Nous avons vu comment les poids lourds des prochaines élections présidentielles tentent de se faire passer pour des parangons de vertu en affichant de prétendues valeurs et convictions.
Aujourd’hui, je vous propose de nous intéresser à trois cordes que les politiques ont à leur arc, pour mieux vous embobiner.
La technique bien répandue de la langue de bois
Jean-François Copé avait ironisé sur le sujet en en faisant le titre de son livre Promis, j’arrête la langue de bois, publié en 2006 chez Hachette Littératures et que vous pourrez facilement acheter d’occasion « pour le prix d’un kilo de débouche-évier », comme disait Desproges.
Il faut croire que les Français n’ont pas été sensibles à ses confidences, puisque même après s’être assis sur le divan de Marc-Olivier Fogiel, le malheureux candidat ne sera parvenu à réunir que 0,3% des voix lors de la primaire de la droite et du centre.
Un vieux routier de la politique comme Alain Juppé recourt volontiers à cet art qui, lorsqu’il est parfaitement maîtrisé, permet de ratisser très large (mais pas assez, apparemment… il faut dire que la concurrence est rude !), avec des tweets du genre : « je veux un libéralisme juste. Je veux une France moderne et confiante en l’avenir car je suis un gaulliste humaniste ».
La relève est assurée avec de nouveaux visages, comme Audrey Azoulay, à qui il aura fallu à peine un an de ministère pour tweeter des phrases d’anthologie comme celle-ci : « je souhaite que l’avenir du #FIBD2017 soit construit ensemble, dans un sens du dialogue, de l’intérêt général et de la bonne volonté de tous » (à propos du festival de la BD d’Angoulême).
Mais la reine de la langue de bois, la number one de la xyloglossie – en tous cas à en croire François Hollande – c’est notre ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem : « elle est bonne, Najat, très forte en langue de bois », confiait le président aux auteurs de l’ouvrage à succès Un Président ne devrait pas dire ça.
Si vous comptez vous lancer en politique mais que vous ne vous sentez pas encore à la hauteur pour créer une Haute autorité du redressement solidaire républicain et biodégradable, ou autres coquilles d’oeuf administratives, vous avez toutefois la possibilité de vous exercer sur le « Pipotron » et le « Ministron« , ou encore en regardant cette vidéo de Franck Lepage qui vous permettra de déconstruire la méthode dans ses moindre rouages.
Les esprits les plus tortueux préféreront l’obscurcissement
Cette technique, popularisée par Alan Greenspan, président de la Fed de 1987 à 2005, consiste à brouiller l’esprit de l’interlocuteur de manière à ce qu’il n’ait aucune idée de ce que vous avez bien pu vouloir dire. Une autre manière de ne mécontenter personne, en somme. Simone Wapler explique : « on l’avait même surnommé ‘the master of obfuscation’, ‘le maître de l’obscurcissement’. ‘Si vous m’avez compris, c’est sans doute que je me suis mal exprimé’ avait-il dit lors d’une de ses conférences de presse ».
En dernier recours, il vous reste toujours la possibilité de passer en mode Jawad, voire Jon Snow
Si vous devez faire face à une accusation particulièrement grave, n’oubliez jamais que vous pouvez vous retrancher derrière l’oubli, la dernière des parades. De nombreuses personnalités ont continué de paver cette voie qui n’en finit pas, avec plus ou moins de succès.
Pour les plus proches de nous, on citera bien sûr Jérôme Cahuzac, frappé d’amnésie au sujet de la tenue d’une réunion à l’Elysée à propos de son compte caché en Suisse, mais aussi Claude Guéant, qui avait oublié de rendre un tableau qui lui avait été offert lorsqu’il était ministre, ou encore Bernard Tapie, qui ne se souvenait plus de rien lors de sa garde à vue de juin 2013.
Attention, cette méthode est un pis-aller qui doit être utilisé uniquement lorsque toutes les autres techniques ont échoué. Mais en dernier recours, votre mot d’ordre est être plus ignorant que Jawad : vous êtes Jon Snow, vous ne savez rien à rien !
Vous voilà maintenant parfaitement équipé pour rejoindre l’arène politique. Bonne chance, et que le meilleur gagne !
1 commentaire
Il y a aussi le « déviationisme », qui consiste à prendre des chemins de traverses, à la fin de la réponse, on ne sait plus quelle était la question… il y a aussi quelques spécialistes