▪ A l’automne 1973, j’étais jeune étudiant à Harvard.
Les fenêtres du grand réfectoire donnaient sur la Massachusetts Avenue, à Cambridge. Au bas de la rue se trouvait une station essence.
Or, quasiment tous les jours cet automne-là, on pouvait voir par la fenêtre des files de voitures faire la queue pour de l’essence — quand la station en avait à vendre.
Ces files d’attente racontaient une histoire qui avait commencé à l’autre bout de la planète…
Il n’y avait pas d’accord de l’OPEP sur un prix à 12 $. Il suffisait au Shah de parler dans un micro et l’information faisait le tour de la planète. Les acheteurs de pétrole du monde entier payaient piteusement le nouveau prix fixé, plus élevé. L’OPEP se frottait les mains.
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En mars 1974, les prix mondiaux du pétrole se stabilisaient, à 12 $ le baril, soit une augmentation de 300% en six mois. Les économies occidentales étaient dans la tourmente. L’économie mondiale subissait une grave récession. Henry Kissinger parcourait le Moyen-Orient pour trouver des accords avec les potentats arabes afin de fixer le prix du pétrole en dollars — ce fut l’origine du système des "pétrodollars" dans lequel nous continuons à évoluer.
Au lieu d’être ceux qui fixent les prix, les membres de l’OPEP sont ceux qui les subissent dans un monde où les prix du pétrole sont bas |
Cependant aujourd’hui les rôles sont inversés. Au lieu d’être ceux qui fixent les prix, les membres de l’OPEP sont ceux qui les subissent dans un monde où les prix du pétrole sont bas. En effet, les Saoudiens ont fini par être pris à leur propre jeu, pour ainsi dire. Et sur ce point, l’idée d’une OPEP décapitée ne doit pas être écartée.
▪ Le délicat montage saoudien
D’abord, il faut savoir que le royaume d’Arabie Saoudite est en quelque sorte une nation "factice". Le pays est relativement jeune sur la scène mondiale : il a été fondé en 1932 par un chef tribal nommé Ibn Saoud, qui a donné son nom au pays. Il n’existe pas de législature de style occidental, juste une tribu qui domine par rapport aux autres tribus du pays.
Comme on peut l’imaginer, le clan dirigeant doit se montrer prudent, de crainte qu’une autre famille ne lui prenne le pouvoir.
Pour vous donner une idée de l’état actuel du pays, l’Arabie Saoudite possède DEUX établissements militaires, une armée nationale et une garde nationale ; l’une surveille l’autre.
Les princes saoudiens et les gouverneurs régionaux font preuve d’une grande déférence envers les factions religieuses wahhabites tenantes d’une ligne dure et qui peuvent brouiller les cartes — et qui le font.
Nous verrons la suite dès lundi…