▪ Flairant l’évidence, Standard & Poor’s a abaissé sa perspective d’évolution de la dette américaine de « stable » à « négative ».
L’agence de notation a ajouté : « il existe une probabilité d’au moins un sur trois que nous abaissions la note à long terme sur les Etats-Unis dans les deux ans ».
Au moment où nous écrivons cet article, le Dow est en baisse de plus de 200 points. Le S&P se maintient avec difficulté à 1 300. Et le rendement d’un bon du Trésor à 10 ans a réussi à atteindre le niveau de 3,44%.
Pour mémoire… ou, devrions-nous dire, pour ce que cela vaut… S&P maintient sa note de la dette américaine à AAA.
Etant donné le fait que le gouvernement américain est à 28 jours de buter contre son plafond d’endettement de 14 300 milliards de dollars, nous soupçonnons que la question de la capacité de l’Oncle Sam — sans parler de sa volonté politique — à payer est trop évidente pour être ignorée.
L’actuel plan budgétaire de la Maison Blanche nécessite de rehausser le plafond à 20 800 milliards de dollars d’ici 2016. Le plan de Paul Ryan, représentant républicain du Wisconsin, a emporté l’adhésion de la Chambre vendredi. Il nécessiterait un plafond de 19 500 milliards de dollars, selon les chiffres établis par Bloomberg.
Hélas ! « Nous pensons qu’il existe un risque réel », avertit S&P, « que les responsables politiques américains ne puissent parvenir à un accord sur la façon de répondre aux difficultés budgétaires à moyen et long terme d’ici 2013 ».
« Si on ne parvient à aucun accord et qu’un plan d’action n’est pas lancé d’ici là, cela rendrait à notre avis le profil budgétaire des Etats-Unis notablement plus faible que celui des autres pays ‘AAA’. »
▪ Malheureusement, dans ce monde de fin de capitalisme dégénéré, la dureté des mots est au niveau des faits décrits.
Standard & Poor’s a continué à noter toute une série de créances hypothécaires AAA jusqu’à ce qu’elles implosent en 2007-08.
« La terrible position financière dans laquelle se retrouvent les Etats-Unis », écrivait notre ami Barry Ritholtz, auteur de Bailout Nation, « est en grande partie due au ‘bon’ travail de S&P. La ‘perspective négative’ de la dette américaine est arrivée du fait de l’incapacité de Standard & Poor’s de faire correctement son boulot de notation des créances hypothécaires ».
« Finalement, c’est cela qui a provoqué toute cette crise, l’effondrement financier, l’énorme déficit budgétaire et aujourd’hui une [prise de bec] politique sur le plafond de la dette ».
De tous les subprime notés AAA émis par MBS en 2006, 93% sont aujourd’hui junk, c’est-à-dire sans valeur.
Naturellement, en réaction à l’annonce de S&P, dans un mouvement que seul notre ami Abe Cofnas pourrait prétendre comprendre, le dollar a grimpé. En fait, à 75,4, l’indice du dollar s’est montré plus fort qu’il ne l’a été depuis plus d’une semaine.
Aïe ! On peut mettre cela sur le compte d’un numéro encore plus terrible dans cette usine à mélasse : l’euro.
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