▪ Vous voulez une stratégie d’investissement gagnante ? Trouvez ce que les idiots font avec leur argent. Faites le contraire.
Certains conseillers en investissement sont intelligents. D’autre non. Certains sont des originaux avec des idées intéressantes sortant des sentiers battus. Certains lisent simplement les journaux et imitent ce que font tous les autres.
La semaine dernière, nous avons reçu une lettre de l’un de ces derniers… l’un des idiots. Nous l’avons lue avec attention : s’il poussait les investisseurs dans la même direction que celle que nous prenons, nous devrions changer de cap.
Mais non ! Il pousse les investisseurs à acheter des grandes valeurs américaines et à vendre l’or. L’or est « surévalué », dit-il.
Quel soulagement. Il n’a toujours pas la moindre idée de ce qu’il se passe ; il pense que les choses reviennent « à la normale ».
Et ce n’est pas tout. Voici Charles K. Glassman, écrivant dans le Washington Post. Son article s’intitule L’Investisseur moderne.
Qu’est-ce que l’investisseur moderne est censé faire ? Mettez la moitié de votre capital dans les actions, l’autre moitié dans les obligations.
Attendez une minute… N’est-ce pas là l’homme qui a sorti « Le Dow à 36 000 » en 2000 — l’année où le marché boursier a commencé à baisser ? Si, n’est-ce pas ? Eh bien, c’est parfait. Voilà qui nous conforte dans notre choix.
Nous ne voulons pas être un investisseur moderne. Nous ne voulons pas d’actions, ni d’obligations. Nous allons rester un investisseur à l’ancienne et nous en tenir à notre programme : vendre les actions pendant leurs rebonds, acheter de l’or pendant ses creux.
▪ Pendant ce temps, la BCE a annoncé qu’elle allait peut-être augmenter son taux directeur en avril. Cela a fait grimper l’euro.
Nous avons déjà dit que la BCE ne peut pas « normaliser » les taux d’intérêt. Pas plus que la Fed ne le peut. En Irlande, la plupart des gens ont des prêts immobiliers à taux variable. Si les taux atteignaient les niveaux du marché, les Irlandais couleraient. Ils ne peuvent se permettre des remboursements plus élevés.
La situation est la même pour le gouvernement irlandais. Aux taux du marché — 9% ou plus — il ferait faillite immédiatement. Il se tourne donc vers la BCE, le FMI et la Banque mondiale… en plus de toutes les autres sources possibles de financement à des taux inférieurs à ceux du marché… pour répondre à ses besoins budgétaires.
Et les Etats-Unis ? Idem !
Historiquement — c’est à dire depuis deux décennies — le taux d’intérêt moyen pour une note du Trésor US à 10 ans est d’environ 5,7%. Vous remarquerez que c’est légèrement supérieur aux 3,5% que le Trésor US paie actuellement.
A partir de là, vous pouvez faire le calcul. Non, nous allons le faire pour vous. Imaginez que l’intégralité de la dette fédérale américaine soit financée à 5,7%. La facture totale se monterait à environ 800 milliards de dollars par an — soit plus d’un tiers de l’intégralité des recettes fiscales. Bien entendu, une bonne partie de la dette est à relativement long terme… si bien qu’elle ne devra pas être renouvelée demain. Et une bonne partie est détenue par le gouvernement lui-même.
Mais vous pouvez imaginer ce qu’il arriverait au marché obligataire.
Et vous voyez ce qu’il se passerait pour les marchés boursiers si les taux d’intérêt revenaient à 5,7% ?
Si les taux d’intérêt revenaient « à la normale », les actionnaires et les investisseurs obligataires perdraient des milliers de milliards de dollars.
De plus, aucune loi ne dit que les taux d’intérêt ne peuvent monter plus haut que la moyenne récente. Supposons qu’ils passent à 18% — comme ils l’ont fait à la fin des années 70 ? Supposons que toute la dette du gouvernement fédéral américain soit financée à 18% ? Dans ce cas, devinez un peu… la charge totale des intérêts serait approximativement égale à 100% des revenus fiscaux.
Vous imaginez combien de temps ça durerait. Pas une seule minute. Le système tout entier s’effondrera bien longtemps avant qu’on en arrive à un tel point.
Mais vous voyez ce que nous voulons dire ? La normalité est hors de question. Grotesque. Bizarre. Etrange. Extraordinaire. Perverti. C’est là le système financier que nous avons. Et c’est la situation financière que nous aurons pendant encore quelque temps… jusqu’à ce qu’elle explose.
C’est du moins notre théorie.
Pas de reprise. Pas de « retour à la normale ». Pas de sortie de secours.
Si les autorités essaient de sortir de leurs politiques dignes de la quatrième dimension, elles fonceront dans un platane. Les marchés s’effondreront. L’économie partira en lambeaux. Le chômage grimpera. Les gens les montreront du doigt et les accuseront d’être sorties « trop tôt ».
Nous avons également vu des éditoriaux affirmant déjà que la BCE avait « la gâchette facile »… et conseillant à la Fed d’éviter de suivre son exemple.
Il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter à ce niveau. A la Chronique Agora, nous pensons que les probabilités de voir la Fed sortir de sa politique actuelle sont à peu près de zéro.
L’économie dépend désormais de l’argent bon marché. Elle ne peut pas survivre sans lui.
Note : Cet article vous a plu ? Pour recevoir tous les jours l’édition complète de La Chronique Agora par e-mail, il suffit de vous inscrire.