Les signes avant-coureurs d’inflation — autres que la traditionnelle hausse de l’immobilier — se multiplient. Le cours de l’or en profite. Les bases de calcul des indices des prix sont de plus en plus souvent contestées en Europe. En France, l’INSEE propose désormais à chacun de télécharger un outil de calcul de son inflation. En effet, l’Institut National de la Statistique reconnaît que les chiffres sont modifiés selon que l’on est propriétaire ou locataire, en province ou à Paris. Au Royaume-Uni, la banque centrale anglaise a relevé ses taux de façon inattendue à 5,25%, estimant que l’inflation était un point au-dessus de l’objectif de 2%. En Allemagne, des augmentations de salaires sont réclamées par des organisations syndicales (9,5% chez Porsche, 6,5% pour IG Metall). En Italie, ce sont les employés de banque qui veulent 10% de salaire en plus. La fabrication étant largement délocalisée, il ne faut pas attendre de soulagement d’une baisse de prix de produits manufacturés ailleurs.
N’écoutez ni Greenspan ni Trichet, cramponnez-vous à l’or qui surfera sur la vague montante de l’inflation.
L’or du FMI : une plus-value latente de 23,78 milliards de dollars !
Alan Greenspan et Jean-Claude Trichet, entre autres personnalités de la finance publique, pressent le FMI de vendre son or. En effet, le Fonds Monétaire International prévoit une perte de 102 millions de dollars pour 2007. Des pays comme le Brésil et l’Argentine ont opté pour un remboursement anticipé de leurs prêts. A long terme, le FMI aurait du mal à couvrir ses frais administratifs avec les seuls intérêts versés par les pays en développement, débiteurs.
Bien peu de voix s’élèvent pour critiquer la proposition des "banquiers centraux". Ces messieurs conseillent pourtant à une administration de vendre un actif qui ne lui coûte rien pour couvrir des frais de fonctionnement. Déjà en mai 2005, les contribuables américains (qui se souviennent avoir beaucoup contribué à la réserve d’or du FMI) s’étaient farouchement opposés à une telle opération. Heureusement : l’or cotait à cette époque 420 $ l’once. Il en cote aujourd’hui 660 $ l’once. En gardant ses 3 217 tonnes d’or (soit 104,3 millions d’onces) le FMI a engrangé une plus-value latente de 23,78 milliards de dollars.
Moralité : il vaut mieux écouter les conseils des contribuables que ceux des éminentes personnalités des finances publiques mondiales. Sur le plan humain et social, aucun pays n’a été acculé à la faillite entre mai 2005 et aujourd’hui ; bien au contraire, les remboursements anticipés sont en augmentation. Le FMI lui-même ne semble qu’à moitié convaincu par la suggestion de ces éminences grises. Son porte-parole, Conny Lotze, déclarait en effet : "ce sujet est débattu par les 185 pays membres et ils doivent trouver un consensus sur un nouveau modèle de rentabilité qui pourrait au final n’inclure aucune vente d’or". A priori, ce serait la vente de 400 tonnes qui est actuellement débattue. Pourquoi 400 tonnes, et pas 410 ou 390 ou 3 216 ? Je n’en sais rien, mais messieurs Trichet et Greenspan ont certainement leur idée sur la question.
Qu’en conclure ? Eh bien qu’il convient de se cramponner à son or. Dès que des instances officielles recommandent de jeter de l’or par dessus bord, la probabilité d’une hausse augmente fortement. Mais en supposant que le FMI suive les conseils de messieurs Greenspan et consorts, le cours du métal jaune risque-t-il de s’effondrer ? Il semble que non car ces ventes se feraient en concertation avec celles des banques centrales.
Or, au titre de leur accord quinquennal signé en septembre 2004, les banques centrales sont restées largement en dessous de leur quota de 500 tonnes annuelles. La moyenne mensuelle de leurs ventes se monte à 23 tonnes. Pour atteindre leur quota sur la période, elles devraient maintenant se délester de 50 tonnes par mois. Plus le temps passe, moins cela devient probable. Les 400 tonnes vendues par le FMI seraient compensées par la rétention des banques centrales. Par ailleurs, les investisseurs privés absorbent actuellement en moyenne 105 tonnes par mois. Même si le FMI vendait, la hausse de l’or serait éventuellement ralentie mais pas stoppée — d’autant plus que les signes d’inflation se multiplient.