** Quand la bourse est en berne, la quête des "actifs décorrélés" s’intensifie. "Actifs décorrélés", c’est juste du jargon financier pour désigner les valeurs qui n’évoluent pas au même rythme que le marché général. Quand le marché chute, un actif décorrélé peut parfois augmenter, ou du moins mieux se maintenir que le marché.
– L’or en est l’exemple classique. Son prix tend à augmenter dans les périodes où la bourse est en difficulté. Mais peu d’investissements peuvent rivaliser avec la longue histoire de décorrélation de l’or. Les imposteurs abondent. Ces imposteurs peuvent évoluer indépendamment du marché général pendant des mois ou des années, donnant ainsi l’impression d’être décorrélés. Mais quand la situation des marchés se gâte vraiment, les investisseurs apprennent souvent que leurs actifs "décorrélés" chutent tout aussi durement qu’un fond indiciel sur le S&P 500.
** Cependant, certains investisseurs pensent avoir trouvé un nouvel actif décorrélé fiable : les "marchés frontières". Merrill Lynch a récemment créé un index pour les dénicher, mais aussi pour que les investisseurs puissent les acheter et les vendre.
– Parmi les marchés frontières, on retrouve le Pakistan, le Koweït, les Emirats Arabes Unis et d’autres marchés à travers l’Afrique et le Moyen-Orient. Ils comprennent également le Vietnam, le Kazakhstan, Chypre et d’autres encore. Ils sont trop petits séparément pour que les institutions y investissent, mais rassemblez-les pour créer un nouvel indice qui vous permet de les acheter et de les vendre ensemble et… vous obtenez quelque chose d’intéressant.
– Le nouvel indice Frontier Index de Merrill Lynch rassemble les 50 plus grandes entreprises dans 17 marchés frontières. Pourtant, la valeur en bourse de toutes ces entreprises réunies n’atteint que 330 milliards de dollars — à peu près la valeur de General Electric. En ce moment, l’indice penche lourdement vers le Moyen-Orient, avec 50% dans la région. L’Asie en est l’élément le plus important, avec 23%, suivie par l’Europe à 14% et l’Afrique à 13%.
– En ce qui concerne les groupes industriels, les banques sont généralement les entreprises les plus importantes dans n’importe quel marché émergent. Les banques et les entreprises de services financiers représentent près de 65% de l’indice. Le pétrole et le gaz constituent le second secteur le plus important, puisqu’ils pèsent à eux deux 13%. En ce qui concerne les pays, dans le top trois on retrouve les Emirats Arabes Unis (23%), le Koweït (18%) et le Pakistan (14%).
– J’aime l’idée d’investissement frontière, parce que je suis optimiste quand il s’agit de marchés mondiaux et de l’explosion des marchés étrangers. C’est peut-être mon côté globe-trotter. Mais quand je voyage à l’étranger, je vois quantité d’opportunités. Je vois des gens monter des affaires. Je vois l’impact des forces du marché mondial sur les marchés de l’énergie locale, de la nourriture et des ressources. Je vois le monde rétrécir.
– Je suis haussier à long terme sur des marchés comme les Emirats Arabes Unis, le Koweït, le Vietnam et bien d’autres. Mais je suis également conscient que se positionner sur ces marchés ne sera pas sans risque.
– Je suis sceptique quant à l’idée que les marchés frontières sont des "actifs décorrélés". Les liens entre ces petits marchés et leurs grands frères sont probablement plus forts maintenant qu’ils l’étaient par le passé. Le Vietnam, par exemple, dépend largement des investissements étrangers. La devise vietnamienne, le dong, est toujours liée au dollar. Nous devons donc être prudents quand nous pensons au passé et affirmons que l’avenir sera identique.
– Pour leur seul aspect d’économies en voie de développement, j’aime les marchés frontières sur le long terme. Malheureusement, seules les institutions peuvent acheter l’indice de Merrill Lynch pour l’instant. Mais les investisseurs individuels peuvent toujours investir dans les marchés frontières par le biais des fonds d’investissement. Le fonds T. Rowe Africa & Middle East lancé récemment en fait partie. Assurez-vous seulement que vous pourrez supporter les cahots qu’entraîne le fait de travailler sur l’investissement frontière.
– Je pense que les marchés frontières auront un plus grand rôle à jouer dans les portefeuilles dans les années à venir, qu’ils soient réellement décorrélés ou non. De toute façon, dans le pire des cas, vous perdrez de l’argent dans plusieurs langues…