Depuis 2009, les marchés financiers ne fonctionnent plus comme des marchés libres mais sont « manipulés » par les banquiers centraux. Le meilleur exemple est celui des marchés obligataires de dettes publiques avec la mise en oeuvre des quantitative easing – depuis 2009 dans le monde anglo-saxon et 2014 en Europe continentale. La quasi disparition du fonctionnement concurrentiel de ces marchés conduit à la surévaluation de nombreux actifs obligataires.
Dès lors il devient presque inutile de savoir si tel actif ou tel actif va monter ou baisser en regardant les fondamentaux ou les primes de risque.
Il convient plutôt d’imaginer des scénarios du comportement des banquiers centraux et, plus compliqué à faire, du comportement des fonds spéculatifs (hedge funds) et des gros fonds souverains.
Voici ce que nous avons donc imaginé, et comment vous allez pouvoir adapter votre assurance-vie à ces diverses hypothèses.
Irréversibilité des politiques monétaires : les taux directeurs ne monteront pas
Nous vivons la fin des cycles de politique monétaire.
Jusque dans les années 2006-2008, les cycles de politique monétaire régissaient les grands pays de l’OCDE :
- rigueur avec hausse des taux directeurs lorsqu’il y avait de la croissance, des risques d’inflation monétaire ou salariale ou, accessoirement, lorsque la monnaie nationale s’affaiblissait ;
- assouplissement avec baisse des taux directeurs en l’absence de croissance, d’inflation ou en cas d’appréciation de la monnaie nationale.
Même si la tendance longue est à la baisse continue des taux, il existait quelques petites périodes de resserrement comme vous le voyez sur cette courbe. La dernière fut celle de 2003-2006.
Aujourd’hui, les cycles de politique monétaire restrictive n’existent quasiment plus ; la création monétaire ne se diffuse que très peu dans les circuits de l’économie réelle et certainement pas vers les salaires des pays développés – ce qui élimine la question de l’inflation ; la mondialisation financière et l’endettement des pays ne supporteraient plus des hausses de taux directeurs fortes et durables.
Les banques ont à leurs bilans des bombes à retardement. Elles ont acheté des obligations d’Etat à faible rendement et à prix très élevé en se finançant par de la trésorerie court terme peu coûteuse :
- si taux longs remontent, il s’ensuit une forte dévalorisation des portefeuilles obligataires des établissements financiers ;
- si les taux longs ne remontent pas, la marge nette d’intérêt des banques chute.
Il faut donc s’attendre à :
- une création monétaire toujours plus importante ;
- des taux d’intérêt durablement négatifs sur certains emprunts d’Etat.
Ça, c’était pour planter le décor.
Combien de temps cette manipulation des marchés financiers peut-elle fonctionner ? Cinq ans, 10 ans, 15 ans, 20 ans encore ? Nul ne le sait. D’où l’intérêt de réviser vos grandes allocations une fois par trimestre à la lumière des développements de cette crise.
Il faut impérativement, si vous êtes investis sur fonds euro dans votre assurance-vie, revoir significativement votre contrat.
Les assureurs le disent eux-mêmes, à l’image d’AXA : « L’offre traditionnelle d’assurance-vie a vécu. La garantie totale du capital doit notamment être repensée au profit d’une garantie partielle à laquelle on associerait un surplus de rendement pour l’épargnant. »
Prenez donc les devants au lieu de subir une allocation dictée par votre assureur.
Voici l’allocation initiale (nous la ferons évoluer au fur et à mesure des numéros) que je vous propose. Je vous expliquerai dans un instant pourquoi je vous la propose, et comment vous organiser pour y parvenir.
Sachez que je vous propose cette allocation car je sais que si vous êtes « prisonnier » de votre contrat en fonds euro, vous ne pourrez pas tout changer en une seule fois, d’une part. D’autre part, ayez en tête que même si vous devez fourgousser (reporter votre contrat en fonds euro sur des unités de compte, donc sur des fonds), vous devez quand même rester diversifié.
Vous allez sans doute trouver surprenant de ne pas voir figurer l’or, des fonds minières ou métaux précieux dans ma sélection. La vérité, c’est qu’il y a très peu de fonds qui permettent d’investir sur cette thématique dans le cadre d’une assurance-vie, et très peu d’assureurs qui les proposent. Donc, bien évidemment, si vous avez la chance d’avoir un assureur qui vous propose un fonds minière, vous le gardez, ou vous vous positionnez dessus (à hauteur de 20%).
Ceci étant dit, voici donc l’allocation que je vous conseille, à ce jour, et que nous ferons évoluer au fil des trimestres.
Comment organiser votre assurance-vie pour le troisième trimestre 2016 ?
Votre assureur vous propose des fonds, gérés par d’autres ou par lui-même. Dans ce menu qu’il vous propose, à vous de choisir le fonds dont la thématique se rapproche le plus de celle que je vais vous décrire.
Tous les trimestres, Mory Doré, notre spécialiste analyste risque, donne à ses lecteurs une sélection de fonds thématiques éligibles à l’assurance-vie, adaptée à son analyse macro-économique. Pour retrouver l’intégralité de ses conseils et la liste des fonds suggérés pour chaque compartiment, c’est ici.
L’actualité des politiques monétaires des banques centrales et de la conjoncture économique ainsi que les perspectives du quatrième trimestre 2016 nous permettront de réactualiser nos choix dans trois mois.
Rendez-vous donc début d’octobre.
1 commentaire
Bonjour,
En plus des obligations d’États que détiennent les banques, il y a un autre fardeau qui est leur exposition astronomique des produits dérivés adossés aux taux d’intérêt. Les médias français mainstream s’abstiennent à ne rien dire sur nos banques françaises. Pas étonnant par leur structure hiérarchique.
D’ailleurs, j’ai fait mes petits calculs sur leur solvabilité réelle et la taille de leur exposition sur les produits dérivés : http://www.investir-en-actions.com/pourquoi-vous-devez-vous-mefier-de-la-solvabilite-des-banques/
Bref, le but n’est pas de savoir quand ça va dérailler mais comment s’en prémunir. A titre personnel, je n’ai pas de contrat d’assurance vie fonds euros car cela ressemblait à un système à la Ponzi. Enfin, si le château de cartes s’effondrait alors on pourrait un choc psychologique sur les habitudes d’investissement des particuliers et des investisseurs. A court terme, ce serait douloureux mais constructif sur le long terme sous certaines conditions.
Cordialement,
Sovanna Sek, fondateur du blog Investir En Actions.