« La renaissance du nucléaire est morte ». Telle était la conclusion de Chris Mayer à l’issue de plusieurs jours de réflexion qui ont commencé après qu’il a pris connaissance des premières explosions dans la centrale de Fukushima.
« En investissement, lorsque les faits changent, il faut changer d’opinion. Ces deux derniers jours, l’avenir de l’industrie nucléaire s’est assombri — ô combien ».
« Le Japon à lui seul représente 11% de la demande mondiale en uranium. Je suppose qu’il en utilisera moins dans l’avenir. Et que le sort de nombreuses centrales en Europe, celles en projet comme celles qui existent déjà, est en péril ».
« Tout le processus du développement de l’énergie nucléaire va ralentir. L’industrie ressentira la terrible expérience japonaise pendant des années. Voilà mon avis ».
« Les faits n’auront pas d’importance. Regardez ce qui est arrivé dans le golfe du Mexique après la fuite de pétrole de BP. Tous les forages ont cessé, peu importe leurs bons résultats en matière de sécurité. Et même aujourd’hui, les autorisations de forage sont extrêmement difficiles à obtenir ».
« Les enjeux sont bien plus importants concernant le nucléaire ».
▪ La semaine dernière, les Chinois ont suspendu toute approbation de projets de nouvelles centrales nucléaires — une mesure très importante de la part de l’un des programmes nucléaires parmi les plus dynamiques au monde.
Mais cet accident nucléaire n’est pas dans notre rayon, n’est-ce pas ? Contrairement à ce que sont l’économie et la finance pour nous.
L’investisseur intelligent devra se tourner vers les nouvelles opportunités qui en résulteront. « Du problème que traverse l’industrie nucléaire naît, par exemple, une opportunité pour le gaz naturel », observe Chris.
« Les infrastructures fonctionnant au gaz naturel sembleront faciles et bon marché comparées au nucléaire. Le Japon importera plus de gaz naturel liquéfié (GNL) pour répondre aux insuffisances créées par son industrie nucléaire ».
Après le séisme, le tsunami et la crise nucléaire, « les investisseurs institutionnels réviseront leurs attentes de croissance du PIB en 2011 », remarque Dan Amoss, de la lettre Strategic Short Report. « Une fois qu’ils l’auront fait, beaucoup vont alléger leurs positions en actions ».
Par conséquent, le Dow et le S&P se sont ajoutés aux épreuves d’hier. Le Nasdaq a dévissé de près de 4% au cours des 45 premières minutes après l’ouverture de la Bourse ce matin.
« L’ensemble des acteurs de la Bourse semble aussi effrayé que lors du flash krach de mai dernier », continue Dan. Pour preuve, il cite la lettre quotidienne du vétéran de Vancouver, Dennis Gartman :
« La panique est à l’ordre du jour », raconte Gartman, « et à certains moments, la panique est en réalité le meilleur parti dans l’investissement courageux. Il vaut mieux paniquer et rester liquide que de garder son sang-froid et entrer dans la mêlée »…
« La situation va s’aggraver, et on va vivre bien pire avant de connaître une légère amélioration ».
Prudence.
▪ En tous les cas, la chute des cours apporte une certitude : encore plus d’argent facile de la part de la Réserve Fédérale.
« Je pense que M. Bernanke ne connaît pas grand-chose à l’économie mondiale », a déclaré notre ami Marc Faber à CNBC, « mais probablement observe-t-il le S&P tous les jours ».
« Nous pourrions connaître une chute de 10-15% », continue Faber. « Alors viendra le QE3, [puis le] QE4, le QE5, le QE6, le QE7 — et ainsi de suite. La Fed continuera à imprimer de la monnaie, ça j’en suis sûr ». Plus tard, il ajoutera : « en fait, je me suis trompé. Je voulais dire QE18 ».
Ceci étant dit, son point de vue sur les actions nipponnes est tout à fait en accord avec notre Transaction de la Décennie : « cet énorme mouvement de vente est une opportunité d’investissement dans les actions japonaises ». Même s’il met en garde : « si un effondrement a lieu, alors toutes les conjectures tomberont à l’eau ».
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