La Chronique Agora

Une nouvelle accélération de l’Histoire nous pousse vers l’inconnu

Tout semble échapper à tout contrôle, ces derniers jours – et cela crée des modifications profondes dont les répercussions sont encore indiscernables. Attention, danger…

La semaine qui s’écoule appartient à l’un de ces rares moments où l’Histoire s’accélère subitement et où tout semble échapper au contrôle des hommes. Brutalement, des décisions sont prises, des événements surviennent, qui chacun modifient en profondeur la face de la réalité et créent un état de fait dont la physionomie et le sens sont encore indiscernables.

Face à ces « décrochages » collectifs, on restera prudent et attentiste, car nul ne sait de quel côté la balance des choses peut pencher demain.

L’accélération de l’Histoire est un phénomène toujours très curieux. Pendant plusieurs mois, parfois plusieurs années, des situations ou des sociétés peuvent paraître « en panne », et soudain c’est l’explosion : ce qu’on croyait immuable disparaît, ce qui était impossible prend forme.

La semaine que nous traversons fait partie de ces moments uniques et c’est dans quelques années seulement que l’ampleur des changements nous apparaîtra sous son plein jour.

Nous pouvons cependant pressentir aujourd’hui quelques pistes majeures qui interrogent.

Voici lesquelles…

Les Etats-Unis et l’accélération de l’Histoire

Depuis plusieurs années en France, plusieurs mois aux Etats-Unis, une presse complaisante convainc l’opinion publique de la folie de Donald Trump et de son rejet par les Américains.

La réalité du scrutin, dont nous ne connaissons pas l’issue à l’heure où nous écrivons ces lignes, est très différente de ce raccourci simpliste. Trump a rassemblé plus de voix en 2020 qu’en 2016, et prouve qu’il n’a pas été élu une première fois sur un malentendu.

Il y a bien, aux Etats-Unis une forte proportion d’Américains qui adhèrent à son discours, à ses idées, à ses méthodes, et qui souhaitent ardemment sa réélection. Nous sommes loin du rejet de ce libertarisme souverainiste dont on nous rebattait les oreilles.

On peut en déduire que, 50 ans après le début de la discrimination positive en faveur des minorités, une quasi-majorité des Américains conteste aujourd’hui la pilule du « vivre ensemble » qui lui a été administrée.

Reste que le monde se réveille avec sa première puissance en plein déchirement sur l’identité du nouveau président qui doit conduire sa destinée. Ce flou n’est pas neuf. Il s’était produit déjà en 2000 avec le second Bush.

Mais, en pleine pandémie, en pleine crise mondiale, en plein bouleversement de la planète, ce vide n’est pas sans rappeler les querelles de succession qui ont affaibli, au fil des décennies, l’empire romain.

La France sur le fil du rasoir

Sur le plan intérieur, la situation n’est pas meilleure et même, à de nombreux égards, très inquiétante. Entre la prolifération du terrorisme et le naufrage du confinement, on ne sait plus trop ce qu’il faut craindre le plus.

Le gouvernement Castex donne en effet l’impressionnant spectacle d’une équipe sous-équipée et sous-calibrée pour affronter les défis auxquels le pays est confronté. Parfois, les désaccords politiques se limitent à des divergences d’appréciation. Dans le cas du gouvernement actuel, les désaccords viennent d’un vrai doute sur le « casting » au pouvoir.

Plus personne ne sait clairement qui décide de quoi, et le Premier ministre donne le sentiment d’être à la remorque d’une équipe qui part dans tous les sens. Sa prestation sur une chaîne de télévision a plutôt fait rire par ses approximations quand elle a imprimé les esprits.

D’une manière générale, cependant, les Français absorbent le choc d’un deuxième confinement sans écouter le chef du gouvernement, et en pratiquant le système D. Cette indifférence est aussi nourrie par l’incapacité du gouvernement à dépasser les simples effets de manche dans la lutte contre le terrorisme.

Il a été possible d’adopter en urgence des lois d’exception contre l’épidémie, mais il n’est visiblement pas possible d’en adopter contre le terrorisme. On passe ici sous silence les renoncements de l’Education nationale sur l’hommage rendu à Samuel Paty, décapité par un terroriste musulman.

Dans ces moments, on sent que n’importe quel coup de tabac pourrait emporter le pays.

Une fuite en avant dangereuse

Dans cet immense désordre qui s’appelle l’Histoire contemporaine, de dangereuses fuites en avant permettent de repousser momentanément les problèmes, au risque de les voir revenir en boomerang.

C’est le cas des politiques menées par les banques centrales un peu partout dans le monde et singulièrement en Europe. Progressivement, la BCE devient prêteuse en premier ressort, ce qui n’est ni son métier ni sa vocation.

Tout indique que cette stratégie de l’argent facile, qui permet aux gouvernements européens de retarder le moment où il faudra annoncer des efforts, zombifie rapidement les économies et prépare une importante crise bancaire pour les prochains mois.

En temps ordinaires, ce sujet ferait la une des journaux. Compte tenu de l’accélération de l’Histoire, il passe pour l’instant au second plan. Mais faites bien attention, il risque de revenir lorsqu’il sera trop tard pour soustraire son épargne au grand prélèvement qui se prépare.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile