▪ Nous avons les noces en tête. L’une de nos filles se marie ce week-end. Le père de la mariée doit s’occuper de certaines formalités — le discours, le plan du parking — et, pour le reste, se tenir en dehors du chemin.
Distrait par la félicité conjugale, nous n’avons pas pu poursuivre notre campagne pour devenir président de la Fed. Pendant plusieurs jours, nous étions hors du bureau. Peut-être avons-nous manqué le coup de téléphone de M. Obama ? Ou peut-être était-il simplement trop occupé à préparer un acte de guerre contre un pays étranger pour accorder beaucoup d’attention au régime monétaire des Etats-Unis.
Qui sait ? Quelle qu’en soit la raison, nous n’avons pas reçu d’appel. On ne nous a rien demandé. Pas plus que la NSA, la CIA ou le FBI n’ont fait de vérification dans notre vie privée pour s’assurer que nous ne causerions ni honte ni regret à l’administration. Ce n’était pas vraiment nécessaire. Il est évident au premier coup d’oeil que nous serions un profond embarras pour n’importe quel gouvernement nous permettant d’accéder à un poste important.
Pourquoi ? Parce que nous ne partageons tout simplement pas le fantasme viscéral de tous les banquiers centraux modernes — qui pensent pouvoir savoir mieux que tout le reste du monde réuni quel taux d’intérêt, quel taux de chômage et quel taux d’inflation le pays devrait avoir.
Nous parlons de ces trois chiffres parce que la Fed décide des taux courts et influence les autres taux d’intérêt par des interventions directes. Elle le fait, dit-elle, pour modifier les deux autres chiffres — l’emploi et l’inflation. Tous les candidats à la tête de la Fed — nous excepté — pensent qu’il est de leur droit et de leur devoir de faire ces choses. Ce qui signifie qu’il ne faudrait laisser aucun d’entre eux s’approcher de la Fed.
▪ Le retour de Larry Summers
Mauvaise nouvelle : il semblerait que notre campagne soit éclipsée par M. Larry Summers. Le New York Times nous en dit plus…
"Les entreprises levant des fonds et les gens achetant des maisons et des voitures ont tous été confrontés à des taux d’intérêt en hausse ces derniers mois, la campagne de la Fed pour contrôler les coûts de l’emprunt ayant échoué. La hausse des taux reflète l’optimisme sur le fait que l’économie reprend de la vigueur, ainsi que les attentes d’une réduction de la politique de la Fed plus tard cette année. Mais un large éventail d’analystes financiers voient également des preuves d’un ‘effet Summers’."
"De nombreux investisseurs s’attendaient à ce que Mme Yellen soit nommée pour remplacer Ben S. Bernanke à la tête de la banque centrale, un choix qui aurait envoyé un message clair de continuité. Mais les investisseurs tentent plutôt maintenant d’anticiper de quelle manière M. Summers pourrait changer la Fed".
"Les gens ne savent pas ce que Larry pourrait faire", a déclaré Mohamed El-Erian, du fonds obligataire géant PIMCO. "Il n’y a pas beaucoup d’informations sur les opinions de Larry. Nous n’avons pas assez d’éléments pour faire une évaluation, juste quelques récits de deuxième ou troisième main".
Nous non plus, nous ne savons pas ce que Larry pourrait faire. Et nous ne voulons pas le découvrir.
C’est un interventionniste majestueux… un empêcheur de tourner en rond par excellence… une bonne âme sans pareille. Il a une solution pour chaque problème… et chaque solution amène encore plus de problèmes. Comment, exactement, il améliorerait le monde — avec des taux en baisse… ou des déficits fédéraux en hausse… ou autre chose, peu importe — n’est qu’une question de détail.
Mais… posez cette question à M. Summers : "votre politique fera-t-elle du monde un endroit meilleur… ou pire ?"
M. Summers, s’il est honnête, doit répondre : "je ne sais pas".
Maintenant, demandez : "l’issue sera-t-elle meilleure ou pire que si on laisse les acheteurs et les vendeurs libres de poursuivre leurs propres politiques ?"
A nouveau, un homme honnête doit répondre : "je ne sais pas".
Mais à moins que nous l’ayons mal jugé, M. Summers n’est pas un homme honnête. Il vous donnera plutôt toutes les "raisons" pour lesquelles sa politique produira plus d’emploi ou plus d’inflation… et pourquoi ce serait une meilleure issue que celle élaborée par la nature elle-même. En bref, il vous dira pourquoi il est plus intelligent que l’homme ou que les dieux.
C’est la sorte de vanité boursouflée qui doit constituer une belle cible pour des dieux jaloux. Ils auront leur revanche. Ce sont eux qui riront les derniers. Ils s’assureront que l’économie américaine obtiendra non pas ce qu’elle attend… mais ce que M. Summers mérite.
C’est pour cette raison que M. Obama s’en tirerait bien mieux s’il nous appelait. Au moins sommes-nous conscient que les banques centrales sont sujettes à la règle du déclin de l’utilité marginale — comme tout le reste. Un peu d’action — maintenir la devise à un taux fixe — peut être une bonne chose. Mais dès que les banquiers centraux mettent le nez dans l’emploi, l’inflation ou les taux d’intérêt, le retour sur investissement passe rapidement sous le zéro. Ensuite, on est en route pour le désastre.
Barack… ce pourrait être votre dernière chance. Appelez le 0800 Fed Boss. Et demandez Bill.