Le capitalisme ne profite à personne en particulier et à tout le monde en général. La politique, au contraire, profite à des groupes spécifiques – les élites – au détriment de tous les autres.
Nous avons parlé hier d’un essai remarquable paru dans le Financial Times du week-end. Ruchir Sharma y explique ce qui fait vraiment défaut au capitalisme : l’ampleur du gouvernement.
Comme nous l’avons vu, le « gouvernement » – ainsi que les leaders d’opinion de la presse, les politiciens, les économistes universitaires, les think tanks, le Deep State et Wall Street – ont résolu tous les problèmes qui se sont présentés à nous, de la chute des dominos en Asie du Sud-Est à la pauvreté et à la discrimination de la population de Watts. Mais toutes ces solutions nous ont laissés avec un problème bien plus important : une dette nationale de 35 000 milliards de dollars.
Comment vont-ils résoudre ce problème ? C’est toute l’économie mondiale qui est en jeu… le dollar… la prospérité des Etats-Unis et la tendance primaire.
Voici un bref résumé de ce que nous avons appris hier.
Environ 96% de l’économie américaine était « capitaliste » en 1930. En d’autres termes, les gens s’occupaient de leurs affaires, du mieux qu’ils pouvaient, en proposant des biens et des services les uns aux autres. Ensuite, le gouvernement (y compris les agences étatiques, locales et réglementaires) s’est tellement développé qu’aujourd’hui, seule la moitié de l’économie est encore libre de faire ce qu’elle veut. Le reste est dicté par les budgets et les réglementations de l’Etat.
Comme nous l’avons vu, la quasi-totalité de ces dépenses est gaspillée en bombes, en renflouements et en balivernes. En outre, l’ensemble de l’économie est déformé par un autre bras du gouvernement : la Fed.
Nous avons vu que l’ère de réduction du gouvernement des républicains du Tea Party, tant critiquée, et la « déréglementation » qui a suivi Ronald Reagan n’ont jamais eu lieu. Les dépenses publiques et la réglementation n’ont cessé d’augmenter.
Les dépenses militaires (financement de l’empire), les dépenses intérieures (programmes sociaux) et les aides sociales pour les riches comme pour les pauvres ont toutes augmenté.
Et cela continue. Joe Biden vient de donner 7,7 milliards de dollars aux électeurs qui n’avaient pas payé leur dette étudiante. Donald Trump, quant à lui, offrirait des réductions d’impôts en échange de contributions à sa campagne. The Fiscal Times rapporte :
« Trump séduit les riches donateurs en leur promettant d’énormes réductions d’impôts »
Qui va donc payer pour l’annulation du prêt étudiant de Biden, ou les réductions d’impôts de Trump ?
Les citoyens, bien sûr. C’est ainsi que fonctionne la politique.
Le capitalisme ne profite à personne en particulier… et à tout le monde en général. Dans l’ensemble, les choses s’améliorent grâce à lui. La politique, au contraire, profite à des groupes spécifiques – les élites – au détriment de tous les autres. Dans l’ensemble, les choses se dégradent.
Grosso modo, plus il y a de capitalisme, plus les gens sont libres d’obtenir ce qu’ils veulent de façon honnête. Plus il y a de politique, plus les gens trichent avec le système, concluent des accords avec les politiciens et utilisent le pouvoir du gouvernement pour faire croître leur richesse personnelle.
C’est l’un ou l’autre. Le capitalisme ou la politique. L’idée qu’il existe un équilibre heureux entre les deux est tout simplement absurde.
Les grandes entreprises dotées de lobbyistes et d’employés de bureau pouvaient gérer les réglementations de Washington et profiter de ses nombreux sauvetages, subventions et autres opportunités. Elles ont grandi davantage.
Mais les grandes entreprises représentent la croissance passée. Les petites entreprises représentent l’espoir et l’avenir. Or, avec le poids de l’Etat sur leur dos, les petites entreprises peuvent à peine ramper, et encore moins sprinter.
Le taux de croissance de la productivité a été divisé par deux depuis les années 1960. Au sommet, les grandes entreprises dominent les principales industries. Au bas de l’échelle, on trouve les « zombies », des entreprises, faibles et improductives, qui ne peuvent même pas payer les intérêts de leur dette. Comme le gouvernement lui-même, elles gaspillent des ressources précieuses. Entre les deux, un groupe stagnant d’entreprises de taille moyenne, qui s’efforcent d’innover et de survivre dans un environnement encombré de lois, de réglementations, d’impôts, d’inflation et d’endettement.
Mais attendez… Wall Street s’est enrichi. Les 1% sont devenus plus riches que jamais. Toute cette « financiarisation » et cette « inégalité » ne sont-elles pas la faute du capitalisme ? Non, ce n’est pas le cas.
Une fois de plus, les autorités fédérales sont à blâmer. Sharma explique :
« Les gouvernements et les banques centrales ont été la source de l’afflux de capitaux. En incluant la dette et les actions, la taille des marchés financiers est passée d’un peu plus que l’économie mondiale [PIB mondial] en 1980 à près de quatre fois plus aujourd’hui… La force motrice de la financiarisation galopante du capitalisme a été l’argent facile provenant des gouvernements. »
Oui, c’est l’argent pourri qui a ruiné le contenu du baril.
Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Sharma :
« Leur excès de confiance [des décideurs politiques américains] doit être endigué avant qu’il ne fasse plus de dégâts. Le capitalisme reste le meilleur espoir de progrès pour l’humanité, mais seulement s’il a suffisamment d’espace pour fonctionner. »