** Ah, cher lecteur, nous reprenons nos anciens outils, à la Chronique Agora. Nous retrouvons nos marques, nos réflexes… nos méditations.
Imaginez un peu ! Pendant près d’un an, tout le monde était de notre avis ; l’effondrement des subprime, le krach boursier, l’incendie des produits dérivés, la crise bancaire, la crise de l’immobilier… tout ça était devenu monnaie courante dans les médias. Les contrariens que nous sommes en avions presque le vertige.
Et puis voilà que ce bref accès de lucidité semble toucher à sa fin ; les commentateurs renouent avec le refrain de la croissance, du "pas si pire" et du "on a eu une belle frayeur mais tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes". Une fois encore, les autorités nous ont sauvé la mise et la Fed a sauvé la planète. Même Warren Buffett ne tarit pas d’éloges, comme le citait Bill hier :
"A l’automne dernier, notre système financier était au bord d’un effondrement qui menaçait de se transformer en dépression. Cette crise exigeait de notre gouvernement qu’il fasse preuve de sagesse, de courage et de fermeté. Heureusement, la Réserve fédérale et les principales autorités de l’administration Bush comme Obama ont réagi de manière plus qu’adéquate à ce besoin".
"Ils ont fait des erreurs, bien entendu. Comment aurait-il pu en être autrement lorsque des piliers soi-disant indestructibles de notre structure économique s’effondraient autour d’eux ? L’écroulement a cependant été évité, avec un torrent d’argent fédéral jouant un rôle essentiel dans le sauvetage".
"L’économie américaine est désormais sortie des urgences et semble avancer tout doucement sur le chemin de la reprise".
Ce choeur angélique serait presque drôle… si l’économie n’était pas en si mauvais état. Bill continue : "de notre point de vue, aucune reprise n’est en cours… et il n’y en aura jamais. On peut se remettre d’une gueule de bois. On peut se remettre d’un mauvais divorce. On peut même se remettre d’un tremblement de terre. Mais une fois qu’une dépression économique commence, on ne peut que la subir — jusqu’à ce qu’elle prenne fin. On peut ensuite commencer à reconstruire. On ne retrouvera jamais l’économie d’avant la crise. Il faut trouver un nouveau modèle économique".
Frédéric Laurent, rédacteur en chef de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine, est du même avis : "il y a de fortes chances que la fête économique à laquelle nous avons assisté ces 15 dernières années se transforme en une sorte de longue croissance (ou décroissance) ‘molle’", expliquait-il récemment à ses lecteurs. "Difficile au vu des données économiques actuelles, peu réjouissantes, de parier sur une reprise vigoureuse. Une chose est certaine : les économies occidentales matures vont laisser leur place aux émergents".
"Sauf qu’en attendant, des sociétés ont été sauvées alors que leur outil industriel est dépassé et que leur business model ne répond plus à l’attente des consommateurs. A quoi bon soutenir un GM, alors que les voitures construites ne répondent plus à aucune logique commerciale ? Porter secours à ces sociétés en injectant de telles sommes d’argent fait courir un risque plus grand à l’ensemble des ménages, car ce renflouage ne fait que ralentir la ‘mort naturelle’ de telles entreprises. C’est un peu comme aller à l’encontre d’un darwinisme économique — ou du libéralisme si vous préférez".
Et lorsqu’on va à l’encontre de la Nature, vous savez ce qui se passe ? Elle se venge…
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora