** La première loi de la thermodynamique nous dit que l’énergie ne peut être ni créée ni détruite. La seconde loi nous dit qu’un transfert d’énergie parfait n’existe pas — on perd toujours un petit quelque chose. Ces lois ne peuvent être transgressées, pas plus que la soif mondiale d’énergie ne peut être facilement étanchée. Et notre dépendance aux carburants fossiles augmente donc, simplement parce qu’il n’existe pas d’alternatives simples à grande échelle… pour l’instant.
– Le soleil, lui, est plutôt "à grande échelle", et il produit une quantité impressionnante d’énergie. En fait, il baigne la terre de plus d’énergie potentielle que nous pourrions espérer en utiliser (il a été calculé que les humaines utilisent actuellement environ un millionième d’un milliardième de la production totale du soleil).
– Ces deux considérations — le coût caché des carburant fossiles et la prodigieuse production solaire — ont poussé les gouvernements des pays riches à subventionner l’industrie de l’énergie solaire. En général, le terme "subventionner" laisse un arrière-goût amer, mais le raisonnement est en fait plutôt sensé, dans le cas présent. Les problèmes énergétiques pressants de la planète sont en grande partie ce que les économistes appellent des "externalités" — des facteurs qui se manifestent en dehors du prix de marché, et qui doivent donc être traités en conséquence. Les marchés financiers excellent dans l’art de résoudre les problèmes de court terme lorsque des motifs de profits suffisants existent. Mais les marchés ne sont pas si doués pour régler les difficultés du genre "tragédie de tous les jours" — toutes les choses "hors bilan" que tout le monde finit par payer à long terme. D’où l’idée de donner un petit coup de pouce gouvernemental à l’énergie solaire — dans l’espoir de lui donner la masse critique dont elle a besoin.
** Les pragmatiques Allemands ont été les premiers à se lancer. Il y a quelques années, le gouvernement allemand a inventé un programme plus qu’alléchant : il s’agissait d’encourager le consommateurs et les entreprises à revendre de l’électricité solaire au réseau, à des prix supérieurs à ceux du marché. Par le biais d’un modeste investissement en technologie écologique, un soleil abondant pouvait être transformé en espèces sonnantes et trébuchantes.
– Qui pouvait faire mieux ? Le programme a été un succès retentissant, faisant de l’Allemagne le plus grand consommateur de panneaux solaires au monde — avec une bonne longueur d’avance sur le reste.
– Les autorités locales et nationales de plusieurs continents n’ont pas tardé à suivre l’exemple allemand, encourageant le développement de la technologie solaire au travers de divers changements de réglementation, réductions d’impôts et programme d’encouragements. Aux Etats-Unis, la Californie et le New Jersey mènent la charge de l’énergie renouvelable, ouvrant la voie à des dizaines d’autres états.
– Malheureusement pour le secteur de l’énergie solaire, cet afflux d’enthousiasme s’est révélé un peu prématuré et difficile à canaliser. La constante pénurie de silicone — la matière utilisée pour faire les semi-conducteurs et les panneaux solaires — a engendré des fournisseurs à court, des installateurs au chômage technique et des coûts de production devenus astronomiques. De nombreuses petites entreprises solaires se sont retrouvées mises à mal.
– Malgré cela, l’énergie solaire est promise à un brillant avenir (pardonnez le jeu de mot…). La longue marche vers la "parité énergétique" — le point où les coûts de l’électricité solaire sont au même niveau que l’électricité conventionnelle pour le réseau local — est bel est bien entamée.
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