Le 15 août 1971, mit fin aux derniers vestiges de l’étalon-or. Une nouvelle devise, née de l’emprunt, vit le jour. Une maculée conception…
La nuit de l’Assomption, nous nous sommes tourné et retourné dans notre lit comme un fou enfiévré.
Dimanche avait été clair et chaud. Pendant la soirée, nous nous étions rendu à l’église du 19ème de Montmorillon pour un concert. Bach, Schubert, Mozart — tous les morceaux étaient joués sur le grand orgue à l’arrière de l’église, accompagné d’un clarinettiste.
Un tonnerre fortissimo
L’orgue est à trois mètres du sol environ.
Posé sur une tribune de bois, il est abondamment sculpté et incliné vers la nef — de sorte qu’il surplombe les dernières rangées de gens assis.
Il est fait de bois si lourd et si solide que l’espace d’un instant, nous avons craint que l’ensemble ne bascule sur la foule au-dessous.
C’était après que tous les appels aient été tirés — et un tonnerre fortissimo s’élevait des tuyaux. On aurait dit l’avancée de l’Armée rouge sur Berlin en 1945. (Selon Elizabeth, l’organiste martyrisait son instrument).
La musique classique jouée sur de grandes orgues dans une église de pierre est toujours impressionnante.
Mais à quelques instants, nous avions l’impression que Bach ne faisait que se jouer de nous… ou qu’il avait perdu l’esprit, errant du haut en bas de la gamme sans destination claire.
Notre morceau préféré, le Concierto de Aranjuez, par Rodrigo, hantait notre sommeil.
La mélodie est traversée par un courant de douce mélancolie comme on peut en trouver des échos dans nos Chroniques de temps à autre.
Oui, nous nous rions des économistes, des politiciens et des mythes populaires. Mais en sous-jacent — comme le sombre accompagnement du Concierto –, se trouve une lamentation immémoriale : tout ce qu’on chérit prend inévitablement fin un jour.
Monnaie : Une nouvelle ère
Le clou de la soirée était l’Ave Maria de Schubert.
Après tout, c’était le grand soir, pour Marie : la veille de son assomption aux cieux.
Aussi lumineux et réconfortant que l’occasion, l’Ave Maria fut un « hit » pour Schubert en 1825. Il fut composé à partir du poème La Dame du Lac, de Walter Scott, puis adapté à la prière catholique adressée à la mère de Jésus.
Schubert mourut trois ans plus tard, à l’âge de 31 ans.
Sur la route du retour, après le concert, la lune brillait tant que nous avions à peine besoin d’allumer nos phares. Nous pouvions voir parfaitement, mais les couleurs avaient disparu — comme si tout avait été repeint en nuances de noir et blanc pendant notre absence.
Peut-être était-ce le clair de lune… peut-être était-ce la tristesse de la musique… mais quelque chose perturbait notre sommeil. Nous nous mettions sur le côté droit. Puis sur le côté gauche. Nous entendions les mélodies du concert avec une telle clarté que nous nous sommes approché de la fenêtre ouverte, inondée de lune, pour voir si quelqu’un avait une radio allumée dehors.
Mais peut-être qu’autre chose troublait notre sommeil…
Oui, hier marquait le début d’une nouvelle ère… et la fin du Rêve américain — si une telle chose a jamais existé.
Le 15 août 1971, le président Nixon renia la promesse faite par les Etats-Unis à leurs créditeurs étrangers de convertir leurs dollars en or au taux fixe de 35 $ l’once.
Cela mit fin aux derniers vestiges de l’étalon-or. Les devises mondiales — qui étaient liées au dollar adossé à l’or — se mirent à « flotter » les unes par rapport aux autres.
Ni Nixon ni personne n’avait une idée claire de ce que signifiait vraiment cette nouvelle ère monétaire.
Le retour de l’étalon or est-il possible ? Oui, c’est ce qu’explique Jim Rickards dans son Nouveau plaidoyer pour l’or. Si vous voulez vraiment en profiter en ayant vous-même de l’or avant ce nouveau bouleversement monétaire, lisez son livre. Jim Rickards fréquente quotidiennement les élites qui sont en train de nous mitonner cette nouvelle réforme monétaire… et ce que Jim révèle pourrait tout changer pour vos investissements. Cliquez ici.
Personne — pas même l’économiste Milton Friedman, qui conseillait le président — n’avait la moindre idée de ce que cela ferait à l’économie mondiale et au système gouvernemental des Etats-Unis (et d’ailleurs).
Friedman avait raison sur la plupart des choses. Mais il avait catastrophiquement tort sur la devise.
Pourtant, c’était si subtil… si malin… si inattendu — comme un soudain passage du mode mineur en mode majeur — qu’il fallut 40 ans pour que le nouveau refrain devienne clair.
Une maculée conception
Ce n’est qu’aujourd’hui que nous commençons à entendre la mélodie dans son ensemble… et à comprendre comment cette nouvelle devise a corrompu le pays et sapé sa richesse.
Malgré tous leurs défauts — et ils sont nombreux — les Etats-Unis étaient un pays où, autrefois, travailler dur finissait d’ordinaire par payer.
Les gens travaillaient, épargnaient, investissaient… et devenaient plus riches. La richesse suivait le travail, non l’inverse.
Il y avait toujours des râleurs et des mauvais coucheurs — certains ayant des objections légitimes au fonctionnement du système. Il existait cependant une croyance partagée : le système était équitable… parce qu’il y avait un lien — réel et impitoyable — entre l’argent et la moralité du marché.
Généralement, ceux qui avaient de l’argent l’avaient obtenu grâce au travail, à l’inventivité, à l’innovation, à la discipline ou à la chance. Et généralement, les autres acceptaient cet état de fait comme étant équitable.
Mais cette nouvelle devise changea tout. Elle transforma toute une classe de personnes — les initiés, les élites, l’establishment — en parasites uniquement capables d’obtenir l’argent de manière injuste.
La nouvelle devise était le produit d’une conception très maculée : née de l’emprunt, et non honnêtement gagnée.
Cela mit la charrue de la manipulation monétaire avant les boeufs du labeur et de l’innovation. Si on avait les bons contacts, on pouvait faire apparaître de la richesse… à partir de la devise elle-même.
« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », ordonnait la Bible.
Cela avait bien été le cas — avec quelques brèves interruptions, expériences et aventures monétaires — depuis qu’Adam et Eve avaient été expulsés du jardin d’Eden.
Aujourd’hui, avec ce nouveau système créé il y a 45 ans, l’argent s’obtient sans transpirer, dans les tours soigneusement climatisées des grandes banques…
… et il est utilisé par la « Parasitocratie » pour régner sur le monde.