▪ Parfois, les révolutions médicales ont lieu dans les circonstances les plus improbables…
Le 2 décembre1943, un raid aérien surprise sur le port italien de Bari — alors contrôlé par les alliés — fut une telle réussite qu’il reçut le nom de « Petit Pearl Harbor ». Parmi les navires endommagés par le bombardement aérien, il y avait le SS John Harvey et sa cargaison d’armes chimiques. L’explosion des bombes lâcha des tonnes d’agents de guerre chimiques dans l’air et l’eau autour de Bari, exposant des milliers de personnes et coûtant la vie à des centaines.
En effet, fin 1943, les forces alliées avaient sécurisé le contrôle militaire de l’Italie du sud. Leur stratégie avait pour but d’ouvrir un nouveau front contre le cancer de l’Axe dans le « ventre mou de l’Europe ». Le conflit semblait arriver à un tournant mais le résultat était encore loin d’être certain.
De plus, un fait perturbant était connu des alliés. Les nations belligérantes, d’un côté comme de l’autre, avaient signé le protocole de Genève contre l’utilisation d’armes chimiques. Toutefois, l’Allemagne nazie s’était constitué un grand stock d’armes chimiques puissantes. Si Hitler choisissait d’en faire usage en désespoir de cause, les résultats pouvaient être désastreux. La pensée d’un raid de la Luftwaffe lançant des bombes de gaz neurotoxique au-dessus de Londres était bien présente dans l’esprit des stratèges militaires.
Les puissances alliées fabriquèrent donc elles aussi leurs propres armes chimiques, dans un but dissuasif. Discrètement, elles se mirent également à les transporter sur les champs de bataille… juste au cas où.
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Dans le plus grand secret, le SS John Harvey, un navire cargo transportant des milliers d’armes chimiques, arriva dans le port italien nouvellement capturé de Bari. Situé tout au sud de la péninsule, Bari était devenu le principal centre logistique des alliés dans la campagne italienne.
Toutefois, puisque les forces aériennes de l’Axe étaient considérées comme trop peu nombreuses pour constituer une réelle menace, le port n’était que légèrement défendu contre une attaque aérienne.
Ceci s’avéra être une importante erreur de calcul.
Cependant, le « Petit Pearl Harbor’ fut une immense opportunité. Le ministère de la Défense américain venait de lancer des recherches sur de possibles applications thérapeutiques avec les agents chimiques. Peu de temps après la catastrophe, les Etats-Unis envoyèrent des experts médicaux pour faire des recherches sur les effets du gaz moutarde sur les humains.
Une étude sur les séquelles montra que le gaz moutarde supprimait les lignées de cellules à division rapide, responsables de la production des cellules sanguines. Les chercheurs de l’université de Yale démontrèrent plus tard que les agents chimiques dispersés par le raid de Bari pouvaient également être utilisés pour supprimer les cellules cancéreuses qui se divisent rapidement. Les agents chimiques allaient ouvrir un nouveau front dans une nouvelle guerre : celle visant à combattre le ventre mou du cancer.
Grâce à un bombardement, la révolution de la chimiothérapie était née. Depuis la découverte de Bari, les médicaments chimiothérapeutiques sont devenus le pilier de la lutte contre le cancer.
Si la chimiothérapie n’est plus une nouveauté, c’est encore une technologie à améliorer — même avec l’arrivée des derniers médicaments miracles.
Bon nombre de société biotechnologiques utilisent leurs propres plates-formes technologiques pour lancer de nouvelles thérapies contre le cancer sur le marché. Toutefois, certaines entreprises ont une approche différente. Elles cherchent à acquérir des composants oncologiques négligés et pourtant prometteurs, mis au point par d’autres.
L’avantage de cette méthode est que, le temps qu’une acquisition soit faite, une grande partie du travail en amont sur le composant a déjà été fait. Contrairement à une entreprise biotechnologique qui met au point une nouvelle plate-forme thérapeutique, une entreprise qui utilise des composants existants n’a pas nécessairement à attendre 10 ans ou plus pour faire des bénéfices.
Une acquisition intelligente pouvant être commercialisée rapidement peut commencer à générer des ventes en un rien de temps…
C’est ce qui est en train d’arriver aujourd’hui. Prenons l’exemple du cancer du pancréas.
Ce cancer compte parmi les plus mortels. Même s’il n’est pas le plus répandu, son taux élevé de mortalité en fait le quatrième plus grand tueur. Seuls 6% des malades diagnostiqués d’un cancer du pancréas métastatique survivent à la fameuse période de cinq ans et l’espérance de vie moyenne n’est que de six mois.
Aujourd’hui, le principal médicament pour traiter le cancer pancréatique est la gemcitabine, un agent de chimiothérapie. Mais il s’avère que la gemcitabine — ou les composés qui en contiennent — peut également être efficace sur d’autres cancers.
[NDLR : Pour retrouver les conseils de Ray sur des secteurs et des technologies ultra-prometteurs, c’est par ici…]