La politique monétaire n’est pas un instrument économique mais purement politique destiné à favoriser le pouvoir en place. La preuve par Trump.
Donald Trump candidat fustigeait la politique de taux bas pratiquée par la Fed et accusait Janet Yellen d’avoir forgé une économie Potemkine reposant sur une bulle.
Donald Trump, août 2016
« Si les taux montent, ce ne sera pas joli, vous allez voir. Tout n’est qu’une grosse bulle. » (1)
Moins d’un an plus tard, Donald Trump se déclare favorable à une politique de taux bas.
Donald Trump, avril 2017 au Wall Street Journal :
« J’apprécie vraiment une politique de taux bas, je dois être honnête avec vous. » (1)
Que s’est-il donc passé ?
C’est très simple : Trump a été élu. Ce qu’il dénonçait en tant que candidat, l’aide une fois arrivé au pouvoir.
Trump veut une politique monétaire qui le sert
Donald Trump n’est en rien différent de tous ses prédécesseurs depuis 1971. L’argent facile, la fausse monnaie, les dévaluations aident le pouvoir en place, le Deep State ou la Parasitocratie. Les Etats-Unis ne sont en rien différents des autres pays.
Depuis que les banques centrales sont au pouvoir, les taux baissent partout dans le monde. Le crédit toujours plus facile masque les problèmes et crée une consommation artificielle qui n’est soutenue par aucune véritable hausse du pouvoir d’achat.
L’immobilier augmente ? Aucune importance, le crédit hypothécaire baisse.
Les salaires stagnent ? Aucune importance, on peut acheter une voiture à crédit.
Les soins de santé coûtent de plus en plus cher ? Aucune importance, les Etats providence s’endettent pour les financer.
La durée des études nécessaire pour obtenir un salaire décent augmente ? Aucune importance, on peut contracter un prêt étudiant et débuter sa vie professionnelle endetté.
Mais si un jeune commence sa vie professionnelle chargé de dettes, comment pourra-t-il épargner ?
Aucune importance, l’épargne ne rapporte plus rien, elle est devenue inutile. La dette se substitue à tout.
Une économie qui favorise les marchands de dette
Les marchands de dette qui ont acheté leur privilège de création monétaire s’enrichissent. Les meilleurs salaires, les plus grosses fortunes se font dans la finance et la part de l’industrie financière dans l’activité économique ne cesse de s’élever.
Quelle est la différence entre un système de taux d’intérêt administré et un système où les taux d’intérêt dépendent de la quantité d’épargne disponible ?
Dans le système dirigiste, des planificateurs omniscients forcent les taux à la baisse pour faire survivre des zombies qui ne sont pas rentables. Dans le système libre, les taux d’intérêt s’établissent naturellement, les cycles économies se régulent d’eux-mêmes, les activités non rentables font faillite, les lobbyistes partent à la pêche, les politiciens clientélistes ne sont pas réélus.
Dit autrement, le système naturel est très défavorable à la Parasitocratie.
Trump candidat pouvait encore dénoncer le système dirigiste (bien qu’il ait profité des taux bas pour bâtir son empire immobilier). Mais Trump président ne peut en aucun cas scier la branche sur laquelle il est assis.
C’est pourquoi il a récemment commencé à montrer les dents vis à vis de Powell.
« Les Etats-Unis ne devraient pas être pénalisés parce qu’il vont si bien. Le resserrement monétaire pénalise maintenant tout ce que nous avons fait. Les Etats-Unis devraient pouvoir se refaire de tout ce qui a été perdu en raison de manipulations monétaires illégales et de MAUVAIS accords commerciaux. Nous avons des échéances de dette à venir et nous augmentons les taux – Vraiment ? »
Dès cette annonce vendredi 20 juillet, le dollar a chuté et l’or – qui n’est la dette de personne – a rebondi de 1%.
Evidemment, dès que la bulle des marchés financiers donnera des signes de dégonflement, Powell se dégonflera aussi et nous verrons à nouveau les taux baisser. Mais cette fois, il aura très peu de marge de manoeuvre.
En 2000, on partait de 7%, en 2008 de 5%, là, Powell partira de plus bas…
Il faudra justifier de refaire plus de tout ce qui n’a déjà pas marché mais les gens ne seront plus dupes. A ce moment, le système dirigiste des banquiers centraux sera ridiculisé. L’heure des comptes viendra et une partie de ces comptes sera apurée en or. Car finalement, pourquoi les banques centrales conservent-elles encore de l’or ?
