Si les gens sont fascinés par l’or, le gold. Ce n’est pas parce qu’il brille mais parce qu’il s’agit d’une monnaie. Le point de départ est là, si l’on veut comprendre ce qui se joue sur l’or.
Dans le monde, il existe de nombreux types de monnaies. A certains moments, différentes formes de monnaies se sont fait concurrence pour le rôle de principale monnaie de réserve mondiale. A ce jour, le dollar, l’euro ou le bitcoin sont des formes de monnaies. C’est également le cas de l’or.
Les trois qualités de la monnaie
La définition classique de la monnaie se décompose en trois parties : c’est un moyen d’échange, une réserve de valeur et une unité de compte. Si ces trois critères sont remplis, alors vous êtes face à une forme de monnaie. Si vous demandez à des économistes ce qu’est la monnaie, ils partent du principe que seules les monnaies fiduciaires émises par les banques centrales remplissent les conditions requises, puis sombrent dans des discussions techniques à propos d’expansion ou de contraction des masse monétaires de types M3, M2, M1 ou M0, qui sont toutes différentes. Chaque » M » est plus restreint que le précédent. M0 est le plus limité, il se compose des réserves bancaires et des devises. On l’appelle également » base monétaire » car c’est la définition de la monnaie la plus précise que connaissent les économistes. Pour moi, l’or se situe » au-dessous de zéro « , même si les économistes ne le reconnaissent pas : c’est une véritable base monétaire dissimulée derrière la masse monétaire papier.
L’or est une monnaie matérielle
Les détracteurs de l’or le dénigrent volontiers en le qualifiant de » métal brillant « , de » tas de cailloux « , comme s’il ne représentait aucun intérêt en tant que monnaie. Même les économistes plutôt sophistiqués, tels que l’ex-président de la Fed, Ben Bernanke, parlent de » tradition » s’agissant des stocks d’or détenus dans les chambres fortes des États-Unis, sans même suggérer que l’on puisse en dire quelque chose de plus utile.
Dernièrement, Justin Rowlatt, de BBC World Service, a interviewé Andrea Sella, professeur de chimie à l’University College de Londres. Au cours de cette interview, le Professeur Sella a passé en revue le tableau de Mendeleïev (ou tableau périodique des éléments) afin d’expliquer pourquoi l’or, parmi toutes les autres structures atomiques de notre univers, dispose de caractéristiques uniques et idéales lui permettant de servir de monnaie dans le monde réel.
Le professeur Sella nous fait rapidement faire le tour de ce tableau. Il montre que la plupart des matières présentes dans l’univers sont totalement inappropriées pour devenir de la monnaie. Ensuite, il se concentre sur une poignée d’éléments appropriés et isole celui qui est pratiquement parfait à cet égard : l’or.
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Sella rejette rapidement dix éléments de la partie droite du tableau, y compris des éléments tels que l’hélium (He), l’argon (Ar) et le néon (Ne). La raison est évidente : ce sont tous des gaz à température ambiante et ils s’évanouiraient littéralement dans l’atmosphère. Ils ne peuvent en aucun cas faire fonction de monnaie.
En plus de ces matières gazeuses, Sella rejette des éléments tels que le mercure (Hg) et le bromure (Br) car ils sont liquides à température ambiante donc aussi peu pratiques que les matières gazeuses. D’autres éléments sont rejetés car ils sont toxiques. L’arsenic (As), notamment, est disqualifié pour cette raison.
Ensuite, il passe à la partie gauche du tableau, qui comprend douze éléments alcalins tels que le magnésium (Mg), le calcium (Ca) et le sodium (Na). Ces derniers ne peuvent servir de monnaie car ils se dissolvent ou bien explosent au contact de l’eau.
