Une technologie de plus promet de nous délivrer du mal, de l’ignorance et des mauvaises manières… Est-ce bien réaliste ?
Sommes-nous arrivés à destination ? Nos voitures volent-elles ? Avons-nous guéri le cancer et l’obésité ? Nos hommes politiques sont-ils encore des crapules ? Vieillissons-nous et mourrons-nous encore ?
Même si cet avenir reste lointain, nous pouvons être conquis de temps en temps.
Les percées technologiques offrent en effet des solutions… et permettent de faire des progrès. Certaines d’entre elles – comme le moteur à combustion, ou la dentisterie avec anesthésie – ont même éliminé une grande partie des inconforts de la vie. Mais la plupart des innovations – comme les mutations génétiques – se révèlent être en réalité des impasses, et font perdre du temps.
Souvent, les nouvelles technologies ne sont qu’une nuisance. Vous allez dans un bel hôtel, équipé des technologies les plus récentes de contrôle des équipements ménagers ; il vous faut parfois 15 minutes pour comprendre comment faire couler l’eau chaude dans la douche ou éteindre les lumières. Dans notre propre maison dans le Maryland, nous n’avons jamais pu (ou voulu) prendre le temps de maîtriser les commandes du système de chauffage, de ventilation et de climatisation.
Le grand échec d’internet
Internet s’est révélé être une énorme déception. Il a rendu accessibles toutes les informations possibles, à tout le monde, tout le temps. Cette innovation nous a permis de retirer tout notre argent d’une banque en faillite… organiser des flash mobs… ou découvrir d’où provient le « sha » dans « sha na na… » à la vitesse de la lumière.
Mais les « informations » trouvées se sont souvent révélées erronées, sordides ou confidentielles. Edward Snowden, par exemple, a dû s’exiler en Russie après avoir livré au public, via internet, des milliers de pages de documents que les autorités fédérales ne voulaient pas que vous voyiez.
Il y avait tellement d’informations – bonnes, mauvaises et terribles – que nous n’étions pas capables de dire de quoi il s’agissait. Désinformation… mensonges… pensées erronées… il était impossible de s’y retrouver.
Mais aujourd’hui, grâce à Dieu, nous sommes sauvés. Une nouvelle technologie promet de passer l’information au peigne fin, de la trier et de l’organiser de manière à ce qu’elle nous soit utile. Et elle est conçue et formatée pour n’être ni irrespectueuse, ni blasphématoire ni obscène, et pour ne pas nous trahir. Ni pour nous donner de « mauvaises » idées. Vous voulez savoir comment les abeilles trouvent les meilleures fleurs… qui était le colistier de Richard Nixon lors de sa première campagne présidentielle… ou comment distinguer un champignon vénéneux d’un champignon comestible ? Il vous suffit de le demander et on vous livrera la réponse – en quelques secondes.
Oui, une nouvelle forme d’intelligence est apparue : l’intelligence artificielle. C’est ce que rapporte Engadget :
« L’engouement du public pour ChatGPT depuis sa sortie en novembre dernier a ouvert les vannes […]. Des poids lourds comme Google, Microsoft, Meta et Baidu se disputent déjà la domination du marché avec leurs grands modèles linguistiques (LLM), tandis que tous les autres, d’Adobe à AT&T en passant par BMW et BYD, s’efforcent de trouver des utilisations à cette technologie révolutionnaire.
La toute nouvelle offre de services cloud de Nvidia, AI Foundations, permettra aux entreprises qui n’ont ni le temps ni l’argent nécessaires pour développer leurs propres modèles à partir de zéro de ‘construire, affiner et exploiter des grands modèles de langage personnalisés et des modèles d’IA génératifs entraînés avec leurs propres données et créés pour effectuer des tâches spécifiques à leur domaine’. »
Un grand coup d’éclat
Les investisseurs ont de nouveaux espoirs. Une nouvelle percée technologique ouvrira la voie à des profits sans précédent. Ouh là là !
Regardez ce qui est arrivé à Nvidia. L’action est la plus chère du Nasdaq. L’action médiane de l’indice se vend à 5,4 fois son chiffre d’affaires. Le prix de NVIDIA est de 29 fois son chiffre d’affaires.
Oui, il y a d’abord eu l’exubérance irrationnelle provoquée par internet à la fin des années 90. Puis il y a eu la folie des cryptomonnaies. Et maintenant, on entre dans une autre saison… et cela nous donne une autre raison… de s’extasier. On estime que le titre Nvidia devrait valoir 182 fois les bénéfices de l’entreprise. Depuis 1999, les investisseurs n’ont pas perdu la tête à ce point…
Et alors ? Maintenant, ils ont l’IA. Ils n’ont plus besoin de réfléchir. Vous voulez une opinion ? Un fait ? Une réponse ? Il suffit de demander à ChatGPT.
Mais attendez, Nvidia est déjà rentable, et même sans l’IA. Au cours des dix dernières années, son action a augmenté de 8 000%. Et maintenant, avec l’IA présente dans ses salles de conférences… et accessible à chaque employé muni d’un clavier… ce que l’entreprise pourrait faire par la suite dépasse l’imagination. Si l’action pouvait simplement répéter les performances des dix dernières années (sans l’aide de l’IA !), la valeur de l’entreprise atteindrait les 61 000 Mds$, soit environ la moitié du PIB prévu pour l’ensemble de la planète.
Cela nous semble peu probable.
Rappelons que des affirmations presque identiques ont été faites pour internet. Il allait « tout changer » et stimuler la production économique, à tel point que nous allions tous devenir riches. Avec un accès illimité à l’information, les erreurs appartiendraient au passé. Les capitaux ne seraient plus gaspillés dans des projets qui ne fonctionneraient pas. La connaissance – au bout de nos doigts – nous rendrait tous plus intelligents, plus sains et plus productifs.
Cela n’a pas été le cas. Au lieu de cela, la croissance de la productivité est désormais négative, les salaires réels baissent, l’espérance de vie diminue et les taux de croissance du PIB depuis le début du siècle représentent à peine la moitié ou le tiers de ceux d’avant 1999.
En ce qui concerne Nvidia, rappelons que l’éclatement de la bulle Internet en 2000 a entraîné Nvidia dans sa chute. L’action avait alors perdu 90% de sa valeur. Il lui a fallu 14 ans pour s’en remettre.
Que nous réserve l’avenir ? Un avenir glorieux où l’IA sera mise en valeur ? Ou une nouvelle déception ?