(1) https://www.cnbc.com/2016/08/09/donald-trump-on-the-stock-market-its-all-a-big-bubble.html
« If rates go up, you’re going to see something that’s not pretty, » the billionaire businessman told Fox News during a Tuesday morning phone interview. « It’s all a big bubble. »
(2) https://www.wsj.com/articles/trump-says-dollar-getting-too-strong-wont-label-china-currency-manipulator-1492024312
“I do like a low-interest-rate policy, I must be honest with you,”
3 commentaires
On verra s’il aime autant les taux bas quand l’inflation sera hors de contrôle.
» Car finalement, pourquoi les banques centrales conservent-elles encore de l’or ? »
Probablement parce que c’est un excellent moyen de faire baisser le taux de change d’une devise (puisque selon leur raisonnement mercantilistes une monnaie forte serait un danger pour l’économie). Du coup si vous vous attendez à ce qu’ils rendent leur monnaie convertible en or je pense que vous risquez d’être dessus.
@Sébastien Maurice
Je réagis à votre observation ci-après : » On verra s’il aime autant les taux bas quand l’inflation sera hors de contrôle. »
Oui mais l’hyperinflation menace-t-elle réellement l’économie américaine ?
Il me semble que le dernier krach de 2008 était fortement déflationniste, et que la politique monétaire tant de la FED ( jusqu’en décembre 2015 où elle a décidé de remonter ses taux) que de la BCE, consistait
à lutter contre la déflation au moyen de Q.E. et de baisse des taux.
Les krachs du passé (1929, 2000, 2008) se sont tous traduits par des cassures/dégringolades similaires sur la courbe des indices boursiers ( type Dow Jones ou CAC 40) et les banques centrales ont toujours réagi en luttant non contre de l’inflation ou hyperinflation, mais clairement, il me semble, contre des risques de déflation.
C’est assez logique : la destruction soudaine des montagnes de crédits investis dans les actions équivaut à une contraction du crédit, laquelle est toujours déflationniste.
Les dettes deviennent impossibles à rembourser, entraînant des risques de faillites bancaires en cascade et les banques centrales réagissent avec l’assouplissement quantitatif/planche à billet/ »Helicopter Money »/monétisation des dettes publiques.
Parallèlement les Etats ont dépensé massivement et laissé filer leurs déficits publics ( jusqu’à 40% de croissance de leur dette publique, ce qui ‘est énorme).
A son époque, Jacques Rueff soulignait que pour tuer une économie il n’y avait pas de meilleur moyen que la monétisation de la dette publique en conjonction avec les déficits et dépenses publics.
Et c’est justement ce qu’ont fait les banques centrales et les gouvernements depuis 2008 !
J’ajoute qu’il ne s’agit pas de le vouloir pour déclencher de l’hyperinflation, en effet , si les banques centrales maîtrisent l’émission monétaire au moyen du Q.E. et de la baisse des taux directeurs, il est un autre facteur présent dans l’équation de Fisher (MV=PT) , le facteur V qui représente la vélocité de la monnaie.
Or les banques n’ont aucun pouvoir sur la vélocité de la monnaie, qui obéit notamment à des facteurs
psychologiques.
Un exemple historique :
L’ hyperinflation en Allemagne à l’époque de la république de Weimar s’était déclenchée avec beaucoup de retard par rapport à l’excès de création monétaire qui en était à l’origine.
En d’autres termes, les banquiers avaient beau injecter des masses monétaires en excès dans l’économie; ces injections ne se sont traduites par de l’hyperinflation dans l’économie réelle qu’au moment où les agents économiques l’ont décidé…
Cette impuissance des banques centrales à créer de l’inflation, on y assiste clairement depuis 2008.
En effet, l’une des causes centrales de la crise est le surendettement.
Pour y remédier, il n’y a qu’une solution acceptable pour les banques et les Etats (mais pas pour les épargnants et investisseurs) , c’est l’inflation ou l’hyperinflation à deux chiffres telle que nous l’avons subie dans les années 1970 à 1980, juste avant que Paul Volcker ne monte les taux de la FED jusqu’à 20 %.
