** Parier contre un rebond boursier de fin d’année, c’est un peu comme parier contre le lever de soleil de demain. Mais tout de même, nous pensons que le pari en vaut la peine — contre un rebond, bien entendu.
– C’est un fait : les rebonds de fin d’année arrivent presque aussi régulièrement que les levers de soleil. Ces 78 dernières années, le marché a chuté seulement 13 fois entre le 13 décembre et le Nouvel An. En d’autres termes, il s’est repris dans 83% des cas.
– Tout le monde sait qu’il en sera de même tous les ans.
– Et non seulement ce rebond est prévisible, mais il est aussi vigoureux. Il semble surmonter tous les obstacles macro-économiques se tenant sur son chemin. En dépit des ravages de la Grande dépression, par exemple, et des traumatismes de la Seconde guerre mondiale, ce rebond a eu lieu tous les ans, de décembre 1934 à décembre 1953 — un cycle de 20 ans qui a fourni des gains moyens de 3,0% en fin d’année. Plus étonnant encore, les gains cumulés de ces rebonds sur 20 ans ont représenté 86% ou plus de la moitié des gains totaux du marché sur cette période de deux décennies.
– Nous devons cependant nous rappeler que ces statistiques impressionnantes suggèrent simplement des probabilités. Elles ne garantissent rien. L’année dernière, le marché a glissé de 1,4% entre le 13 décembre et Nouvel An. Ne pourrait-il pas chuter à nouveau cette année ? Si, bien entendu. Mais 73 ans ont passé depuis la dernière fois où le marché a trébuché deux fins d’années de suite. Durant la Grande dépression — en 1932 et 1933 –, les marchés boursiers américains ont produit de légères pertes entre le 13 décembre et la fin de l’année.
** Mais 2006 n’est pas une année de dépression… sauf pour les vendeurs à découvert positionnés sur les actions des marchés émergents. Le marché immobilier est peut-être en train de se désintégrer, l’Irak est peut-être en pleine implosion, le dollar est peut-être en train de s’effondrer et la calotte polaire est peut-être en train de fondre, mais les marchés boursiers semblent fêter tout ça. Depuis qu’il a atteint un creux à 10 706 points le 13 juin, le Dow Jones a grimpé de plus de 1 600 points — ou 15,2% — sans faire de pause durant sa montée.
– Les prix des actions grimpent depuis tant de mois, désormais, que la plupart des investisseurs sont persuadés qu’ils continueront de le faire. C’est bien connu, il faut acheter des actions. Malheureusement, ce fait bien connu est peut-être aussi une complète folie. Il ne "faut" pas toujours acheter des actions — surtout quand tout le monde le fait.
– Depuis le 30 novembre, le Dow et le S&P 500 ont quelque peu grimpé, tandis que le Nasdaq et le Russell 2000 ont quelque peu chuté. En gros, le marché a stagné. Mais nous pensons que c’est sur le point d’évoluer — à la baisse.
– Ces deux dernières semaines, la plupart des chiffres concernant les sentiments des investisseurs sont devenus plus extrêmes encore. 59,8% des conseillers financiers sondés par <i>Investors Intelligence</i> sont désormais haussiers — c’est le plus haut pourcentage de l’année. Par contraste, seuls 23,9% des conseillers sont baissiers. En d’autres termes, les haussiers sont quasiment trois fois plus nombreux que les baissiers. Ce n’est pas vraiment de bon augure pour les prix des valeurs. Ces derniers chiffres forment un contraste frappant avec les sentiments pessimistes de la mi-juin, où les haussiers et les baissiers étaient à égalité, avec 35% pour chaque camp.
– "Historiquement, les haussiers sont entre 55% et 60% lorsque les indices atteignent des sommets record", selon Mike Burke et John Gray, rédacteurs de la rubrique "Sentiments des conseillers" dans <i>Investors Intelligence</i>. "Ces niveaux d’optimisme extrêmes se révèlent souvent négatifs, parce qu’ils reflètent des positions complètement investies, ne laissant guère de liquidités pour d’autres achats".
– La récente suite de sept mois positifs consécutifs pour le Dow Jones est la série gagnante la plus longue depuis plus de dix ans. Les gains mensuels, hebdomadaires et quotidiens des marchés ces sept derniers mois n’ont pas été particulièrement impressionnants, au total, mais ils ont été incroyablement réguliers. Pas étonnant donc que les investisseurs fassent preuve d’un excès d’optimisme. Des gains boursiers apparemment sans efforts les poussent souvent à des excès de complaisance confortable.
– Ne reste plus qu’à placer vos paris…