▪ Quel endroit gigantesque, chaotique et tentaculaire. Comment est-ce qu’il fonctionne ? São Paulo est énorme… et s’étend dans toutes les directions. La ville compte certaines des personnes les plus riches au monde — avec deux concessionnaires Ferrari et d’innombrables hélicoptères privés –, mais aussi certaines des personnes les plus pauvres du monde.
Les riches vivent dans des communautés surveillées. Les pauvres vivent dans des favelas — des bidonvilles. Quant à la fille d’Ipanema, elle n’est pas dans les rues de São Paulo… ou en tout cas elle ne porte pas de bikini.
C’est tout ce que nous savons sur São Paulo. Nous y sommes arrivé hier matin et avons couru de réunion en réunion depuis.
Alors revenons-en aux marchés et au boom post-« buffet-à-volonté » du QE3.
Attendez… où est-il, ce boom ? Le Dow a chuté cette semaine. Le prix de l’or a reculé. Tous deux ne devraient-ils pas plutôt être en route pour le ciel… la lune… les étoiles ?
Il semblerait que le lancement de la fusée a été retardé. A moins que le marché n’ait déjà été en orbite… qu’il ait déjà pris en compte la dernière escroquerie de la Fed. Ce qui pose une question : qu’est-ce que la Fed peut faire maintenant ? Parler. Et imprimer. Parler. Et imprimer. Il ne reste rien d’autre.
Où mènent tous ces discours et cette impression ?
Eh bien, personne ne le sait avec certitude. Cela devrait mener à l’inflation… voire à l’hyperinflation. Mais c’est ce que nous pensions déjà en 1979. Ensuite, Paul Volcker est arrivé à la Fed ; les discours ont changé et l’impression a cessé.
Inutile d’attendre ce genre d’issue cette fois-ci. M. Romney fait tout son possible pour aider M. Obama à être réélu. Et M. Obama maintiendra M. Bernanke à son poste — pour parler et imprimer.
Et ensuite ?
▪ Transaction de la Décennie, le retour du retour !
Eh bien… vous rappelez-vous notre « Transaction de la Décennie » ? Nous l’avons annoncée en 2010. « Vendez les obligations du Trésor US ; achetez des actions japonaises », avions-nous dit. Les gens se moquent de nous depuis ce jour… parce que les deux côtés de cette transaction sont contre nous.
Mais attendez. On n’est qu’en 2012. Et il s’agit de la Transaction de la Décennie, pas celle de l’année prochaine. Alors qu’on nous lâche un peu. Qu’on nous laisse le bénéfice du doute, au moins. Nous avons le sentiment que les choses pourraient encore tourner à notre avantage.
Le Japon a glissé dans sa crise actuelle en 1990. 22 ans plus tard, il n’en est toujours pas sorti.
… Il accumule les déficits et imprime de l’argent depuis deux décennies pour essayer de stimuler une reprise. Il a pratiquement inventé l’assouplissement quantitatif… qui n’a pas mieux marché pour le Japon que pour les Etats-Unis ou l’Europe.
… Il a désormais la deuxième plus grande pile de dette au monde.
… Et sa population décline — si bien qu’il est impossible d’imaginer que le Japon puisse se sortir de son problème de dettes par la croissance.
Les soucis des Etats-Unis ont commencé en 2000 — 10 ans après le Japon. Mais une gigantesque injection de stimulants monétaires et budgétaires a déclenché une bulle… grâce à laquelle le pays semblait être en plein boom. Ce n’était pas le cas. Il utilisait simplement ses dernières forces de crédit pour gâcher des ressources…
La bulle a éclaté en 2007. Des emplois ont été perdus… l’immobilier s’est effondré… et les autorités essaient de stimuler une reprise depuis — exactement comme le Japon.
A présent, comme chez les Nippons, la population américaine diminue… tandis que le pays accumule encore des déficits de 1 000 milliards de dollars.
Et devinez quoi… après un ralentissement de 22 ans, le Japon semble en route pour une vraie crise. La fin de la vague d’impression-emprunt-dépense pourrait être au coin de la rue. Reuters :
« Le ministre des Finances japonais Jun Azumi a averti vendredi que le gouvernement pourrait se retrouver à court d’argent d’ici la fin novembre, même avec les reports de dépenses adoptés selon un plan d’urgence destiné à contourner le blocage par l’opposition d’une loi sur les obligations déficitaires nécessaire pour continuer bon nombre des dépenses gouvernementales ».
« C’est l’émergence du spectre d’une version japonaise de la ‘falaise fiscale’, avec ses réductions de dépenses préjudiciables à l’économie, tandis que les délais sur la loi obligataire font naître chez les investisseurs des inquiétudes concernant l’impact potentiel sur l’économie et les marchés financiers, bien que ces derniers n’aient jusqu’à présent montré que peu de réactions ».
Notre collègue Justice Litle commente :
« Le destin du Japon est un mystère enveloppé d’une énigme, comme l’aurait dit Churchill, parce que le pays est au bord du désastre depuis si longtemps. Le problème n’est pas le ‘si’ mais le ‘quand’… Le Japon pourrait larguer les amarres dès demain, ou garder sa position précaire, comme un rocher perché au sommet d’une pente abrupte, pendant encore des années ».
« De nombreux traders ont parié des sommes considérables contre les obligations gouvernementales japonaises (JGB) en se basant sur des preuves macro-économiques convaincantes […]. En fait, la thèse de la vente à découvert des JGB a nourri tant de frustration et causé la fin de tant de carrières à Wall Street qu’elle est désormais connue comme ‘le trade faiseur de veuves’. »
Tout de même, il semble que le Japon va couler à un moment ou à un autre. On peut défier la gravité pendant longtemps, tout comme les marchés peuvent rester irrationnels bien plus longtemps que les pessimistes ne peuvent rester solvables… mais « longtemps », ce n’est pas « pour toujours ».
Est-ce que 22 ans n’est pas déjà « longtemps » ?