L’or hésite dans ce qui ressemble à une mini-correction. Ce peut être un bon moment pour se renforcer en actions minières en attendant la prochaine vague haussière.
Depuis le mois dernier, l’or fluctue au-dessus des 540 $ l’once. Il s’est offert une petite excursion au-delà des 570 $ (574,30 $ le 3 février) pour retomber à 546 $, un plus bas de trois semaine. Durant ces turbulences, dès que l’once se négociait en dessous de 550 $, les certificats d’or papier (ou Bullions ou ETGs) attiraient les acheteurs.
“La compréhension du comportement récent du marché des métaux devient difficile; il devient de plus en plus clair que les prix ont divorcé de l’offre et la demande sous-jacente”, commentait Alan Williamson, l’analyste métaux de la HSBC. Bref, nous entrons dans une phase irrationnelle.
La consolidation actuelle ne remet pas en cause les fondamentaux haussiers à plus long terme, comme le montre le comportement des minières. Ainsi, Anglogold a annoncé ne plus vouloir signer de contrat à terme. D’autres se sont engagées dans des acquisitions de juniors pour s’emparer de bonnes réserves. En dehors du spectaculaire rachat de Placer Dome par Barrick, Yamana a jeté son dévolu sur RNC Gold ; une autre canadienne, Goldcorp s’est emparé Virginia Gold et Iamgold de Gallery Gold. Ces opérations, effectuées en décembre, ont conduit à revaloriser le cours des proies de 20 à 25 %. Les minières demeurent donc encore un bon investissement, tant que le ratio once d’or / XAU reste favorable.
Le répit actuel ouvre même une opportunité pour se renforcer. Mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas encore si cette consolidation ira jusqu’à toucher les 510-525 $ ou bien si l’ascension de l’or reprendra reprendra de plus belle, sans crever le plancher de 540 $.
Quand on navigue dans le brouillard, rien ne remplace un bon indicateur d’où l’intérêt de suivre le ratio once d’or / XAU, qui a prouvé son efficacité par le passé.
Gold/XAU : l’indicateur clé des opportunités minières
Le XAU ou Philadelphia Index Gold & Silver Miners Index établit quotidiennement le cours moyens de douzes mines d’Amérique du Nord qui vendent majoritairement au comptant. Historiquement, un ratio Gold/XAU élevé indique une sous-valorisation des actions minières. Et inversement, un ratio Gold / XAU faible montre que le cours de l’or est bien intégré dans le cours des actions minières. Depuis 1974, deux limites historiques se dégagent : 5 et 3.
Lorsque le ratio Gold/XAU dépasse 5, les actions aurifères sont très sous-évaluées. Elles rattrappent ensuite leur retard avec une performance annuelle moyenne de 90 %. Lorsque le ratio Gold/XAU descend en dessous de 3, les actions minières sont surévaluées. Elles baissent alors à un rythme annuel moyen de 36 %.
Aujourd’hui, le Gold/XAU reste encore en dessous de 4 (3,93 au 13 février). On peut en déduire que, s’il est un peu tard pour acquérir les minières à grande capitalisation, de bonnes occasions subsistent pour les plus petites dont le cours est resté à la traîne sans raison technique.
La plupart des sites financiers donnent la cote du XAU et un prix de l’once au fixing (Londres ou New-York). Le ratio est donc relativement aisé à surveiller.
Les boules de cristal des prévisionnistes
En ce début d’année, les analystes nous gratifient de leurs prévisions. La fourchette de prévision va de 550 $ l’once à 900 $ l’once pour l’année 2006. Les arguments avancés sont les suivants :
– Fin de la vente d’or par les banques centrales qui a conduit à une baisse artificielle du métal précieux dans les années passées
– Déclaration d’achat par certaines
– Peur de la faiblesse du dollar
– Fin de la publication par la banque centrale des USA de la masse monétaire M3 dès mars. La masse monétaire M3 est un indicateur global de la monnaie (émission plus dépôts à terme plus emprunts d’Etat). Faute d’indicateur précis objectif, le “sentiment” sur le dollar risque de se détériorer.
– Réduction du volume des ventes à terme
L’once autour de 600 $ durant 2006 semble aujourd’hui un objectif raisonnable. Mais, si les 600 $ sont atteints avant le milieu de l’année, on pourra assister à un effet d’emballement. Dans ce cas, le seuil psychologique suivant se situera à 800 $, proche du record de 1981 à 875 $ l’once.
Il est aussi intéressant de remarquer que les différents commentaires évoquent peu la demande en joaillerie comme facteur sous-tendant le prix de l’or. C’est d’abord la demande des investisseurs qui est analysée. L’or semble bien avoir retrouvé son statut de valeur refuge.