A suivre l’actualité politique française, on a parfois l’impression d’être dans la position du personnage interprété par Bill Murray dans Un jour sans fin, lequel se réveille chaque matin pour revivre la même journée.
Comme dans le film d’Harold Ramis, il existe heureusement une solution pour sortir de ce cauchemar qui n’en finit plus.
Ces vampires d’un autre temps qui resteront « à la disposition de la Nation » jusqu’au coup de soleil de trop
Le pouvoir est une substance hautement addictive. Lorsqu’un individu en a consommé à haute dose sur une longue durée, il lui est ensuite très difficile de trouver un autre but dans la vie que de régir celle des autres.
C’est en tout particulièrement vrai en France, d’autres pays parvenant fort bien à tirer leur épingle du jeu sans recourir à des politiciens professionnels, ce qui permet à leur classe politique de se renouveler régulièrement.
Nos dirigeants en revanche font souvent l’intégralité de leur carrière dans le milieu, voire ne se résignent à l’abandonner que lorsque la mort les en sépare. Cela ne favorise évidemment pas l’apparition de nouvelles têtes, et encore moins l’émergence de nouvelles idées.
Ainsi la « révolution » politique macronienne – laquelle consiste, pour ceux qui l’auraient oublié, à « ne plus jamais faire de la politique comme avant » – compte une nouvelle vague de soutiens frais comme des gardons, dont je vous propose ici de (re-) découvrir les visages :
Encore François Bayrou, Daniel Cohn-Bendit, Robert Hue et Jean-Pierre Raffarin, qui cumulent à eux quatre quelque chose comme 150 à 200 ans de vie politique, sont-ils encore bel et bien vivants…
Les nécromanciens de la politique
Quitte à récupérer de l’étatiste septuagénaire ou quasi (François Bayrou a 67 ans), la direction de LREM s’est dit qu’elle pourrait également récupérer des morts.
On a d’abord eu droit le 21 avril à Jean Veil, fils de Simone Veil, qui figure en 78ème position sur la liste Renaissance. Il nous a assuré que sa mère, décédée en 2017, aurait soutenu la liste menée par Nathalie Loiseau aux européennes.
Voici dans le détail ce qu’il a déclaré sur BFM le 9 mai :
« Si quelqu’un a le droit de parler au nom de Simone Veil c’est moi, et personne d’autre. Je pense que maman aurait effectivement suivi les recommandations et apporté son soutien au président Emmanuel Macron. C’est ce que je fais. »
Et Simone Veil de se retrouver postérisée dans le programme de LREM pour les européennes et sur des affiches de campagne non-officielles qui circulent sur internet, sans que personne ne lui ait demandé son avis.
Ensuite, pour les cérémonies du 8 mai à Paris, ce fut au tour d’Yves de Gaulle de subitement sortir de son placard pour décerner sa carte « gaulliste » à Emmanuel Macron. A une date ô combien symbolique, celui qui se trouve être l’un des cinq petits-enfants du général (et non le seul, comme voudrait le faire croire BFM) a en effet apporté publiquement son soutien au président, à la veille des élections européennes.
Etonnante prise de liberté, venant de la part d’un homme qui se plaît en d’autres occasions à rappeler que « le général n’a pas de successeur ». Mais peut-être le fils de Philippe de Gaulle fait-il de la nécromancie à ses heures perdues…
Gattopardisme : le nouveau monde, c’est l’ancien (en plus récent)
Comme l’a rappelé Ismaël Emelien, ex-conseiller spécial du président, alors qu’il venait d’être interrogé par l’IGPN dans le cadre d’une affaire de barbouzerie médiatique, le macronisme, c’était en particulier cette promesse-ci :
Pourtant, trois ans seulement après sa création en avril 2016, force est de constater que ce parti a réussi la prouesse de réunir un nombre record d’apparatchiks de droite et de gauche. Pour qui veut bien voir, cela n’est aucunement une surprise, puisque sous ses airs faussement libéraux, le macronisme est lui aussi un dirigisme constructiviste.
Comment s’étonner alors que Philippe Béchade trouve que la « révolution »/ « renaissance » macronienne ait une odeur… assez particulière.
Une odeur de gattopardisme, pour être précis.
Comme le disait Tancrède dans Le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa :
« Crois-moi mon petit oncle, si nous ne nous en mêlons pas, ils vont nous fabriquer une république. Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change. »
« Ainsi naissait le ‘gattopardisme’, synonyme de changements spectaculaires en surface… pour mieux préserver le statu quo des choses profondes », comme l’expliquent Gérard Dussillol et Sébastien Laye sur L’Opinion.
Les politiciens qui font mine de trouver leur chemin de Damas jusqu’à LREM l’ont bien compris.
Comme nous le verrons samedi prochain, d’autre produits politiques périmés, qui n’ont quant à eux pas pu se recycler dans les rangs de LREM, rechignent malheureusement eux aussi à rester dans leur benne à ordure dorée.
Spoiler : heureusement, comme dans Un jour sans fin, une solution existe pour briser cette boucle temporelle tragique…