Les deux autres « solutions » sont le défaut de paiement ou le krach (actions ou obligations).
Depuis 2008, les banques centrales se sont évertuées, sans succès, à créer de l’inflation, malgré l’usage intensif de la planche à billet.
Depuis seulement un an ou deux, l’inflation semble pointer son nez aux Etats Unis ( mais pas encore en Europe), et la FED remonte timidement ses taux.
Mais il me semble que les risques d’hyperinflation sont encore loin.
D’autant que les indicateurs nous font entrevoir la proximité de l’éclatement de la bulle boursière, notamment le PER de Schiller qui atteint un niveau inégalé depuis 100 ans.
Il est fort probable que le krach boursier à venir va effondrer le château de cartes et que, rebelote ! les banques vont à nouveau être confrontées au spectre de la déflation.
A fortiori si le krach actions entraîne un krach obligataire, puis un krach immobilier.
Les banques centrales risquent de ne pas avoir le temps de remettre en place des Q.E. efficaces face à l’écroulement d’une telle montagne de dettes.
D’autant que la gravité des krachs croît exponentiellement.
Le krach de 2008 a été infiniment plus grave que celui de 2000, dès lors qu’il a failli entraîner la faillite systémique de toutes les banques mondiales.
Le prochain devrait être pire encore.
Pour terminer, je pense que le niveau de surendettement actuel est déjà trop élevé pour provoquer de l’hyperinflation, nous avons dépassé ce stade.
Le danger majeur, serait plutôt le mécanisme de déflation par la dette mis en évidence par Irving Fischer.
Je cite l’article de Wikipedia intitulé « déflation » :
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9flation
« Un endettement excessif produit un effet de masse quand les prix baissent. Dans un premier temps, l’endettement soutient la croissance mais à terme il peut produire des effets déflationnistes, en accord avec le mécanisme de déflation par la dette d’Irving Fisher, mécanisme qui sera présenté dans la section conséquences. »
Si l’analyse ci-dessus s’avérait correcte à l’avenir, le prochain krach signera peut être la fin apocalyptique
du système monétaire mondial.
En effet, je rappelle que si l’inflation détruit les richesses virtuelles, la déflation, elle, détruit tout : les richesses virtuelles comme les richesses réelles.
Et les politiques monétaire et budgétaire sont impuissantes contre une forte poussée déflationniste.
Si cela arrive, il faudra ne pas s’étonner :
Les banques centrales ( et les Etats ) auront vraiment tiré sur la corde jusqu’à ce qu’elle se rompe.
Elles ont joué avec le feu.
Même un retour à une forme d’étalon-or serait radicalement impossible et inenvisageable, du moins certainement pas avant l’écroulement de la montagne de dettes.
Je me suis renseigné récemment auprès de mon banquier, savez vous combien rapporte aujourd’hui
un compte à terme, ou un compte sur livret ?
La réponse est, tenez vous bien : 0,15 % par an ! sans compter les prélèvements sociaux….
Un chiffre qui suffit à démontrer combien le système monétaire mondial, fondé sur le dollar-papier,
est aujourd’hui malade…
Je crois que Voltaire avait raison lorsqu’il affirmait :
“La monnaie papier finit toujours par retourner à sa valeur intrinsèque, c’est-à-dire zéro !”
Finalement, ce système consistant, pour les banques centrales, à créer par la baisse des taux, des immenses bulles pour ensuite les dégonfler par remontée des taux, est complètement insensé.
Il ne devrait pas durer.
Espérant qu’après ce désastre magistral et monumental, le monde ne reparte pas vers un autre système monétaire encore pire que l’actuel, par exemple avec un FMI transformé en super-banque centrale mondiale, inondant le monde avec des DTS papier créés ex-nihilo….l’humanité ayant un don certain
pour réitérer les mêmes erreurs.
Aujourd’hui ce qui manque le plus à l’humanité, ce sont des moyens d’échange honnêtes, stables dans la durée, et impossibles à manipuler de quelque façon que ce soit.
Et mettre fin à tous ces concepts ridicules de « too big to fail », « prêteur en dernier ressort », « politique » monétaire, « politique » budgétaire, etc…
En particulier, les émetteurs de monnaie doivent pouvoir faire faillite et ne plus disposer d’un monopole, sinon nous ne sommes plus dans un véritable système capitaliste.