travail s’amenuisent et, tôt ou tard, les clients solvables vont finir par disparaître… Or, c’est là où je suis sûrement très arriéré : que faut-il pour que l’économie se développe et progresse si ce n’est des clients solvables ? Henri Ford ne disait-il pas que ce qu’il lui importait était que ses ouvriers puissent acheter les voitures qu’ils fabriquaient? C’est simple quand- même! Les enfants comprennent ça. Mais je suppose que ce raisonnement doit être simpliste pour les cerveaux supérieurs et mondialisés qui nous ont plongés dans les crises de la situation contemporaine… Ce que vous décrivez fort bien avec une grande lucidité (entre autres, j’ai lu votre livre Hormegeddon) s’agissant des États-Unis. Les États-Unis, par la CIA et consorts, continuant leur travail silencieux de sape contre un maximum de pays pour que ceux-ci n’émergent jamais comme des puissances moyennes, voire fortes, équilibrées, et surtout indépendantes de la puissance des États-Unis… Car ces pays pourraient devenir trop dangereux pour la première puissance du monde… Les États-Unis et leur « prégnance » sur le monde ne deviennent-ils pas une gêne plutôt qu’un facteur de stabilité dans le monde?
Les gains de productivité ont sans doute centuplé et plus encore depuis 50 ans et les bénéficiaires de l’automatisation se généralisant ont été les grands gagnants (au moins jusqu’à maintenant dans un pareil système frelaté) — parce que — de nouveaux marchés étaient entraînés par les multinationales (spécialement les multinationales américaines) et que les « pompes à crédit » amorcées par ces multinationales dans le monde entier (1) ont — au départ — fonctionné pour les plus grands bénéfices des actionnaires qui étaient déjà les plus riches. Pour un dollar investi ici et là dans le monde, il en retournait des dizaines aux États-Unis et la prison usuraire pour les pus nombreux tombés dans le panneau de l’usure sans fin… Un vol institutionnalisé…
(1) chez Agora j’espère qu’on a lu les deux ouvrages de John Perkins
-les Confessions d’un assassin financier-, en français, 2005, 280 pages, éditions alTERRE, Canada
(www.al-terre.net).
et
-l’Histoire Secrète de l’Empire Américain- même éditeur, 2008, 357 pages.
Ces deux ouvrages sont parus d’abord en anglais,
en 2004, le premier -Confessions of an economic hit man-
chez Berrett-Kœhler Publishers, Inc. (San Francisco) http://www.bkconnection.com
en 2007, le second -The Secret History of the American Empire-
chez Penguin Group (USA) Inc. 375 Hudson street, New-York, NY 10014 USA
Ces deux ouvrages sont les – pièces manquantes – qui élucident à peu près toutes les années de l’actualité mondiale entre 1974 et 2005, sinon l’on n’y comprend pas grand-chose.
Les robots sont une excellente chose car ils vont permettre de relocaliser toutes les industries, en effet par rapport à un robot un chinois n’aura plus aucun intérêt.
Maintenant vous allez me dire : oui mais localement le robot détruit de l’emploi ? et bien non puisque l’emploi avait déjà été détruit par le dumping social de la mondialisation, en revanche le robot se mettant a produire localement, deviendra …. taxable ! l’état peut le décider à tout moment; L’ état taxe bien les salariés, donc pourquoi pas les robots, et cette idée tout à fait faisable n’est mentionné par personne ….
Donc tout cela ne peut être que mieux que le dumping social actuel qui est a la base de ce qui nous tue.
Le vrai point clé sera les matières premières, qui les détient, qui a la plus grande influence en Afrique, non pas la production qui via les robots et des barrières douanières qui seront (re)établis ne seront qu’à notre bénéfice.
Dernier point, on me dira que ok c’est bien mais en fin de compte, même avec une production relocalisés via des robots taxés le compte de l’emploi n’y sera pas ? Je répondrai que la nature fait bien les choses, et que la population qui est trop nombreuse se réajustera automatiquement, ce qui peut paraître un mal mais au contraire sera un bien pour l’humanité.
Dernier avantage d’une production locale par des robots taxés, les traîtres qui nous gouvernent et font tout pour que les locaux n’ait pas d’enfants, n’auront plus d’excuse pour dire qu’il faut une immigration masssive pour sauver les retraites (de préférence de pays dont la culture n’a rien a voir histoire de bien foutre le bordel) car avec les robots taxés plus besoin ! Et c’est là qu’on voit que les japonais (dont pas mal prédisent la faillite ..) ont tout compris !
Que penses Mr Bonner de cela, des futur robots taxés ?
Bien beau tous ca mais un robot ne va pas acheter un produit fabriquer par un autre robot
Quand j’ai l’occasion à table d’avoir un type se lamentant des conditions de travail pénibles de tel ou tel secteur, que les salaires sont bas pour ce genre de boulot, que c’est la faute aux gens aisées (riches et classes moyennes), blablabla : je lui répond que la robotisation est un progrès social car il supprime toute cette pénibilité -> La gars est scié.
Effet garanti.
Le type marxiste est ainsi face à ces contradictions : Il ne peut pas dire qu’il veut des emplois d’un côté et dire que la pénibilité c’est mal, il faut l’éradiquer.
Au moins nous n’auront plus à alimenter des caisses d’indemnisation d’accident du travail, des pénibilités -> autant d’argent en moins dans les caisses des syndicats par ricochet.
La robotisation supprime un type de travail, mais crée des besoins et du travail associé.
Ce qui gèle l’emploi plus sûrement que tout le reste, c’est le smig et le poids des charges sociales en général.
Je dis geler, parce que ce n’est qu’un problème législatif. La suppression du smig relèverait directement le marché du travail. OK, ce n’est pas pour demain.