** Alors que la marée monte pour la volatilité boursière, le niveau d’eau baisse sur la planète entière — ce qui fournit un thème d’investissement intéressant. En termes simples, l’eau est précieuse, surtout quand on n’en a pas.
– Le thème de l’eau compte plusieurs facettes. Il y a les fabricants de tuyaux et les entreprises de filtration, les équipements d’irrigations, les pompes et bien d’autres choses encore. J’aimerais me concentrer aujourd’hui sur la ressource en elle-même — le fait de posséder de l’eau — parce que le paysage boursier me semble assez favorable à une hausse des prix.
– Le Financial Times a récemment détaillé les faits principaux. L’utilisation annuelle d’eau a été multipliée par six — soit plus du double du taux de croissance démographique. Qu’est-ce que cela signifie ? Selon le Financial Times : "l’une des conséquences inévitables, c’est que le prix de l’eau grimpera de manière substantielle".
– Je suis également de cet avis. Lorsqu’on examine les endroits où la croissance démographique est la plus importante, on s’aperçoit que cela concerne les régions où l’eau est la plus rare. Regardez les Etats-Unis par exemple : les deux populations à la croissance la plus rapide ses situent dans le Nevada et l’Arizona. Les projections du Bureau du recensement US montrent que cela n’est pas près de changer.
– L’ouest américain est déjà une région sèche et aride. Le printemps passé se classait sixième au rang des plus secs jamais enregistrés. Dans certains états — comme la Georgie, l’Alabama, le Tennessee et le Mississippi — on a vécu le printemps le plus sec de ces 113 dernières années. Et la sécheresse dure encore cet été dans bon nombre de régions du pays. Près des deux tiers des états du sud-ouest US connaissent une forme de sécheresse ou une autre.
– Les incendies ont dévoré des centaines de milliers d’acres de forêt. Pour les récoltes, les pertes commencent à s’accumuler. A présent, la sécheresse menace le Midwest, qui est au cœur du boom de l’éthanol et abrite un nombre record d’acres de maïs. Cette région ne fera que s’assécher à mesure que les années passent. Peu importe vos convictions sur ce qui réchauffe notre jolie petite planète verte et bleue, une chose est certaine : elle se réchauffe. Et tout le monde semble tomber d’accord pour dire que certaines régions deviendront particulièrement sèches et chaudes.
– Comme le notait le Financial Times : "d’ici 2070, Stockholm et Oslo seront ‘passés’ en termes de climat, en Espagne centrale, tandis que les complexes balnéaires méditerranéens subiront des conditions comparables à celles de l’Afrique saharienne actuelle". De même, l’ouest américain — déjà aride — deviendra encore plus sec et plus chaud. 2070 est encore loin, bien entendu. J’aime à me considérer comme un investisseur de long terme, mais pas à ce point ! Cependant, ces tendances constituent de solides éléments de soutien à une hausse des prix de l’eau.
** Actuellement, on trouve des anomalies absurdes dans les marchés mondiaux de l’eau parce que les gouvernements fournissent — ou réglementent lourdement — la majeure partie de l’eau utilisée par les consommateurs. On trouve par exemple des situations où l’eau coûte 90% plus cher à Barcelone qu’à Valence… alors que l’eau est bien plus rare à Valence qu’à Barcelone. Et la situation est tout aussi absurde en Californie, où les agriculteurs consomment 80% de l’eau.
– Les fameux cultivateurs de luzerne californiens absorbent jusqu’à 25% de l’eau de l’état. Cependant, grâce à des subventions gouvernementales, ils paient entre 2 et 20 $ leur acre-pied d’eau — soit 10% seulement du coût économique complet. Avec des prix si avantageux, on n’est guère encouragé à réduire sa consommation d’eau… [Un acre-pied, c’est la quantité d’eau nécessaire pour remplir une "bassine" ayant une surface d’un acre pour une profondeur d’un pied. Un acre-pied fournirait assez d’eau pour une famille de quatre personne durant une année entière].
– En Europe, le gouvernement fournit encore deux tiers de l’eau. Aux Etats-Unis, ce chiffre se monte à 85%, contre 95% pour l’Asie. L’eau a été trop bon marché pendant trop longtemps. Et des années de nationalisation ont engendré — ce qui n’est guère surprenant — des négligences dans le système.
– Au Royaume-Uni, "où le secteur de l’eau est majoritairement privatisé", déclare le Financial Times, "et où les prix reflètent probablement les coûts avec le plus d’exactitude, les prix sont au troisième rang mondial — 66% plus élevés qu’aux Etats-Unis". Il va falloir payer notre eau plus cher d’une manière ou d’une autre, ou nous n’en n’aurons plus.
– Le prix de l’eau ne peut que grimper, selon moi — surtout dans les régions où l’eau est rare. Et dans ces endroits, les tiroirs-caisse vont sonner.