** Il y a du monde au chevet de Fannie et Freddie. Les investisseurs, la BCE, la Chine, les fonds souverains… Tous considèrent avec inquiétude les patients allongés dans leur lit. A ce jour, les remèdes semblent avoir fonctionné. Requinqués par des injections de cash, appuyés sur les prothèses et les béquilles fournies par l’Etat américain, les deux géants du prêt hypothécaire semblent bons pour reprendre du service.
Sauf que… les médecins, le très renommé Oncle Sam et le prestigieux Ben Bernanke, ont l’air au moins aussi pâles que leurs patients. On dirait que l’intervention les a épuisés… et que leurs assistants et infirmiers sont sur les genoux. Tout l’hôpital est à court de ressources, comme l’expliquait Bill mercredi dernier :
"L’idée de voir les contribuables [américains] venant au secours du secteur des prêts hypothécaires est ridicule ; les contribuables ne peuvent même pas financer les obligations fédérales actuelles — et on est vraiment loin du compte : rien que cette année, par exemple, il manquera un demi-millier de milliards de dollars. Si on le calculait correctement, le déficit américain serait plus élevé de plusieurs milliers de milliards de dollars".
Oui, les autorités médicales font grise mine, et c’est bien embêtant… car les patients ne manquent pas, dans la salle d’attente, et tous ont un besoin crucial d’être soignés rapidement : "des experts s’exprimant sur une grande chaîne économique américaine n’hésitent plus à révéler que 200 banques pourraient faire faillite d’ici fin 2009", révélait Philippe Béchade hier. "D’après notre dernier décompte, 13 banques ont déjà déposé le bilan aux Etats-Unis ; le fonds d’indemnisation voit ses réserves fondre à une telle vitesse que ses caisses seront vides d’ici la fin de l’année".
"C’est une caisse de solidarité qui collecte des fonds auprès de l’ensemble des adhérents. Ils sont de moins en moins nombreux — et pour cause — mais il faudrait qu’ils versent beaucoup plus, alors que leur santé financière est gravement altérée par la crise actuelle. Nous parions même qu’ils sont des milliers à ne pas pouvoir verser un dollar de plus, au risque de précipiter leur propre banqueroute".
Des malades exsangues, des docteurs au bord de la syncope, du personnel médical épuisé… le coma généralisé guette.
Mais comme de bien entendu, on peut compter sur la planche à billets, qui continuera de tourner quoi qu’il arrive ; la renommée de l’hôpital suffira-t-elle à convaincre le reste du monde que le "bip-bip" du respirateur artificiel est en fait le pouls régulier d’un système sain ?
Je ne sais pas, cher lecteur… et dans le doute, je m’en tiendrai au conseil de nos spécialistes américains : "d’une manière générale, nous restons prudents en ce qui concerne le secteur du crédit ; attendez-vous à une baisse massive des actions jusqu’en 2010, à une consolidation dans l’industrie des services financiers… et à de la douleur, que vous le vouliez ou non. Je me demande seulement d’où va bien pouvoir venir le capital qui va renflouer tout le monde simultanément. Même si ce capital se montrait, il serait certainement d’un coût indécent et serait dilutif pendant de très longues années".
Philippe Béchade n’a d’ailleurs pas attendu le délabrement de Fannie, Freddie, Lehman et les autres pour mettre en place une stratégie de couverture : pour la découvrir, continuez votre lecture…