Pour accomplir ses missions et prendre des décisions, la Fed emploie quantité d’économistes supposément qualifiés. Alors pourquoi avons-nous l’impression qu’elle ne sait pas où elle va ?
Quand vous remarquez que quelqu’un met le feu à un immeuble, ne devriez-vous pas dire quelque chose ?
Et si les allumettes et l’essence étaient entre vos mains ?
La Réserve fédérale a imprimé près de 5 000 Mds$ flambant neufs entre août 2019 et aujourd’hui.
C’est sûr, il y a bien un économiste à l’esprit vif – parmi les 1 000 docteurs en économie travaillant à la Fed – qui aura remarqué que cette institution était sur le point de mettre le feu à toute l’économie.
Mais à quoi pensait-il ? Est-ce qu’il pensait, d’ailleurs ?
C’était là une inflation monétaire classique opérée à une échelle inédite. Jamais auparavant un gouvernement n’avait « imprimé » autant d’argent en si peu de temps.
Mais dans toute l’histoire de la profession d’économiste, rien n’illustre que de tels efforts déployés par ceux qui impriment de l’argent aient mené à une réelle prospérité.
Au contraire, des siècles d’histoire montrent que l’inflation monétaire conduit à l’inflation des prix… laquelle mène à des bulles et à leur éclatement… à la confusion… Et à la désignation de coupables.
Et si elle n’est pas stoppée, elle peut mener à l’hyperinflation, la dépression, la famine, la pauvreté, aux émeutes et à la révolution…
Une question évidente
Cette désignation de coupables s’est illustrée à la une du Wall Street Journal :
« Le président exige qu’une enquête soit menée sur le prix de l’essence.
Dans sa lettre, Biden allègue des agissements répréhensibles de la part des producteurs d’énergie. »
Il y en aura encore beaucoup d’autres… Et les véritables coupables tentent de détourner l’attention sur d’autres personnes.
Cela dit… les susmentionnés docteurs en économie n’auraient-ils pas dû se poser la question évidente, quand tout a commencé ?
« Euh… Président Powell… Je ne voudrais pas plomber l’ambiance… mais… euh… nous sommes en train d’injecter 5 000 Mds$ dans l’économie. Cela représente près d’un quart du PIB annuel.
Euh… Que va-t-il se passer ? Je veux dire… est-ce que cela ne vas pas provoquer des… euh… distorsions ? »
Les poissons nagent et les dollars payent forcément quelque chose. Et c’est là que se situe la réponse à l’une de ces questions que les économistes de la Fed auraient dû se poser… et à celle qu’ils devraient se poser maintenant.
Une issue évidente
Les perturbations des chaînes d’approvisionnement étaient relativement inconnues, en mars 2020, quand la frénésie d’émission monétaire a été déclenchée pour de bon. Et maintenant, elles sont aussi répandues que les centres commerciaux.
Comment cela se fait-il ?
Quand les bureaux, restaurants et bars ont fermé, les gens se sont tournés vers leurs ordinateurs, à la maison… Et ils ont découvert que l’Etat leur avait versé de l’argent… qu’ils étaient bien décidés à dépenser.
Certains ont commandé des biens de consommation. Mais comme l’Amérique ne fabrique plus rien elle-même, il a fallu les expédier de l’autre bout du monde.
Et en l’espace de quelques mois, il y a eu des embouteillages de navires dans les ports… Les quais ont été submergés de piles de containers… Puis les camions ont œuvré jour et nuit pour livrer ces marchandises dans chaque comté, village et ville du pays.
D’où ces perturbations des chaînes d’approvisionnement.
Aujourd’hui, cela semble évident : notre fameux économiste de la Fed n’aurait-il pas dû le voir arriver ?
Une combinaison mortelle
Ensuite, le prix du fret a flambé, de même que les prix du transport routier.
Puis les prix de certains articles dont l’offre était réduite… Puis ceux d’autres articles disponibles en quantité. Le lait, les œufs, le bacon, l’essence et les logements.
L’offre de logements ne change pas beaucoup, d’un mois sur l’autre. En revanche, dès le mois de septembre de cette année, les prix des maisons neuves étaient en hausse de 18% par rapport à l’année précédente, aux Etats-Unis. Par ailleurs, quand les prix grimpent en mode bulle… les taux des prêts immobiliers grimpent aussi, une combinaison mortelle, pour les nouveaux propriétaires de logements.
Les prix des actifs d’investissement ont considérablement augmenté, également. Des entreprises zombies, des meme stocks, des NFT, des cryptomonnaies, des options (des gens incapables de faire la différence entre une option et un trou dans le sol il y a encore un an sont désormais des day traders aguerris).
L’action Tesla (TSLA) a doublé depuis la même période l’an dernier.
Selon Grant’s Interest Rate Observer, le 5 novembre, le PER de l’indice S&P 500 est passé au-dessus de 40 pour la première fois en 21 ans.
En début de mois, Grant’s indiquait que 528 SPAC [NDLR : « special purpose acquisition company », société dont le seul objectif est d’acquérir des entreprises pour les introduire en Bourse] armées de chèques en blanc étaient en quête d’acquisitions.
Est-ce ce n’était pas totalement prévisible, ça aussi ? Après tout, l’argent doit bien aller quelque part.
Est-ce que notre fameux économiste de la Fed n’aurait pas dû dire quelque chose ?
La grande vague de démissions
Et voici quelque chose de moins prévisible, peut-être… Mais considérant toutes ces liquidités tombées du ciel, beaucoup de gens ont décidé de rester chez eux définitivement.
Aux Etats-Unis, lors de ce grand mouvement appelé « The Great Resignation » (la grande démission), quelque 4,4 millions de travailleurs ont abandonné leur emploi, rien qu’au mois de septembre.
Et ensuite, les entreprises impatientes de satisfaire la demande croissante ont découvert qu’elles devaient proposer des salaires et des avantages plus élevés pour que leurs salariés soient contents. Notre ami David Stockman nous dit que les derniers chiffres de l’indice des coûts de l’emploi indiquaient une hausse annuelle de 6% du prix de la main-d’œuvre.
Les salaires des travailleurs représentent le premier poste de dépenses de l’industrie américaine. Alors toute augmentation du coût du travail est importante et doit être répercutée.
C’est également l’augmentation des coûts la plus « rigide ». Les prix des matières premières peuvent fluctuer à la hausse et à la baisse, mais une fois qu’un employé a obtenu une augmentation, il est difficile de faire marche arrière : elle n’a rien de transitoire.
L’avantage du recul
Et c’est ainsi que les prix ont augmenté… pas pour une raison mystérieuse, mais bien évidente : les gens se sont acheté des choses.
Mais pas avec de l’argent réel qu’ils avaient gagné (qui aurait augmenté l’offre de biens et de services ainsi que la demande en leur faveur). Ils ont dépensé l’argent falsifié que la Fed leur avait versé.
Il aurait fallu des années d’études poussées… et peut-être au moins un master en économie… pour ne pas le voir arriver.
Et donc, nous allons souffler à notre docteur en économie de la Fed une question à poser à ses camarades : « Alors, à quoi vous attendiez-vous ? »
2 commentaires
Les économistes et l’élite intellectuelle toutes catégories et toutes matières confondues ne peuvent contrarier le vent dominant, ils ruineraient leur carrière. Le monde peut sombrer dans un cataclysme, peu importe, il subsistera la carrière professionnelle.
Il est hélas plus » facile » de céder à un racket de la Mafia, que trouver un policier qui veillera sur votre bien jour et nuit.
Nous en sommes là