Sans surprise, le 4 décembre dernier, les électeurs italiens rejetaient des réformes constitutionnelles. La plupart des analystes avaient vu le résultat arriver et les marchés s’attendaient au choix du « non. »
Peu de temps avant le referendum, j’ai déjeuné avec un célèbre journaliste financier travaillant pour une importante publication, très largement lue par les élites. Lorsque nous avons discuté des répercussions du referendum, il me déclara que le Premier ministre italien Matteo Renzi ne démissionnerait pas si le « non » l’emportait – même si Renzi avait déclaré qu’il le ferait.
Renzi a démissionné et un nouveau gouvernement est sur le point d’être formé. Souvent, les élites n’en savent pas plus que les autres.
A présent, les retombées de ce vote sont beaucoup moins claires pour les marchés. L’effet immédiat est l’arrêt prématuré de la recapitalisation planifiée de la Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS), la plus vieille banque d’Italie et l’une des plus en difficulté.
La recapitalisation dépendait des décisions du gouvernement – y compris un renflouement par certains détenteurs d’obligations.
Paolo Gentiloni, qui était le ministre des Affaires étrangères de Renzi, a été nommé nouveau Premier ministre. Dans un discours au Parlement, Gentiloni a assuré que le gouvernement italien était prêt à intervenir « pour assurer la stabilité des institutions bancaires [italiennes]. »
Les banques italiennes sont assises sur près de 360 milliards d’euros de créances douteuses, ce qui représente grosso modo un tiers du total des prêts non performants de la Zone euro.
Si l’incendie se propage à partir de ce foyer, la panique pourrait frapper la Deutsche Bank, qui a son siège à Francfort, pas loin de Berlin où je suis actuellement. Au final, cela pourrait provoquer une panique mondiale de la liquidité.
En ce moment, les dirigeants des banques en Europe minimisent les probabilités d’une panique plus étendue mais la menace reste très réelle et les baissiers sont aux aguets.
Une source proche du Trésor américain a rapporté que BMPS serait renflouée. Mais un sauvetage direct avec l’argent du contribuable se heurterait aux règles bancaires européennes, qui placent la charge sur les détenteurs d’obligations de la banque. Le danger est que le sauvetage de la BMPS entraîne de grosses pertes pour les particuliers déposants et détenteurs d’obligations. Cela pourrait provoquer une perte de confiance dans les autres banques.
Tout cela fait partie d’une réalité plus profonde, née lors du sommet du G20 qui s’est tenu en novembre 2014 à Brisbane, en Australie. Selon le rapport du G20, les pertes des banques « devraient être absorbées… par des créditeurs non sécurisés et non assurés. »
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Dans ce contexte, « créditeur » signifie « déposant ». Or, beaucoup d’Italiens sont des déposants de la BMPS. Le rapport décrit ensuite « les pouvoirs et outils que les autorités devraient avoir pour atteindre cet objectif. Ceux-ci incluent le pouvoir de requalification (bail-in). »
Il s’agit d’un plan de requalification pour les banques en difficulté dit règles de Brisbane qui régissent le système bancaire mondial.
La prochaine crise financière sera pire que la dernière et, pour son malheur, c’est Donald Trump qui va en hériter.