▪ Evidemment, la grande nouvelle de ces derniers jours, c’est que Larry Summers s’est retiré de la course à la Fed. Si seulement Janet Yellen et Don Kohn faisaient de même !
Qui resterait alors pour briguer le poste à notre place ? A peine 50 000 économistes environ — chacun étant plus intelligent, plus diplômé, avec un carnet d’adresses plus riche, de meilleures aptitudes sociales et une coupe de cheveux plus réussie…
Depuis le début, notre campagne pour devenir le prochain directeur de la Fed était mal partie.
Premièrement, nous ne sommes absolument pas qualifié pour jouer à ce jeu.
Deuxièmement, nous n’avons aucune envie d’y jouer.
Troisièmement, nous pensons que le jeu est entièrement truqué… corrompu… et idiot.
Quatrièmement, s’il y avait besoin d’un quatrièmement, tout le monde ou presque pense que nous avons tort sur toute la ligne.
▪ Un cher lecteur nous écrit…
"Euh, Bill", commence-t-il… ou à peu près, "John Mauldin et Gary Shilling [sans parler de votre collègue Justice Litle] ont de solides arguments démontrant que ce sera une très bonne décennie pour les Etats-Unis et les actions américaines. Ne pensez-vous pas qu’il est temps de reconsidérer votre position ?"
Les preuves s’accumulent, disent-ils, que le dollar américain est et restera la devise la plus fiable du monde… que l’économie américaine fera mieux que toutes les autres dans les années qui viennent… et que toute la structure de capital américaine est saine… de plus en plus saine.
Nous pouvons résumer leurs arguments en une phrase : dans les années qui viennent, les Etats-Unis auront plus d’enfants et plus de barils de pétrole que leurs rivaux.
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Le taux de fertilité américain, par exemple, est de 2,06% — presque un record pour les pays développés. Mais si la natalité augmente le nombre d’habitants, et probablement le PIB, elle ne fait rien du tout pour ce qui compte vraiment — la richesse réelle per capita.
S’il en allait autrement, les pays ayant des taux de natalité élevés, comme le Niger et l’Afghanistan — tous deux ayant des taux de fertilité dépassant le 7 — seraient les pays les plus riches du monde. Avoir plus d’enfants ne suffit pas.
Quant au pétrole, il est censé être un élixir aussi magique que visqueux. Vous avez perdu votre vigueur ? Essayez le pétrole. Vos industries auront un avantage compétitif… vos consommateurs paieront leur énergie moins cher… et votre compte courant enregistrera un joli excédent.
Si c’était vrai, qu’est-il arrivé à la Chine, à la Russie, à l’Arabie Saoudite et à l’Iran ? Il s’avère que quatre sur six des principaux producteurs de pétrole au monde ne sont pas des pays riches. Ce sont des pays pauvres. En d’autres termes, il y a plus, dans cette histoire d’énergie. Beaucoup plus.
Ce qui compte vraiment, ce n’est pas la quantité d’énergie qu’on produit, mais ce que l’on en fait. Et à mesure que les sociétés stables mûrissent, elles tendent à utiliser leur énergie moins efficacement. Elle est gâchée à tenter de se plier à des règles… à payer des lobbyistes… à remplir des papiers, à faire de l’optimisation fiscale… et à soutenir les zombies.
▪ Les zombies prolifèrent
Comme lu dans The Week, désormais, sept personnes sur 10 aux Etats-Unis reçoivent plus du gouvernement fédéral qu’elles ne paient en impôts. Bons alimentaires, contrats de défense juteux, prêts étudiants qu’on ne remboursera jamais…
Mais les chiffres de The Week ne font qu’effleurer la surface. Les zombies sont partout. Le Wall Street Journal de lundi publiait un article intitulé "Les protectionnistes vous vident encore les poches". Il rapportait de quelle manière les entreprises de contreplaqué américaines s’y prennent pour interdire le contreplaqué made in China. Pourquoi font-elles ça ? Pour maintenir les prix… et leurs propres profits… élevés. Les fabricants de contreplaqué sont des Américains honnêtes et productifs, supposons-nous. Mais leurs lobbyistes les ont transformés en zombies — utilisant le pouvoir policier du gouvernement pour transférer l’argent des consommateurs vers eux-mêmes.
Des industries entières sont corrompues. L’éducation, la défense, la finance — aucune ne produit de gain net pour la société américaine. C’est-à-dire que chaque dollar "investi" dans ces secteurs rapporte moins de 1 $ de bénéfice réel. Mais ce sont là les secteurs qui ont de nombreux lobbyistes. Ce sont les secteurs qui reçoivent l’argent. C’est à ces domaines que seront consacrées les ressources énergétiques additionnelles.
▪ En bourse aussi
Il suffit de regarder ce qui se passe sur les marchés boursiers. Les actions grimpent… sur la promesse d’investir encore plus de ressources dans un programme qui ne mène à rien. De Bloomberg :
"Les actions américaines grimpent après que des statistiques décevantes ont soulagé les inquiétudes sur la fin du QE3".
"Les actions US ont grimpé, le Dow Jones Industrial Average terminant sa meilleure semaine depuis janvier, tandis que des statistiques économiques décevantes nourrissaient le pari que toute réduction de la politique de relance de la Fed ce mois-ci resterait modeste".
"’Le consensus est que la reprise est entamée et qu’elle continuera de se faire lentement’, déclarait lors d’un entretien téléphonique Channing Smith, qui aide à gérer environ 1,2 milliards de dollars pour Capital Advisors Inc. à Tulsa, en Oklahoma. ‘La Fed commencera à réduire mais ce sera sur une échelle de 10 milliards de dollars, ce qui ne devrait pas avoir d’impact’."
Dans les faits, la Fed a transformé les investisseurs en zombies aussi. Elle imprime de l’argent (à partir de rien) — et cet argent fait grimper les prix des actifs des investisseurs… les rendant, par rapport à d’autres Américains, plus riches.
Alors où iront ces nouvelles ressources énergétiques ? Dans l’économie réelle ? Ou dans l’économie zombie, qui se développe de plus en plus vite ?