** Si vous lisez ces lignes, cher lecteur, c’est un miracle — parce que la paralysie était quasi-totale dans les bureaux des Publications Agora cette semaine : notre système informatique a décrété qu’il n’acceptait que 25 connexions internet simultanées… et oppose à toute tentative supplémentaire un écran bleu Contact your system administrator for assistance.
C’est bien embêtant, pour une société comptant plus de 25 personnes et qui envoie toutes ses lettres, services et alertes par e-mail. Vous imaginez le jeu de chaises musicales informatiques… les tractations et négociations… la ruée pour arriver le premier tous les matins afin de s’assurer sa connexion… les tentatives de corruption à la "si tu me laisses regarder mes mails je m’occupe de relire ta lettre d’information" auprès de collègues plus chanceux — et autres manoeuvres encore moins avouables.
Contacté, le fameux administrateur système nous a annoncé, la mine déconfite et l’oeil morose, que "le problème, c’est qu’il n’y a pas de solution".
** Un peu comme pour le dollar US, en quelque sorte — qui a atteint cette semaine un nouveau record, à 1,5910 pour un euro. Là aussi, le problème, c’est qu’il n’y a pas de solution.
Coincées entre la déflation et l’inflation, les autorités américaines se trouvent confrontées à un dilemme : laisser leurs concitoyens mourir asphyxiés sous la dette… ou détruire leur devise et, avec elle, la confiance que le monde entier accordait à l’étalon-dollar, sachant que les Etats-Unis dépendent littéralement des investissements étrangers pour garder la tête hors de l’eau.
Le choix est fait, comme le disait Sylvain Mathon dans le dernier numéro de Matières à Profits : "Face à [l’]anorexie économique, la Fed joue les infirmiers d’urgence et injecte du liquide à grands coups de seringue. Il faut doper, quitte à tuer le patient. La baisse des taux va continuer".
Mon collègue Addison Wiggin nous apporte un éclairage approfondi sur les problèmes du dollar dans son livre à paraître très prochainement — et dont je vous livre un petit extrait fraîchement traduit :
"La dette [américaine] grimpe en flèche — c’est ça, le problème. Ce serait différent si ces dépenses passaient dans un compte épargne ou un compte épargne retraite, ou, dans le cas des entreprises, dans des machines et des usines. Ce n’est pas le cas. La croissance actuelle du PIB [US] implique de dépenser de l’argent et d’en emprunter plutôt que d’utiliser les revenus. C’est bien là qu’est le problème — et c’est là que se produira l’effondrement du dollar. A un moment ou à un autre dans un futur proche, les Etats-Unis vont tout simplement se retrouver à court de crédit. Ils auront trop fait chauffer leur carte bleue".
"C’est la dette elle-même, hors de tout contrôle et en pleine aggravation, qui causera la perte du dollar. Plus la dette de consommation et la dette gouvernementale augmentent, plus le billet vert s’affaiblit. Cette crise monétaire est encore aggravée par le fait que la Chine prend le contrôle de l’économie mondiale : elle devient le premier importateur, fabricant et producteur au monde. […] Avant de pouvoir mettre fin à l’effondrement du dollar, ses causes — la dette galopante et la politique du gouvernement US — doivent être traitées".
Et quelque chose me dit que "l’administrateur système" de l’économie américaine n’a pas de bonnes nouvelles à annoncer au sujet du traitement des causes en question.