Une opération antidrogue de l’armée américaine en mer des Caraïbes aurait abouti à l’exécution de naufragés – des hommes déjà à l’eau, incapables de combattre. Comment justifier de tuer des êtres sans défense ?
Le 22 juillet 1209, l’armée des croisés arriva aux portes de Béziers. La ville, située dans le sud-ouest de la France actuelle, était réputée pour être un foyer de pensée dissidente.
Les croisés étaient là pour affronter les « méchants », les hérétiques. Ces « cathares » ne volaient ni ne tuaient. Ils étaient pires : ils volaient les âmes.
Ainsi, une puissante armée de croisés, mêlant soldats et voyous, au service de l’hégémonie régionale, lança l’assaut.
Mais les attaquants se heurtèrent au même problème que l’armée israélienne à Gaza, ou la marine américaine dans les Caraïbes : tous les habitants de la ville n’étaient pas des hérétiques, beaucoup étaient de bons catholiques. Comment distinguer les uns des autres ?
Simon de Montfort, commandant des croisés, avait une réponse simple au problème : « Tuez-les tous », aurait-il dit. Et les croisés s’exécutèrent.
S’il y avait eu à l’époque des médias de gauche, ils auraient été scandalisés et horrifiés par le « massacre de Béziers » – cruel, impitoyable et inutile. Mais il n’y avait pas de médias.
Aujourd’hui, ils existent, et ils racontent enfin le retour des Etats-Unis du XXIᵉ siècle vers des normes médiévales. Ce n’est pas tant le meurtre de personnes sur des bateaux, à 2 500 kilomètres des Etats-Unis et qui auraient commis un crime hypothétique, qui fait bouillir leur indignation. Mais en achevant les survivants, ils ont indéniablement dépassé les limites.
Pour l’instant, la vidéo du dossier a été rangée avec les dossiers Epstein. Il n’en reste pas moins qu’il ne faut pas beaucoup d’imagination pour éprouver de la compassion pour des personnes sans défense, à la dérive en mer.
Tuer des marins naufragés est un crime évident, le pire des crimes : insensé et intentionnellement cruel. Même en temps de guerre, les marins ennemis ne sont pas abattus dans l’eau ; ils sont repêchés et placés dans des camps de prisonniers de guerre.
Ce qui est peut-être le plus étonnant dans tout cela, c’est que l’on peut examiner toute la chaîne de commandement et y trouver des personnes intelligentes et réfléchies. Si elles renversaient accidentellement un chiot en rentrant chez elles, elles auraient peut-être les larmes aux yeux. Beaucoup vont à l’église ou au temple, se rappelant régulièrement qu’il faut « faire aux autres ce que nous voudrions qu’ils nous fassent ».
Certains se déclarent républicains. D’autres penchent plutôt vers le camp démocrate. Mais ce qui est remarquable, c’est qu’ils commettraient tous un meurtre s’ils recevaient l’autorisation de leurs supérieurs. Le sénateur Rick Scott : « Réduisez-les en miettes. »
Le sénateur Scott n’a-t-il pas juré de respecter la Constitution ? N’a-t-il jamais entendu parler des Dix Commandements ? De la Déclaration des droits de l’homme ? De la loi fédérale interdisant les assassinats ? Du Code uniforme de justice militaire ? Ne croit-il pas en l’Etat de droit, au principe selon lequel toute personne est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie ? Où étaient le juge, le jury ? Quelle était l’accusation ? Où étaient les preuves ? Qu’est-il advenu de la procédure régulière ?
La presse « libérale » élude les questions importantes et se concentre sur les plus hauts responsables, leur attribuant toute la responsabilité. Mais la bande de Trump n’a pas le monopole du meurtre ou de l’indécence. C’est Barack Obama qui a donné le ton. James Bovard rappelle :
« Le 3 février 2010, le directeur du renseignement national de Barack Obama, Dennis Blair, stupéfia Washington en annonçant que l’administration visait également des Américains pour les assassiner. Blair révéla à une commission du Congrès la nouvelle norme en matière d’exécutions extrajudiciaires : ‘Que cet Américain soit impliqué dans un groupe qui tente de nous attaquer, que cet Américain soit une menace pour d’autres Américains. Nous ne ciblons pas les gens pour leur liberté d’expression. Nous les ciblons pour leurs actions qui menacent les Américains.’ »
L’une des premières cibles d’Obama fut un religieux islamique né aux Etats-Unis, Anwar Awlaki. Awlaki tenait des propos jugés inacceptables par Obama. Lorsque Awlaki quitta le pays, Obama mit en place un complot d’assassinat.
La presse « de gauche » a-t-elle hurlé d’indignation ? A-t-elle exigé une destitution, un procès, une pendaison ? Non. Au contraire, le New York Times a rapporté en 2010 qu’il existe « un consensus général parmi l’équipe juridique de l’administration sur le fait qu’il est légal pour le président Obama d’autoriser l’assassinat d’une personne telle que M. Awlaki ».
Deux semaines après la mort d’Awlaki, un autre tir a coûté la vie à son fils de 16 ans, qui n’avait aucun lien avec une organisation terroriste. Il était simplement en train de boire du thé avec des amis.
Le Washington Post s’est également intéressé à cette affaire. Ses lecteurs ont été rassurés : non seulement Obama était dans son droit, mais il ne subirait aucun préjudice électoral à la suite du meurtre de la famille Awlaki.
« 77 % des démocrates libéraux approuvent l’utilisation des drones, ce qui signifie qu’Obama ne devrait subir aucune conséquence en année électorale. »
Le Post avait raison. Et ce même après que le New York Times ait révélé qu’Obama n’était pas seulement un tueur, mais un tueur en série, approuvant personnellement la liste des victimes :
« Chaque semaine environ, plus d’une centaine de membres de l’appareil tentaculaire de sécurité nationale du gouvernement se réunissent par vidéoconférence sécurisée pour examiner minutieusement les biographies des suspects terroristes et recommander au président qui devrait être le prochain à mourir. »
Démocrates et républicains étaient d’accord avec cette série de meurtres. Le représentant Peter King expliquait ceci :
« Les drones ne sont pas mauvais, ce sont les gens qui sont mauvais. Nous sommes une force du bien et nous utilisons ces drones pour mettre en œuvre une politique de justice et de bonté. »
Personne n’a demandé à M. King d’expliquer comment une « force du bien » pouvait se livrer à une telle série de meurtres.
Et aucune des personnes responsables de massacres, d’assassinats et de meurtres insensés – ni terroristes, ni narcotrafiquants, ni croisés, ni hérétiques… de Simon de Montfort (mort après avoir été frappé à la tête avec une pierre) à Dick Cheney, Barack Obama et Pete Hegseth – ne recevra peut-être ce qu’elle mérite dans cette vie.
Mais il faut avoir la foi ; Dieu saura quoi faire d’eux.

3 commentaires
tous ces gens importants qui dirigent de grands états ne croient ni à dieu ni à diable !!!!!!!!SEUL LE Porte-Monnaie compte,leur position sociale ,le pouvoir…..mais pas les idées…..les grandes idées,les discours ,c’est pour la plèbe,le vulgum pécus qui se nourrit de paroles flatteuses et mensongères…….
La phrase complète est « tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens » et ce n’est pas Simon de Montfort (un arriviste qui voulait voler du titre de comte de Toulouse qu’il a effectivement obtenu) mais, plus grave, le légat pontifical Arnaud Amaury qui la prononça
Les narco-trafiquants tuent des personnes sans défense, pour leur propre profit, et ils continuent même depuis leurs prisons.