En ce moment, on ne parle que de la chute des prix du pétrole. Pourquoi ?
Je vais vous révéler un peu plus loin certains éléments que vous ne connaissez probablement pas sur la façon dont sont fixés les prix du pétrole— une explication donnée par le seul homme qui semble avoir compris cela : Warren Mosler, ancien banquier et excellent gestionnaire de hedge fund. Warren Mosler est également un pionnier de l’école de la pensée macroéconomique appelée Théorie Monétaire Moderne, ou TMM.
Mosler a récemment écrit une série d’articles brillants sur les prix du pétrole.
Les Saoudiens sont les producteurs d’appoint du monde entier et ce sont eux qui fixent les prix. Ils fournissent les 9 à 10 millions de barils de pétrole brut d’appoint consommés quotidiennement |
D’abord, il faut comprendre que les Saoudiens sont les producteurs d’appoint du monde entier et ce sont eux qui fixent les prix. Ils fournissent les 9 à 10 millions de barils de pétrole brut d’appoint consommés quotidiennement. "Les Saoudiens ne vendent pas au prix au comptant sur le marché. Ils fixent des prix pour leurs clients/raffineurs et les laissent acheter la quantité qu’ils veulent à ces prix-là," explique Mosler. "Dernièrement, les prix qu’ils ont fixé l’ont été avec un écart constant par rapport à divers prix de référence, comme le Brent."
Par conséquent, s’ils décident, comme ils l’ont fait, de vendre moins cher et de laisser les raffineurs acheter la quantité qu’ils souhaitent, cela fait chuter les prix pour tout le monde, car les acheteurs se réfèrent au prix des Saoudiens. Ces demandes exigent des fournisseurs qu’ils s’alignent sur ces prix ou qu’ils laissent du pétrole invendu tant que les Saoudiens peuvent satisfaire la demande. Autrement dit, le comportement de l’Arabie Saoudite crée une spirale descendante tant qu’elle continue de casser les prix.
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Pendant ce temps, la demande de pétrole est restée stable comme le montre Mosler. Pour lui, on ne peut pas parler d’"excès d’offre" mais plutôt d’une réaction aux prix fixés par les Saoudiens. Par conséquent, les prix du pétrole n’augmenteront pas jusqu’à ce que :
1) Les Saoudiens augmentent leurs prix ou que
2) La demande physique augmente au-delà de la capacité des Saoudiens à augmenter leur production.
▪ Armez-vous de patience…
"Les Saoudiens ne réduisent jamais leur production" remarque Mosler. "Ils fixent les prix et laissent le monde acheter ce qu’il veut à leur prix. Personne ne semble savoir cela. Tout comme personne ne demande jamais s’ils vont augmenter les prix."
Le Ministre du pétrole saoudien, Ali Al-Naimi, dit exactement cela.
Il a ainsi déclaré que les Saoudiens ne réduiraient pas leur production "quel que soit le prix." Dans une récente interview il a également déclaré : "Qu’il baisse à 20 $, 40 $, 50 $, 60 $, peu importe." Pour l’Arabie Saoudite, comme pour les autres producteurs du Golfe, les coûts sont extrêmement faibles, entre 4 $ et 5 $ le baril.
Les Saoudiens tiennent en laisse les marchés mondiaux du pétrole. A moins que l’un de ces deux éléments mentionnés plus haut (ou les deux) ne survienne, il est difficile d’imaginer un scénario où les prix du pétrole atteindraient à nouveau 100 $ le baril, ou même 80 $.
Je dirais donc que les prix du pétrole resteront bas plus longtemps qu’on ne le croit |
Je dirais donc que les prix du pétrole resteront bas plus longtemps qu’on ne le croit. Cela signifie qu’il n’y a pas urgence à essayer de se positionner sur des plus bas dans le pétrole.
Comme dans la plupart des baisses, il y aura assurément une phase difficile, source de grande angoisse, qui s’accompagnera de beaucoup de faillites. Mais nous n’en sommes pas encore là. Les valeurs pétrolières sont en baisse, certes. Mais je m’attends à voir une ou deux grandes compagnies pétrolières couler. Et beaucoup de petites entreprises disparaîtront.
Seront également touchées les valeurs des entreprises de services pétroliers, les banques ayant une exposition énergétique et l’immobilier dans les lieux à la pointe sur l’énergie. Cette phase désagréable durera quelque temps — pas des semaines ni des mois mais probablement des années.