Les éléments suivants, également écartés, sont notamment l’uranium (U), le plutonium (Pu) et le thorium (Th) pour la bonne raison qu’ils sont radioactifs. Personne n’a envie de se balader avec une monnaie susceptible de provoquer le cancer. Ce groupe comprend également 30 éléments radioactifs créés uniquement en laboratoire et qui se décomposent quelques instants après leur création, tels que l’einsteinium (Es).
La plupart des autres éléments ne peuvent pas non plus servir de monnaie en raison de leurs propriétés spécifiques. Le fer (Fe), le cuivre (Cu) et le plomb (Pb) ne font pas l’affaire car ils rouillent ou se corrodent. Il est déjà regrettable que les banques centrales saccagent votre monnaie, alors autant ne pas en avoir une qui se détériore toute seule.
Rowlatt et Sella continuent de passer le tableau en revue. L’aluminium (Al) est trop léger pour frapper des pièces. Le titane (Ti) est trop dur pour qu’on ait pu le fondre avec les équipements primitifs qui existaient dans l’antiquité.
Une fois ce processus d’élimination achevé, il ne reste plus que huit candidats susceptibles de servir de monnaie. Il s’agit des métaux dits » nobles « , qui se trouvent au centre du tableau, à savoir : l’iridium, l’osmium, le ruthénium, le platine, le palladium, le rhodium, l’argent et l’or. Tous ces métaux sont rares. Pourtant seuls l’argent et l’or sont disponibles en quantité suffisante pour constituer une masse monétaire concrète. Les autres sont extrêmement rares, trop rares pour constituer une monnaie, et difficiles à extraire car leurs points de fusion sont très élevés.
Rowlatt termine son tour d’horizon ainsi :
« Il ne nous reste donc que deux éléments : l’argent et l’or. Ils sont rares tous les deux mais dans une certaine mesure seulement. Tous deux ont également un point de fusion relativement bas, et sont donc faciles à frapper en pièces et en lingots ou à utiliser en joaillerie. L’argent se ternit : il réagit à d’infimes quantités de soufre dans l’air. C’est pourquoi nous accordons autant de valeur à l’or.
Nos ancêtres n’ont pas utilisé l’or simplement parce qu’il était brillant ou splendide, comme le suggèrent ses détracteurs contemporains. L’or est le seul élément qui possède toutes les caractéristiques physiques requises : la rareté, la malléabilité, le caractère inerte, la longévité et l’uniformité. Toutes ces caractéristiques permettant d’en faire une réserve de valeur physique et pratique. Les civilisations plus raisonnables que la nôtre savaient bien ce qu’elles faisaient.
Certes, la liste de ces qualités ne signifie pas que l’or doit forcément être une monnaie. Actuellement, la monnaie existe essentiellement sous forme numérique. Les électrons qui stockent les chiffres ne rouillent pas non plus. Mais là encore, ils n’ont rien de rare.
Ce n’est pas parce que la monnaie est » numérique » qu’elle ne fait pas partie du monde réel. La monnaie numérique existe sous forme de particules subatomiques dotées d’une charge électrique et stockées dans des puces de silicone (Si). Ces particules chargées d’électricité peuvent être piratées et effacées. Les atomes de l’or (nombre atomique 79) sont stables et ne peuvent être effacés par des cyber-pirates chinois et russes. Même à l’ère cybernétique, l’or demeure inégalé en tant que monnaie.
2 commentaires
L’or est une matière première qui a les qualités décrites par l’auteur. Mais qu’elle est sa valeur en… disons.. en poulets ?
Si vous avez beaucoup de poulets et pas très faim, chaque poulet ne vaut pas le centième d’une once. Mais si les circonstances font qu’il n’y a qu’un poulet de disponible alors que vous êtes plusieurs à avoir faim, très faim sans aucune intention de partager.
Combien le producteur pourra t-il vendre son poulet ? une once d’or ? 100 ou 1000 ?
Les seules matières premières qui aient de la valeur sont celles qui manquent quand on en a besoin.
Et les oat du parti socialiste c est delicieux ? Roux ☺