** "L’exploitation sous-marine" est la mode la plus sexy du moment dans le monde de l’extraction pétrolière. Selon les chiffres présentés par l’Agence internationale de l’énergie, les méthodes "non-traditionnelles" joueront un rôle important dans le remplacement de la production de pétrole actuelle. Et beaucoup de ces méthodes non-traditionnelles vont se faire à plus de 300 mètres sous la surface de l’océan.
– Les réserves de pétrole mondiales connues diminuent inexorablement. La plupart des principales régions du monde productrices de pétrole sont ou seront bientôt au stade de "chute irréversible". Les productions conventionnelles ou "terrestres" sont en chute, ce qui signifie que la production non-conventionnelle va en fait devenir de plus en plus… eh bien… conventionnelle.
– De nouvelles méthodes et technologies pour récupérer le pétrole sont actuellement mises en application et montrent un grand potentiel. D’autres sources d’hydrocarbures, comme, par exemple, les sables bitumineux d’Alberta ou les huiles lourdes du Venezuela arrivent également sur le marché, mais en quantité marginale, au mieux, en termes de demande mondiale quotidienne. Enfin, il y a la perspective de nouvelles découvertes dans les zones frontières comme l’Arctique. Puis il y a le large… le grand large.
** Jetons un œil à l’avenir de la production offshore, particulièrement dans les zones d’"eaux profondes". La recherche et le développement du pétrole offshore tels que nous les connaissons et les comprenons aujourd’hui datent des années 1940. A l’époque, les entreprises de forage utilisaient la même technique que sur terre, mais appliquée à l’environnement marin. Les puits en eaux profondes, c’est-à-dire à plus de 450 mètres, sont un phénomène très récent. Au début des années 1990, il n’existait quasiment pas de puits à plus de 300 mètres sous l’eau, pas même parmi les projets à grande échelle entrepris dans le Golfe du Mexique ou la Mer du Nord. La profondeur de 300 mètres était alors considérée comme une frontière technologique.
– Au cours des 15 dernières années, les eaux profondes sont passées du statut de frontière technologique à celui de composant stratégique important dans l’industrie pétrolière mondiale. Mais les régions d’eaux profondes et d’eaux très profondes dans le monde sont encore inexplorées et possèdent un potentiel énorme. Les sites les plus importants sont situés dans le Golfe du Mexique, les régions Arctiques, au large de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique du Nord et de l’Amérique du Sud, au Sud de la Mer de Chine et à la limite de l’Océan Indien.
– De fait, les eaux profondes sont à l’origine d’une augmentation importante des activités offshore, avec au moins 20 milliards de dollars de budget investi dans des projets prévus entre 2006 et 2010. Tandis que de nombreux efforts sont placés dans les nouveaux sites en eaux profondes souvent très loin au large, les champs existants, plus proches, nécessitent encore un important capital d’investissement pour augmenter la production par de nouveaux forages, par la réexploitation d’anciens puits ou de puits abandonnés, et enfin par l’installation et la mise en place de nouvelles formes de production.
– Du point de vue de l’exploration, les champs en eaux profondes semblent moins nombreux, mais en termes de découverte et d’exploitation, ils sont extrêmement productifs. Par exemple, dans les forages en eaux profondes du Golfe du Mexique, les turbidites produisent pas moins de 20 000 barils de pétrole par jour. Ce sont donc des cibles-clé pour les foreurs, et le rendement potentiel requiert un investissement de taille.
– Mais le développement des puits en eaux profondes ne s’arrête pas aux énormes navires de forage qui font des trous au fond de l’océan. Le forage n’est que le début de l’opération longue et coûteuse qu’est le système de production sous-marin. Cette activité comprend également l’extraction du pétrole et du gaz des formations rocheuses enfouies, ainsi que les problèmes de maintien de pression et de gestion des produits indésirables que sont le sable et l’eau sursalée qui accompagnent le pétrole et le gaz lors de leur sortie.
– Prenez le régime de haute pression et de températures élevées auquel sont soumis les puits profonds en général, et transposez-le à des centaines de mètres de profondeur sous l’océan. Les problèmes sont d’une toute autre ampleur, bien plus considérable. D’autant qu’après avoir géré les problèmes de "production", un autre problème se présente : il faut ramener le pétrole et le gaz sur la terre ferme. Vous pouvez soit les ramener à la surface et les transporter à terre, soit les pomper par un pipeline jusque sur le coin de terre le plus proche. Les méthodes traditionnellement utilisées nécessitaient des plateformes gigantesques ancrées dans le sol marin. Mais dans un environnement d’eaux profondes, c’est absolument impossible. Il va donc falloir se préparer à étendre la franchise sous-marine. Ce qui veut dire que, tout ce qui se passera à l’avenir se passera au fond de l’eau, très profond, et très au large.
– Tandis que la production conventionnelle de pétrole continue de chuter, l’investissement en dollars dans la production offshore va donc aller en s’amplifiant, surtout pour les projets en eaux profondes.
– Suivez la mode… tant qu’elle est encore avant-gardiste.