▪ Rien n’épuise un chroniqueur boursier comme les périodes où il ne se passe pas grand’chose — surtout quand le "pas grand’chose" en question va contre ses anticipations.
Les marchés grimpent. Puis reculent un peu. Puis se stabilisent. Puis regrimpent.
Et pourtant ! Nous tenons bon, à la Chronique Agora. Nous nous remémorons l’adage bien connu : "quand tout le monde pense la même chose, c’est que plus personne ne pense". C’est à peu près ce que nous rappelait Philippe Béchade hier :
"Une vérité déjà connue de tous n’a jamais permis de faire fortune, contrairement à certaines inspirations visionnaires, forcément à contre-courant des opinions les plus conservatrices. Il [faut] des mois et des années d’un patient travail à contre-courant pour que la tendance se range enfin du côté des minoritaires les mieux inspirés, les marchés n’aimant guère devoir changer d’avis plus de deux fois par décennie".
Que diable ! Ce n’est pas comme si les fondamentaux n’étaient pas de notre côté, en plus ! Simone Wapler, rédactrice en chef du magazine MoneyWeek, est bien de notre avis :
"Obnubilés par le court terme, beaucoup d’observateurs négligent de regarder dans le rétroviseur et de peser les chiffres révisés. En outre, depuis le début des années 1980, les méthodes de mesure statistiques ont été revues à plusieurs reprises".
"John Williams [de la lettre américaine Shadow Government Statistics] s’efforce de raccorder les chiffres afin de pouvoir les remettre dans une perspective de long terme. Sa conclusion est sombre : ‘L’économie souffre de problèmes structuraux liés au revenu des consommateurs ; les ménages ne peuvent plus s’appuyer sur la croissance de leur endettement pour compenser la baisse de leur niveau de vie. La dépression actuelle montrera probablement de multiples baisses d’activité, comme ce qui s’est produit durant la Grande Dépression ou lors de la récession en double creux du début des années 1980’."
"Nous nous rangeons dans le camp minoritaire des pessimistes", conclut Simone, "et estimons que ce que les médias qualifient de récession s’avérera bien être une dépression, c’est-à-dire une baisse de l’activité économique supérieure à 10% entre son pic et son creux. Nous en sommes pour le moment à -7%. Dans ce cas, la rechute du Standard & Poors (comme celle des autres indices) sera brutale".
Maintenant, ne reste plus qu’à attendre la rechute en question… peut-être longtemps.