A plus de 3 250 $ l’once, l’or tutoie ses records historiques… mais le mouvement est loin d’être terminé.
L’or est un sujet que nous analysons en permanence et, depuis des années, nous disons qu’il doit être intégré à un portefeuille d’investissement équilibré.
Quoi qu’il en soit, à la mi-avril 2025, le cours de l’or évoluait autour de plus-hauts historiques supérieurs à 3 250 $ l’once.
Et l’or a le vent en poupe ces derniers temps. Le 5 octobre 2023, il cotait 1 830 $. Si l’on se base sur les cours actuels, cela représente un bond de 75 % en 18 mois.
L’or surperforme largement les actions cette année, mais il les a également surperformées ces 25 dernières années. En 1999, il cotait aux alentours de 250 $ l’once. Le gain réalisé depuis cette époque représente donc 1 180 %, ou près de 12 fois le prix de départ.
Avant 1971, il n’y a eu ni marché haussier ni marché baissier, dans la mesure où le monde fonctionnait avec l’étalon-or, et le cours est resté fixe – à 35 $ l’once – de 1944 à 1971.
Mais la tendance haussière de l’or ne s’arrête pas, et elle est indéniable. Sur toute la période de 1971 à nos jours – en comptant marchés haussiers et baissiers – l’or a progressé de plus de 9 000 %.
Historique des prix de l’or sur 100 ans.
Source : Vantage point
Certes, c’est du passé.
Ce que les investisseurs veulent savoir, c’est ce qu’il va se passer à partir de maintenant. C’est simple, l’or va grimper considérablement.
Voici pourquoi
La raison la plus fondamentale expliquant que l’or s’apprécie est simplement l’offre et la demande.
En 2010, les banques centrales – surtout celles des marchés en voie de développement – ont évolué du statut de « vendeur net » à celui « d’acheteur net » d’or. Les réserves d’or totales des banques centrales ont considérablement augmenté, depuis, passant d’à peine 30 000 tonnes à plus de 35 000 tonnes aujourd’hui.
Les principaux acheteurs sont les banques centrales de la Russie, de la Chine, de la Turquie, de la Pologne et de l’Inde. La Russie a porté ses réserves de 1 684 tonnes à 2 333 tonnes. La Chine a porté ses réserves de 1 181 tonnes à 2 235 tonnes. L’Iran est également un grand acheteur d’or, mais ce pays n’étant pas transparent, on ne connaît pas ses achats ni ses réserves.
Alors que la demande d’or augmente, la production stagne. De 130 millions d’onces en 2018, elle atteignait environ 120 millions d’onces en 2024. La production a légèrement baissé entre 2018 et 2022, puis s’est redressée lentement au fil des années 2023 et 2024.
« La production mondiale d’or est stable et le restera ».
Source : GlobalData
Selon les prévisions, la production d’or devrait augmenter légèrement entre aujourd’hui et 2030, mais il n’est pas prévu qu’elle dépasse le pic de 2018.
Cela ne veut pas dire que nous avons atteint le pic de l’or, où que l’on ne découvre pas de nouveaux filons, car ils existent.
Cela veut dire que l’or devient plus difficile à trouver et que le coût de production (surtout en eau et en énergie) augmente. Par conséquent, la production totale stagne.
Une demande qui augmente en permanence et une production qui stagne, c’est la recette idéale pour que le cours de l’or augmente.
Le deuxième moteur d’appréciation du cours est le rôle joué par les BRICS+. Ce groupe de pays composé au départ du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine (l’Afrique du Sud l’a intégré en 2010) s’est agrandi et compte désormais l’Egypte, l’Ethiopie, l’Indonésie, l’Iran et les Emirats arabes unis. Certains pays sur liste d’attente intègreront ce groupe au cours des années à venir. Il s’agit notamment de la Malaisie, du Nigéria, de la Turquie et du Vietnam.
Des discussions ont eu lieu, en 2023 et 2024, concernant une nouvelle monnaie BRICS qui détrônerait le dollar dans les échanges commerciaux entre membres et pourrait offrir une monnaie de réserve acceptable comme alternative au dollar. Elle pourrait exister à l’avenir, mais il faudrait une dizaine d’années, voire plus, pour la concevoir et la déployer.
