La Fed ne multiplie pas les pains, mais n’a aucun mal à multiplier les dollars. Et, s’ils sont très utiles pour investir, ils le sont en revanche beaucoup moins pour s’alimenter…
C’est ainsi qu’en l’an de grâce 2008, la Fed paniqua. Dans son hystérie, elle fit preuve d’une générosité sans précédent. Les indices actions américains bondirent de 500%. Puis les personnes détenant des actifs boursiers virent leur fortune augmenter de près de 84 000 Mds$ en à peine 14 ans.
Nous ne comptons plus le nombre de fois où nous avons dénoncé cette injustice au cours des quatorze dernières années. La Fed n’était pourtant pas en position de faire preuve de tant de largesse. Sa générosité envers les plus riches s’est exercée aux dépens de tous les autres.
Une taxe parmi d’autres
Ce phénomène s’est produit grâce à une taxe parmi d’autres : l’inflation. La Fed et plusieurs autres banques centrales ont en effet imprimé pour 25 000 Mds$ d’argent nouveau et ont injecté cette liquidité sur les marchés financiers en achetant des obligations (détenues principalement par les riches), des actions et d’autres actifs financiers (également détenus par les riches).
Les riches se sont enrichis à mesure que leurs actifs ont pris de la valeur.
Les injections de liquidité et les achats obligataires ont également eu d’autres effets. Ils ont détruit le système financier, fait gonfler la dette des États-Unis de 50 000 Mds$, habitué l’économie aux taux d’intérêt réels (c’est-à-dire après prise en compte de l’inflation) négatifs et ont provoqué une flambée des prix à la consommation sans précédent depuis quarante ans.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Et les gens ne veulent généralement pas écouter la suite. Peut-être que la Fed était animée des meilleures intentions et convaincue du bien-fondé de son action, mais le fait est qu’elle a extorqué l’argent des travailleurs pour remplir les poches des rentiers et des investisseurs.
Des conséquences non intentionnelles ? Peut-être.
Qui en souffre le plus ?
En attendant, plus personne ne parle de la pandémie de Covid. Dieu merci, cela commençait à devenir lassant. Désormais, nous avons une nouvelle crise… une nouvelle bête noire : la Russie. Cette fois, les nantis, les influenceurs, les décideurs nous ont mis du côté des bons pour combattre les méchants Russes.
Mais là aussi, ce n’est que la face immergée de l’iceberg.
Deux ans se sont écoulés depuis que la pandémie de Covid-19 s’est abattue sur les Etats-Unis. Avec le temps, nous découvrons qu’elle a également été un moyen d’extorquer l’argent des pauvres pour le redistribuer aux riches.
Par exemple, n’est-il pas surprenant que certains pays (même ceux avec des normes très basses en matière de santé publique, comme en Asie et en Afrique) aient affiché des taux de contamination au Covid très bas ? Pourquoi ? CNN nous informait il y a déjà près d’un an :
« Des chercheurs ont constaté que, fin 2020, les taux de décès dus au Covid-19 étaient plus de dix fois supérieurs dans les pays où plus de 50% des adultes sont en surpoids que dans les pays où moins de la moitié des adultes sont en surpoids.
Ils ont examiné les données sur la mortalité de la Johns Hopkins University (JHU) et de l’Organisation mondiale de santé (OMS) et ont constaté que, sur les 2,5 millions de décès dus au Covid-19 déclarés à fin février, 2,2 millions avaient eu lieu dans des pays où plus de la moitié de la population est en situation de surpoids.
Les chercheurs ont analysé les données et des études de plus de 160 pays et ont constaté que les taux de mortalité dus au Covid-19 augmentent avec la prévalence de l’obésité. Ils constatent que la corrélation persiste même après les ajustements liés à l’âge et au patrimoine ».
Après la pandémie, la guerre
L’Américain moyen consomme 3 800 calories par jour. Or, les États-Unis affichent l’un des plus grands nombres de morts du Covid dans le monde, avec un taux de près de 3 000 morts par million d’habitant. Au Bangladesh, où les vêtements pour personnes obèses n’existent pas, le virus n’a quasiment pas fait de victimes, avec un taux de décès de 175 par million (soit 17 fois moins).
Peut-être que la mise à l’arrêt de l’économie mondiale en 2020 a permis de réduire le nombre de morts de personnes souffrant d’obésité, mais il y a fort à parier que cela a contribué à augmenter le nombre de morts dus à la malnutrition.
Nous n’avons aucun chiffre ni élément factuel pour le prouver. Selon les estimations, 9 millions de personnes meurent de malnutrition et de maladies liées à la malnutrition chaque année. Et les personnes souffrant de la faim ne sont pas au bout de leur peine. Fox News :
« Le PDG de Goya Foods, Bob Unanue, a prévenu sur Fox & Friends Weekend que la guerre entre la Russie et l’Ukraine a un ‘effet dévastateur’ sur l’approvisionnement alimentaire, et que les pénuries devraient soutenir l’inflation.
Le président Joe Biden a déclaré le mois dernier qu’il fallait s’attendre à une pénurie de produits alimentaires après les sanctions infligées à la Russie par le gouvernement américain suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine.
‘Concernant la pénurie de denrées alimentaires, nous avons effectivement évoqué des pénuries de produits alimentaires et ce sera une réalité’, avait souligné Joe Biden en marge d’un sommet de l’Otan à Bruxelles.
‘La Russie ne sera pas la seule à payer le prix des sanctions’ a-t-il poursuivi. ‘De nombreux pays en paieront le prix fort, y compris les pays d’Europe et [les Etats-Unis].’ »
Des conséquences indésirables
Le prix du boisseau de blé a flambé, passant de 7,50 $ début février à plus de 10 $ au moment où nous écrivons ces lignes (après un sommet à près de 13 $ le 7 mars). Un démuni au Bangladesh aurait pu consommer jusqu’à 1 500 calories par jour l’an dernier et ainsi survivre, à peine. Maintenant que le coût d’une calorie a augmenté d’un tiers, il pourra consommer uniquement 1 000 calories par jour pour le même prix, un apport insuffisant pour survivre.
En Iraq, avant l’invasion américaine, des estimations évoquaient 500 000 enfants morts à cause des sanctions imposées par les États-Unis. L’ancienne secrétaire d’État, Madeleine Albright, estimait qu’il s’agissait du prix à payer pour que les sanctions, quelles qu’elles soient, portent leurs fruits. En 1996, elle déclarait à l’émission de TV 60 Minutes que 500 000 morts étaient « le prix à payer ».
Et maintenant, les pays riches se félicitent entre eux des sanctions dures qu’ils infligent à la Russie. Les « experts » en politique étrangère expliquent qu’il s’agit d’une guerre noble et glorieuse. Les patrons du secteur américain de la défense feuillètent les brochures de villas de vacances luxueuses à Aspen ou sur les côtes de la Caroline du Nord. Les dirigeants politiques anticipent une hausse des dons pour leur prochaine campagne de réélection.
Tandis que les démunis, les indigents et les affamés se serrent la ceinture.