A la place, les BRICS sont en train de bâtir un nouveau système de paiement basé sur leurs propres câbles de communication, serveurs sécurisés, protocoles de circulation des messages cryptés, et registres de type blockchain. Les paiements se feraient en monnaies locales au sein de nouveaux canaux de paiement que les puissances occidentales ne pourraient pas perturber.
Cela soulève la question suivante : comment régler les déséquilibres de balances commerciales en monnaies locales et les convertir en actifs plus liquides ? Traditionnellement, le dollar était la réponse.
En fait, les BRICS+ ont déjà une nouvelle monnaie, au demeurant assez ancienne : il s’agit de l’or.
Voilà l’une des raisons pour lesquelles les membres des BRICS+ font partie des principaux acheteurs d’or.
La couverture contre tout
L’or n’est pas qu’une couverture contre l’inflation. En fait, il représente une couverture imparfaite contre l’inflation, en termes de stricte corrélation. Les prix de l’or ont flambé, ces dernières années, alors même que l’inflation restait relativement terne.
Il vaut mieux considérer l’or comme une « couverture contre tout ».
Les vecteurs d’incertitude sont partout : tarifs douaniers, politique fiscale, DOGE, guerre en Ukraine, montée en puissance de la Chine… entre autres.
Il est difficile de prévoir comment tournera l’une ou l’autre de ces situations ainsi que leurs interactions complexes. Par conséquent, les actions et les obligations peuvent être volatiles.
L’or est la seule valeur refuge qui résiste à tout cela, et offre un peu de tranquillité d’esprit aux investisseurs. C’est véritablement la couverture contre tout.
Ces dynamiques font grimper le cours de l’or et instaurent un plancher sous ses niveaux actuels, de sorte que les investisseurs peuvent profiter d’un potentiel de hausse tout en ayant moins peur d’une potentielle baisse. Voilà pourquoi nous considérons qu’il s’agit d’un trade asymétrique, extrêmement favorable aux investisseurs.
Enfin, la conjonction d’un simple calcul et de la psychologie comportementale pourrait propulser le cours de l’or vers la barre des 10 000 $ l’once, en moins de temps que ne le pense la plupart des analystes.
Les investisseurs se focalisent naturellement sur les gains en dollar réalisés sur le cours de l’or. Quand l’or passe de 1 000 $ à 2 000 $ l’once, les investisseurs se réjouissent de ce gain de 1 000 $. La même chose est vraie quand il grimpe de 2 000 $ à 3 000 $. Là encore, les investisseurs se félicitent de ce gain supplémentaire de 1 000 $ l’once.
Ce dont ils n’ont pas conscience, du moins au départ, c’est que chaque gain de 1 000 $ se réalise plus facilement que le précédent. Ce phénomène implique l’interaction d’un simple calcul et d’une psychologie comportementale plus complexe.
La psychologie en question est ce que l’on appelle l’ancrage. L’investisseur s’ancre sur le chiffre de 1 000 $ comme un gain fixe, et considère chaque gain de ce type comme identique. En dollar pur et dur, ils sont identiques. Vous gagnez 1 000 $ l’once à chaque seuil de référence franchi. Mais voici la conversion de ces seuils de référence en dollar, chaque gain étant converti en pourcentage du précédent seuil de référence :
Evaluation de la hausse du prix de l’or en pourcentages.
Source : Jim Rickards
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Comme chaque gain de 1 000 $ l’once part d’un seuil plus élevé, le pourcentage de gain correspondant à chaque gain réalisé en dollar est inférieur. Si l’appréciation de 1 000 $ à 2 000 $ l’once est importante, celle de 9 000 $ à 10 000 $ l’once ne représente guère plus qu’un bon mois de hausse. (L’or a en effet progressé de 1 % à 2 % par jour avec la récente volatilité.)
C’est ce calcul qui est à l’origine de la frénésie d’achat sur l’or.
Mais les achats d’or se sont limités aux banques centrales, essentiellement, et à de grandes institutions telles que les fonds souverains. Les petits investisseurs sont peu intéressés aux Etats-Unis, mais plus actifs en Chine et en Inde.
Une fois que la frénésie se déclenchera, ces seuils de référence de 1 000 $ seront rapidement franchis.
Voilà pourquoi il n’est pas trop tard pour investir dans l’or.
Ne vous blâmez pas d’avoir raté des gains. Anticipez plutôt ceux qui vont arriver.